REGARD PHILOSOPHIQUE SUR LA QUESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DU CHANGEMENT CLIMATIQUE AU RWANDA
Recommandations d’ARPHI lors de la Journée Mondiale de Philosophie, 2016
L’UNESCO institue une Journée Mondiale de Philosophie qu’elle célèbre, depuis 2002, chaque année au mois de novembre. Elle invite chaque pays à se joindre au monde en célébrant cette journée dans les contextes qui sont les siens. Cette journée regroupe les professeurs de philosophie, les étudiants en philosophie et les amis de la philosophie.
Au Rwanda, elle est organisée depuis 2009 par l’Association Rwandaise pour la Philosophie (ARPHI), une association fondée par les professeurs de philosophie au Rwanda et qui inclut tous les amis de la philosophie. Elle est organisée en collaboration et avec l’appui institutionnel et financier de la Commission Nationale Rwandaise pour l’UNESCO (CNRU) ; elle l’organise selon le principe de rotation dans les institutions d’enseignement supérieur au Rwanda et sur un thème jugé d’actualité mondiale et nationale (Rwanda).
Cette année 2016, la journée a été organisée et célébrée le 13 novembre, à l’Institut de Catholique de Kabgayi (ICK), sur le thème « REGARD PHILOSOPHIQUE SUR LA QUESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DU CHANGEMENT CLIMATIQUE AU RWANDA », avec des sous thèmes suivants :
1) « Approche cosmologique de la question de l’environnement : De la poésie du monde à la dispersion de la matière », par Dr Isaïe Nzeyimana ;
2) « Les effets du changement climatique et les mesures de protection de l’environnement au Rwanda », par Djuma Nsanzimana ;
3) « Une approche éthique de la question de l’environnement », par Abbé Dr Fabien Hagenimana ;
4) Une approche philosophico-théologique de l’environnement, par Abbé Prof Dr Faustin Nyombayire ;
5) "Le sacré dans la nature et respect de l’environnement par nos ancêtres ». par Lt Col Gérard Nyirimanzi.
Suite à leurs présentations et débats en séances plénières, l’Association Rwandaise pour la Philosophie (ARPHI) souligne les points suivants, en termes des recommandations.
1. Considérer le Cosmos comme « la maison commune »
La problématique de l’Environnement se trouve déjà dans la définition de ce concept « ce qui entoure l’homme », HOMME pris comme le centre, la mesure, le propriétaire des autres êtres organiques et inorganiques. Elle inclut en ses paradigmes la question fondamentale de rapport entre HOMME-NATURE. Sont-ils en rapport d’Harmonie, de Domination, de Transformation ou de Confirmation (laisser la nature à sa place) ? L’homme est-il le centre ou est-il dans l’écosystème du cosmos ?
Chacun de ces rapports implique aussi des enjeux scientifiques/technologiques, culturels, économiques, politiques, idéologiques, comportementaux et de consommation. En ce sens, les premiers efforts consistent à penser et à inscrire l’homme non sur la hiérarchie des êtres, mais sur le cercle tous les êtres.
1. Affirmer la parenté MICROSME-BIOCOSME-ANTHROPOSME
De cette question (N° 1) découle celle de l’unité MATIERE-ESPRIT, parfois affirmée, parfois niée. A ce niveau, la question de l’environnement serait-il celui d’isoler les êtres pour ensuite pouvoir renier la parenté « ISAN0 », la continuité entre matière et esprit, spécifiquement entre le minéral-végétal-organique-psychologique ?
Les sciences et les technologies modernes isolent les êtres de leur totalité, puis les réduit à n’être que des étendues géométriques, dont les propriétés sont la divisibilité, la figurabilité et la mobilité. Dans ce cas, les particules élémentaires obtenues et fixées ne sont plus des êtres réels, mais des supports conceptuels de relations quantitatives ; elles ne sont pas des substances matérielles (proportion de la matière), mais des nœuds d’énergie et des systèmes des relations des énergies. A ce niveau, on peut parler plutôt de l’évanouissement de l’individualité substantielle.
Peu à peu, l’esprit apprend qu’il est possible d’atteindre le noyau atomique ou cellulaire. Mais ce qui est visé au fond de la divisibilité de la matière n’est plus la substance, mais des nœuds d’énergie que toutes les technologies peuvent libérer, récupérer les unes (dont le scientifique a besoin) et disperser les autres, sans aucune prévisibilité de leurs trajectoires possibles.
A ce niveau, le problème de l’environnement est, en définitive, dans la divisibilité infinie de la matière et de la libération des énergies imprévisibles. Il est celle de la réduction de la substance (proportion matérielle) à l’énergie.
