Dakar, 12 fév (APS) - Le développement économique est en mesure d’emmener la Casamance (Sud) à retrouver sa stabilité politique, a estimé le ministre sénégalais de la la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, Benoit Sambou.
"Il faudra activer davantage le levier économique, pour donner beaucoup plus de chances de réussite à l’action politique" en vue du règlement de la crise en Casamance, a dit M. Sambou dans une interview avec l’APS et Le Soleil, à paraître mardi.
"Quand j’étais ministre de l’Agriculture (avril-octobre 2012), j’avais initié la délocalisation de la SODAGRI (Société de développement agricole et industriel du Sénégal), pour l’installer dans le Sud et y créer le développement agricole, en aménageant 250.000 hectares", a-t-il expliqué.
La situation économique en Casamance est telle que cette partie du pays est "la zone où l’on boit le plus de thé", selon Benoit Sambou. "Du matin au soir, les jeunes ne font que ça (boire du thé). Ils sont dans l’oisiveté totale, ils n’ont pas d’activité", a-t-il relevé.
"Je pense que quand on arrive à un certain âge sans qu’on puisse se payer une chemise et des sandales, s’épanouir ou simplement trouver un boulot, on a des chances de se retrouver dans le maquis pour se donner une raison d’exister", a dit M. Sambou, qui est ressortissant de la Casamance.
"Il faut éviter que les jeunes soient dans la précarité et soient tentés d’aller dans le maquis", a-t-il soutenu. "C’est en réalité cela qu’il faut éradiquer."
Benoit Sambou, parlant encore du Sud du pays, est d’avis qu’"on l’a privée d’investissements au motif que c’était une région en crise et qu’il fallait régler le conflit d’abord pour recréer les conditions du développement".
Or, a-t-il soutenu, "ma conviction c’est que, c’est le développement qui va emmener la paix en Casamance".
Il a ajouté : "Quand nous pensons à la Casamance, nous devons penser développement. Il faut penser à des actions massives accompagnées des conditions pouvant faire comprendre aux populations que l’Etat est là et cherche à les servir, qu’elles sont des Sénégalais à part entière et pas des Sénégalais à part".
Selon lui, l’enclavement de la Casamance développent le sentiment d’éloignement par rapport au reste du Sénégal. "C’est une grande difficulté que d’aller dans cette région ou d’en sortir. C’est une grande difficulté pour les opérateurs de sortir les produits [agricoles par exemple] de cette région-là. Quand on est dans cette situation-là, on ne voit pas beaucoup de perspectives."
Pour régler un conflit, a soutenu Benoit Sambou, "il faut connaître [les causes] ou l’environnement sociologique ou socioculturel qui l’entourent".
"Le jour où les Casamançais décideront d’arrêter ce conflit, il [sera fini] parce qu’on se connaît. Ils ne sont pas tous rebelles dans la tête ou dans l’âme", a-t-il ajouté, relevant que "très souvent, malheureusement, ce sont les Casamançais qui font des crocs-en-jambe aux Casamançais".
Pour le ministre de la la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, le "levier économique" doit, entre autres volets, comprendre le désenclavement des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, qui constituent la Casamance.
"Il y a des choses à faire et c’est possible. Mais, cela n’est possible que si les enfants de cette région (la Casamance) sont solidaires les uns avec les autres et partagent un certain nombre de choses", a poursuivi Benoit Sambou.
Il affirme que "la SODAGRI peut créer les conditions d’un véritable développement de la zone Sud-est, de Kédougou à Oussouye, et permettre à cette région d’avoir de nouvelles perspectives" économiques.
La Casamance est le théâtre d’un conflit armé depuis 1982. Les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, rébellion) s’affrontent souvent avec l’Armée sénégalaise.
Le conflit a fait plusieurs morts dans les rangs de l’Armée comme chez les rebelles du MFDC et les populations civiles. Il freine le développement économique de la zone, qui a d’énormes potentialités touristiques et agricoles surtout.
Le gouvernement a mis en place, depuis plusieurs années, l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (ANRAC).
Cette agence a pour vocation, parmi d’autres missions, de doter d’infrastructures de base (écoles, structures de santé, etc.) des localités autrefois abandonnées par les populations à cause du conflit.
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