Les récents événements survenus au Burkina Faso semblent conforter une opposition politique africaine face aux tentatives de séjour prolongé au poste présidentiel de la part de certains dirigeants africains. Une presse proche de cette opposition tombe également dans le piège d’un débat généraliste avec thème essentiel : Jamais toucher à la clause de la Constitution stipulant les mandats limités.

Les médias africains et le long séjour
Le schéma de penser et d’action occidental est présent dans le quotidien des pays en développement. Pour ce qui est de l’alternance démocratique au pouvoir, autant la société civile est unanime pour voir le Président de la République servir ses deux mandats et partir, autant les présidents en fonction montrent-ils qu’ils n’ont eu que le temps d’initier de fortes structures étatiques, qu’ils n’ont pas eu le temps de les dynamiser.
Le non-dit étant que souvent la solidité accompagnée d’esprit d’indépendance de ces structures n’est pas vue d’un bon œil par cet Occident qui tient à voir les Etats africains comme des éternels assistés au niveau de leurs budgets nationaux et donc de toutes leurs structures économiques. La suite on le sait. La télécommande occidentale des régimes de la périphérie, les rapports commerciaux inégaux nord-sud qui s’en suivent, les orientations économiques imposées, … quand on est pauvre, qu’est-ce qu’on ne doit pas accepter de la part de son bailleur de fonds ?
Une petite revue de la semaine montre que la presse rwandaise se réveille maladroitement à cette question de l’après 2017, date où le président Paul Kagame doit rendre son tablier.
Une plume subtile de ‘Umurabyo’ du 25 novembre au 8 décembre 2014 « Après Blaise Compaoré, Kagame dans le collimateur » fait une petite revue de la presse faisant le parcours de toutes les sorties officielles du Président Paul Kagame autour de la question du prolongement de son séjour à la Présidence après 2017, date où il aura terminé ses deux mandats légalisés par la Constitution rwandaise.
Le journal termine son papier sur
« Les observateurs de la scène politique rwandaise avancent que le vrai débat sur la question de mandats limités et sur le successeur de Paul Kagame va bon train dans le chef des membres du FPR, (parti au pouvoir). Même si le Président Kagame s’est toujours exprimé sur les questions dures et qu’il a toujours dit qu’elles ne l’empêchaient pas de dormir, cette question de l’après 2017 est un casse-tête au point qu’il pourra être atteint d’insomnie surtout qu’il subit la pression des superpuissances dont les USA et la GB qui apportent un appui essentiel au développement du Rwanda et à son armée », écrit Umurabyo qui montre que ces puissances tiennent à ce que les dirigeants africains ne changent pas la Constitution.
Un autre bimensuel paraissant à Kigali, Panorama du 29 septembre au 12 octobre 14 montre une autre face de l’opposition politique rwandaise qui se fait un bras long armé. Le journal montre un certain Dr Mupenzi Jean de la Paix emprisonné pour crime de génocide des tutsi qui, après 2012, avec 11 de ses camarades, s’évade de la prison de Kabutare à Huye en Province du Sud pour l’Est de la RDC où il prend le commandement des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) avec le grade de Général de Brigade.