2. Renouer l’unité Cosmologie philosophique-Cosmologie scientifique-Cosmologie religieuse
Loin de l’isolement des êtres, l’environnement ne peut être correctement pensé que s’il est inclus dans un concept encore plus englobant : « LE COSMOS » et que si la cosmologie est à nouveau définie comme « le Discours de la maison ».
C’est alors à l’époque où l’unité Cosmologie philosophique-Cosmologie scientifique-Cosmologie religieuse est encore affirmée. Pensé en sa totalité, le cosmos est la mère commune, tous les êtres constituent une même famille, tandis que le seul mode d’être pour l’homme est l’expression de son sentiment de participation, de sympathie et de communion avec la nature. Le type de savant est encyclopédiste. Il n’a réuni l’univers qu’en un seul principe qui traverse tous les niveaux d’être : physique organique-biologique, psychologique- mystique.
3. Education à la Science Globale de la Nature
Et si le problème de l’environnement est dans une rupture progressive entre la cosmologie philosophique et la cosmologie scientifique, entre sagesse métaphysique-sagesse scientifique-sagesse mystique, il est aussi celui de l’émiettement des sciences, là où plutôt que la totalité, chacune poursuit un aspect isolé ?
Dans la cosmologie philosophique, la multiplicité est rapportée à l’unité, à l’ordre, à la régularité du cosmos, à l’harmonie et symétrie (parties formant un tout où aucune ne remporte sur une autre), à l’univers comme totalité, aux lois générales de la nature, à la causalité transcendante et à la Beauté de l’univers.
Ces propriétés la nature qui sont en même temps des catégories de penser la nature assurent l’équilibre de la raison. Tandis que l’activité principale pour l’homme est la contemplation des choses à leurs places, ce qui donne sens à l’existence.
Tandis que dans la cosmologie moderne, la dispersion du multivers, les lois particulières des particules aussi élémentaires, le hasard à la limite de l’absurdité déséquilibrent la raison et plonge l’homme dans l’angoisse existentielle, d’une origine incertaine et d’un futur aussi incertain, mais terriblement annoncé.
Dans un univers où la Beauté de la nature cède à l’utilité, où l’éducation à l’admiration de la nature et à la causalité transcendante cède à l’éducation à la transformation et au déplacement incessant des choses, là où la responsabilité du monde est confiée moins aux philosophes qui pensent la totalité, l’unité, la parenté des êtres, plus aux utilisateurs des sciences pour la manipulation des êtres jusqu’à détruire leurs intimités ou naturalités qui peuvent être substantialité, animalité, émotivité, point de Nature, tout est plutôt artéfact.
Déplacement des choses, déplacement des vivants…, la solution expérimentale consiste à financer et à créer des « ZOOS ». Un lion, un léopard, un félin, retranché de son environnement naturel et bercé dans un « ZOO » n’a-t-il pas perdu son patrimoine génétique biologique et psychologique, n’a-t-il pas perdu son animalité ?
L’appel à l’action est double, théorique et pratique. Elle est théorique pour les planificateurs de l’éducation. L’appel est celui de former les générations à la Science Globale de la Nature, démontrer et convaincre de la parenté entre les êtres. Il est aussi celui de privilégier les approches plus englobant : cosmologique, philosophique, théologique, religieuse et anthropologique de la question de l’environnement.
Elle est pratique pour les planificateurs des politiques de consommation et de transformation. L’appel est de revenir à la vertu de la sobriété dans la consommation et renoncer aux déplacements et manipulations incessants des choses de la nature.
4. Affirmer les conséquences immédiates au Rwanda
Les conséquences de la dégradation de l’environnement sont remarquablement criantes au Rwanda. On y déplore notamment l’irrégularité des saisons sèches et pluvieuses, les pluies torrentielles ou la sécheresse, la hausse de la température et bien d’autres. Ces conséquences sont une menace pour la sécurité alimentaire, ce qui peut aggraver la pauvreté au sein de la population Rwandaise.
Le changement climatique constitue l’un des défis majeurs que connaître le monde en général et le Rwanda en particulier. La continuité de la société et la durabilité de notre planète ne seront assurées que si nous parvenons, collectivement et individuellement, à résoudre les multiples difficultés et défis majeurs résultant de la dégradation de l’environnement et les changements climatiques dus a différentes activités visant le développement du pays.
«
La solution de la politique économique consiste à balancer l’économie agricole et l’économie tertiaire. En attendant, que faire d’un pourcentage important des populations actuelles qui vivent encore de l’agriculture ? L’économie tertiaire n’est pas encore une certitude et ne peut être envisagée qu’à long terme. Il faut alors des bonnes solutions environnementales de faire vivre les populations qui dépanadent encore, en bien et en mal, des imprévisions, parfois bonnes, parfois catastrophiques, des populations locales.
