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La "guerre des Le Pen" vire au conflit sans merci

Redigé par Afp
Le 10 avril 2015 à 08:49

La guerre dans la famille dirigeante de l’extrême droite française a viré jeudi au conflit sans merci, la chef de file du Front national (FN) Marine Le Pen poussant vers la sortie son père Jean-Marie, fondateur du parti, cible d’une "procédure disciplinaire".
"J’ai décidé l’ouverture d’une procédure disciplinaire", a déclaré Marine Le Pen sur la chaîne de télévision TF1, après deux jours d’une violente querelle autour d’une interview accordée par Jean-Marie "Le Pen" à un journal d’extrême droite jugé (...)

La guerre dans la famille dirigeante de l’extrême droite française a viré jeudi au conflit sans merci, la chef de file du Front national (FN) Marine Le Pen poussant vers la sortie son père Jean-Marie, fondateur du parti, cible d’une "procédure disciplinaire".

"J’ai décidé l’ouverture d’une procédure disciplinaire", a déclaré Marine Le Pen sur la chaîne de télévision TF1, après deux jours d’une violente querelle autour d’une interview accordée par Jean-Marie "Le Pen" à un journal d’extrême droite jugé antisémite.

La présidente du FN a demandé à son père, à qui elle a succédé en 2011, de "faire preuve de sagesse, de tirer les conséquences du trouble qu’il a lui-même créé et peut-être arrêter ses responsabilités politiques". Jean-Marie Le Pen est toujours président d’honneur du parti.

Marine Le Pen s’est justifiée en arguant que "personne ne comprendrait qu’il y ait au FN des personnalités qui puissent exprimer une pensée qui soit personnelle et contraire aux statuts" du parti.

Elle a assuré du bout des lèvres qu’elle "(ressentait) du chagrin comme fille, aussi comme militante", face au conflit l’opposant à celui qu’elle n’a appelé que par son nom, "Le Pen", mais l’a relativisé au regard des "souffrances des Français".

Engagée dans une entreprise de "dédiabolisation" du FN, Marine Le Pen avait interdit mercredi son père d’élections en dénonçant son engagement "dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique".

Tribun adepte des provocations, Jean-Marie Le Pen, 86 ans, avait réitéré la semaine passée des propos sur les chambres à gaz "détail" de l’histoire de la Seconde guerre mondiale, qui lui ont déjà valu une condamnation en justice.

Il avait de nouveau fait scandale mardi en prenant notamment la défense du maréchal Philippe Pétain, chef de l’Etat français sous l’Occupation et artisan de la collaboration avec l’Allemagne nazie, dans un entretien fleuve à l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol.

Il avait aussi ciblé l’entourage de sa fille à la direction du FN, évoquant "un lobby arc-en-ciel" de plusieurs cadres homosexuels, et jugé "excessive" la défense du parti face aux accusations d’antisémitisme, de xénophobie ou d’homophobie.

 "Ignoble torchon" -
"Je comprends tout à fait qu’on mette en cause la démocratie, qu’on la combatte", avait-il encore asséné.

Qualifiant l’hebdomadaire Rivarol d’"ignoble torchon", Marine Le Pen a déploré jeudi soir chez son père "le phénomène de la récidive" : "on a le sentiment dans cette interview qu’il y a toutes les provocations qui sont réitérées".

Elle a réaffirmé son refus, exprimé la veille, de le voir représenter le FN en Provence-Alpes-Côte d’Azur (sud-est) aux élections régionales de décembre, dernier grand scrutin en France avant la présidentielle de 2017.

L’un des vice-présidents du parti, Florian Philippot, est allé plus loin en jugeant même "préférable" que Jean-Marie Le Pen démissionne du parti qu’il a co-fondé en 1972. "Toutes les options sont sur la table", a-t-il lâché n’écartant pas l’hypothèse d’une exclusion.

Une telle décision sera "complètement folle", porteuse d’un "risque d’implosion" du FN, lui a répliqué Jean-Marie Le Pen.

En cas d’exclusion, "le prestige que je conserve assez naturellement au sein du FN provoquera des remous considérables et pour elle (Marine, ndlr), une perte d’influence qu’elle ne mesure sans doute pas", a-t-il estimé.

La "procédure disciplinaire" le visant sera tranchée par le bureau politique du parti, dont il est membre comme sa fille.

La rupture assumée par Marine Le Pen avec son père tient à sa volonté de préserver la stratégie de "dédiabolisation" du FN, qui lui a permis d’imposer son parti d’extrême droite au coeur du paysage politique français et d’engranger des succès électoraux depuis deux ans.

Fin mai 2014, certes aidé par une forte abstention des électeurs, le FN était devenu premier parti de France lors des élections européennes avec 24 députés envoyés à Bruxelles dont le père et la fille Le Pen.

La guerre des Le Pen occulte aussi un autre danger pour le Front national : une enquête judiciaire sur ses campagnes électorales s’est accélérée jeudi avec de nouvelles inculpations, notamment pour financement illégal du parti.


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