Le Président Paul Kagame serre la main de son alors ministre des Affaires Etrangères qui décide de s’allier avec les FDLR armées contre Kigali
Il entre en coalition avec PRM Abasangizi de l’autre docteur Anastase Gasana, ancien Ministre des affaires étrangères puis Ambassadeur du Rwanda à l’ONU, pour former une structure à double tête politico militaire dite CFCR-Imvejuru. Hier encore, c’était d’autres partis de l’opposition rwandaise (RDI-Rwanda Dream Initiative de l’ancien Premier Ministre Faustin Twagiramungu, du PS-Imberakuri aile Ntaganda) qui faisaient une coalition tactique avec ces mêmes Fdlr armées.
Comparaison n’est pas raison
Le journal Umurabyo se complait à comparer la situation burkinabe de manifestations monstres populaires qui démettent Compaoré à une possible réplique rwandaise pour faire partir Kagame au cas où il voudrait prolonger son séjour de 7 autres années au fauteuil présidentiel. Ce journal pourrait se tromper dans l’appréciation par les citoyens burkinabé et Rwandais des situations, des acteurs politiques mais aussi du niveau de perception des faits et gestes de leurs arènes politiques respectives.
L’auteur de cet article aura-t-il lu Sembène Ousmane dans "Les Bouts de Bois de Dieu" où il montre que les ouvriers du chemin de fer Dakar –Thiès- Bamako… ont participé amplement à la culture pacifique des manifestations pour l’amélioration de leurs conditions de vie et que par ricochet, les politiciens de la région savent que la seule lutte qui soit démocratique est celle du verbe et non du canon, que tôt ou tard, selon la noblesse de ton idéal politique tu dois remporter la victoire ?
Il n’a qu’à scruter la longue marche de l’ancien président Abdoulaye Wade qui remporte le pouvoir avec son ‘Sopi’ (Changement). Le peuple ayant vu que son programme est vide, il ne le vote pas malgré qu’il avait tarabusté la Constitution pour un mandat supplémentaire illégal.
Pourquoi les prétendants et ambitieux politiques rwandais trouvent-ils qu’ils doivent recourir à l’arme pour forcer le départ de l’autre ? Est-ce à cause de son mode de gestion dictatorial de la chose publique ? Non ! Le ver est dans cette opposition qui doit se créer une raison de lutte qu’elle tente de justifier alors qu’elle n’a rien de rationnel.

Tenez ! Toute l’opposition politique rwandaise voit que le FPR et son gouvernement dans lequel il a invité d’autres partenaires consentants, n’ayant pas les mains souillés de sang des Tutsi génocidés en 1994, sont entrain de dynamiser leurs assises. Ils implantent sûrement des structures de gouvernance (décentralisation des entités administratives à la base communautaire, inculquer la culture de l’impôt à la base communautaire, pénétration de la monnaie et compétition économique étendue à tous les citoyens, tentative de renforcement de capacité économique de chaque ménage avec distribution quasi gratuite de la vache, du porc, de la chèvre...).
Et puis avec les programmes "Habitat regroupé" avec "Eau et Electricité Pour Tous" et Equipement en moyens de communication, chaque citoyen a, dans un très proche avenir, tous les moyens pour se lever et entrer dans la compétition économique avec le programme HANGA UMULIMO au point que, la culture de l’impôt et taxe aidant, il pourra être un contribuable sûr pour son appareil de gouvernement.
Ainsi le Rwanda ne tendra plus une main mendiante à l’extérieur pour avoir une aide qui le met dans un engrenage de la mendicité avec tous les divers diktats qui en découlent.
« Les défis économiques actuels et ceux de la modernisation entraînent des tensions politiques. Dans le meilleur des cas, le dialogue politique prévaut à la violence dans l’arène politique rwandaise. Pour cela, il faudra approfondir les apprentissages de la démocratie appropriée et renforcer la capacité d’écoute des uns et des autres intervenants, mais surtout dépasser les clivages ethniques », a indiqué Gasana Ndoba, ancien patron de la Commission Rwandaise des Droits Humains. Ce dernier a dirigé cette Commission au dans les temps particulièrement difficiles du retour de la vie sociale après que la horde des génocidaires sera passée de l’autre côté de la frontière rwando congolaise laissant un pays exsangue en 1994.
Pourquoi le mutisme de la société civile sur la question des mandats ?
UMURABYO et PANORAMA, en tant que membres de la société civile, ont bien fait de lancer, à leur façon, un débat sur la question de l’alternance ou non politique.
Dans une cacophonie d’un discours violent ou d’une promesse de recours à l’arme, je crois qu’il en va ainsi de tous les régimes du monde, on enterre la voie de la compétition démocratique. Les apprentissages de la démocratie demandent qu’on associe la base communautaire, bien assise économiquement, aux valeurs fondamentales de la liberté de parole et d’association.
Et ceci, il n’y a que le FPR qui le tente à sa façon à travers ses programmes d’assistance sociale où les citoyens s’asseoient et décident que tel menage est démuni, qu’il doit avoir la primeur de l’aide (vache, chèvre, tôles...) fournie par le Gouvernement ou par des ONGs.
Or le Rwanda actuel est au niveau de la construction des prémisses pour une culture démocratique durable. Il lance des chantiers, véritables infrastructures socio économiques permettant aux citoyens de comprendre, d’analyser et de porter un choix sûr sur celui qui protégera ou promouvra leurs intérêts de classe.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!