»
5. Appel à l’anthropologie rwandaise « la nature pour elle-même »
L’Harmonie Homme-Nature était, non seulement affirmée, mais vécue et enseignée aux enfants dès le bas âge. Les Rwandais avaient conclu avec certains animaux des pactes de totems. Certains terrains champêtres, certaines forêts ou bosquets étaient des propriétés des ancêtres ou des esprits.
Certains animaux, certains arbres et endroits étaient sacrés, car ils servent par exemple de lieu de culte pour les ancêtres ou Dieu, ou parce qu’ils rappelaient un événement historique à commémorer.
Cette harmonie entre le Rwandais traditionnel et la Nature s’explique par l’interdépendance qu’il trouve entre lui-même et le cosmos, sans laquelle il ne peut pas vivre pleinement.
Bien que le respect de l’environnement soit ancré dans la culture Rwandaise des aïeux, il ne résiste pas aux menaces de la vie au quotidien. L’appel à la culture anthropologique est d’autant plus saisissant qu’il s’adresse moins à la rationalité abstractive, plus à l’environnement comme croyance. Il consiste à apprendre aux générations le respect de l’environnement par des moyens endogènes tirés des proverbes et des interdits utilisés par les ancêtres pour protéger les vivants.
6. Refuser que la nature soit le lieu de concurrence, mais de solidarité
Based on UN Framework convention on Climate Change held in Rio de Janeiro in 1992 which raised the issue of global warming and climate change as a concern for the whole globe, and decided fight global warming by reducing greenhouse gas concentrations in the atmosphere to a level that would prevent dangerous anthropogenic interference with the climate system ;
Considering Kyoto Protocol of 1998 which included commitments for green gas reduction through different mechanisms including industry replacement and offsets acquisition, a new market known as carbon market has come up. It consists on buying and selling rights to pollute. Heavy atmosphere polluters pay money or invest in green development in order to acquire carbon offsets understood as right to pollute.
This new business is a way of contributing to carbon neutrality. However, it raises ethical concerns. Indeed the business mindset does not promote the moral commitment to protect the environment. Instead, speculations on pricing and calculation of carbon footprints and offsets have become a challenge to ethical motivations of the people involved in the efforts to mitigate the problem of climate change and global warming.
There is a big need to find an ethical way of committing to environment protection and mitigating the problem of global warming and climate change without basing on cash but on the responsibility to preserve and protect the environment.
7. Refuser que la question de « l’économie de l’environnement » se transforme en « business de l’environnement » entre les nations riches et les nations pauvres
L’appel s’adresse aux Nations riches et pauvres. Indéniablement, le problème de l’environnement est associé aux philosophies de « l’homme maître et possesseur de l’univers », à celui des sciences pour la transformation de la nature, à celui des industries et de la consommation grandiose des produits toujours plus raffinés. Inversement les peuples qui ont gardé la constance dans leurs « philosophies de l’harmonie avec la nature », avec des industries artisanales, des logiques naturelles de consommation ne possèdent pas la nature, mais vivent avec elle.
Lorsque les Assises sur l’environnement établissent des responsabilités, elles partagent aussi les indemnités en termes des Fonds de compensations, avec un appel double et asymétrique.
1° Indemniser les Nations pauvres parce que leur responsabilité dans la pollution est aussi inférieure ;
2° Suggérer aux Nations pauvres la non exploitation de leur nature, sous réserve que cette même nature continue à être exploitée par les nations riches. La problématique est complexe : les nations pauvres échangent leurs environnements contre des indemnités ; ils consomment des produits raffinés des industries des Nations riches, dont les matières brutes proviennent encore de l’environnement des mêmes nations pauvres ; les Nations pauvres consomment ces produits raffinés au moyen des prix supérieurs aux indemnités.
La question de la pollution n’est pas pour autant résolue, puisque les particules « élémentaires libérés n’ont pas des frontières, ni dans le temps, ni dans les lieux. Au fond, si la question de l’environnement dépasse le domaine du business et qu’elle est plutôt le de l’ordre culturel, ce qui est perdu, de plus significatif dans cette échange asymétrique, c’est une appropriation culturelle de la protection de l’environnement.
L’impératif catégorique « Protège la nature pour elle-même, parce que c’est la nature » devient plutôt l’impératif conditionnelle utilitaire de
« Protège la nature pour recevoir des indemnités des échanges inégales et inversement, pour les pays riches, « Exploiter la nature pour payer les indemnités ».
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