Karirima A. Ngarambe de IGIHE - Belgique interviewe Alain Destexhe , Politicien Belge et ami du Rwanda à la veille des élections législatives fédérales belges qui vont se dérouler ce dimanche 25 mai 2014

Monsieur Alain Destexhe, depuis longtemps vous avez combattu pour que la vérité du génocide des Tutsi au Rwanda soit connue au monde, quelle était votre motivation ? Et quelle raison ?

Alain Destexhe dans l’arrière fond interragit avec le Président d’IBUKA-Belgique et Aloys Kabanda

Je suis venu pour la première fois au Rwanda 3 semaines avant le génocide des Tutsis comme Secrétaire général de Médecins Sans Frontières. Quand le génocide a commencé, j’étais donc très sensibilisé. J’ai été un des premiers à qualifier les massacres de Tutsis de génocide. En 1994, j’ai aussi écrit un livre pour expliquer que le génocide des Tutsis était un des trois génocides incontestables du 21e siècle. J’ai démissionné de Médecins Sans Frontières parce que je n’étais plus en accord avec l’approche humanitaire, notamment avec ce qui se passait à Goma où l’aide internationale pour le Rwanda nourrissait les génocidaires. Je me suis lancé en politique.

Pendant 2 ans, j’ai travaillé 80 % de mon temps sur le Rwanda pour essayer de faire connaître la vérité. Après un long combat politique, j’ai obtenu une commission d’enquête du Sénat belge qui a clairement déterminé certaines responsabilités et défaillances de la Belgique, de la France et de l’ONU.

Par la suite, avec les familles de victimes, nous avons combattu pour que des procès se tiennent en Belgique contre des génocidaires présents sur le territoire belge.

Destexhe en conversation avec Robert Masozera, ambassadeur du Rwanda en Belgique

Enfin je me suis aussi battu pour la mémoire et la reconnaissance du génocide des Tutsis pendant 20 ans. Le 7 avril, je suis chaque année aux côtés de mes amis rwandais lors de la marche du souvenir et à la veillée. Sauf cette année où j’étais invité - à titre personnel - aux 20e Commémorations du génocide de Tutsi par le Gouvernement rwandais à titre de reconnaissance pour ce que j’avais fait. J’en ai été fier et heureux.

Il y a 2 mois, j’ai fait voter au parlement, à l’unanimité, une résolution pour lutter contre le négationnisme, qui est toujours trop présent, et pour enseigner le génocide dans les écoles belges et développer les relations entre la Belgique et le Rwanda.

Vous êtes très proche de la communauté rwandaise de Belgique, avant-hier vous avez eu une rencontre avec elle, c’était pour faire la campagne électorale ?

Il y a 2 jours, plus d’une centaine de Belgo-Rwandais m’ont fait l’amitié d’être présent à une réunion à la « Boule bleue », un établissement belgo-rwandais bien connu à Ixelles. Il y avait une super ambiance et j’ai été ému par les mots aimables et agréables que j’y ai entendus. Cela me fait toujours chaud au cœur de me retrouver parmi mes amis rwandais.

Pour moi, c’est très important de faire un bon résultat le 25 mai, je suis 9e sur la liste numéro 1 du MR à la Région de Bruxelles. Si je suis élu, et si je fais un bon score, je serais plus fort pour défendre mes idées sur le Rwanda. Je m’engage à poursuivre le combat contre le négationnisme, pour la mémoire et pour la justice. Et je veux aussi développer les relations entre la Belgique et le Rwanda, par amitié, mais aussi parce que le Rwanda est un modèle de bonne gouvernance en Afrique.