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Le psychiatre rwandais Naasson Munyandamutsa est décédé.

Redigé par IGIHE
Le 6 mars 2016 à 03:28

La voix du docteur Naasson Munyandamutsa s’est tue mardi 2 mars. Né à la fin des années 1950 dans un village de la province de Kibuye, au Rwanda, l’homme, qui était marié et père de quatre enfants, était une oreille attentive, un cerveau exigeant qui avait su prendre le temps d’écouter les traumatismes, aussi innombrables qu’abyssaux, de ses concitoyens après le génocide des Tutsis et des Hutus modérés de 1994 au cours duquel, en trois mois, 800 000 personnes avaient été tuées. « Le tout est de faire (...)

La voix du docteur Naasson Munyandamutsa s’est tue mardi 2 mars. Né à la fin des années 1950 dans un village de la province de Kibuye, au Rwanda, l’homme, qui était marié et père de quatre enfants, était une oreille attentive, un cerveau exigeant qui avait su prendre le temps d’écouter les traumatismes, aussi innombrables qu’abyssaux, de ses concitoyens après le génocide des Tutsis et des Hutus modérés de 1994 au cours duquel, en trois mois, 800 000 personnes avaient été tuées.
« Le tout est de faire quelque chose »

« Rien ne peut suffire face à une abomination de cette taille, expliquait-il. Le tout est de faire quelque chose. » Diplômé de médecine générale en 1986 à l’Université de Butare, au sud du pays, Naasson Munyandamutsa avait effectué sa spécialisation en psychiatrie à Genève, bien avant le génocide, loin de se douter alors des incidences d’un tel choix.

« Je m’intéressais déjà à la relation à l’autre, à cet espace d’interaction entre les gens, entre communautés, entre l’homme et le monde », avait-il confié en 2014 à RFI.

Il se trouve toujours en Suisse lors du déclenchement du génocide, cet « innommable », en avril 1994. Sur place, sa famille est décimée, à l’exception de l’un de ses frères qui a fui au Burundi. Lui rentrera dans son pays progressivement d’abord, sans intention de s’y établir, avant de franchir le pas en 2001. D’emblée, il est frappé de découvrir « des sentiers fermés, des villages inhabités ».

Dans son village de Ndera, à une quinzaine de kilomètres de Kigali, il découvre que dans l’hôpital où il avait travaillé autrefois « tout le monde était mort. J’ai remarqué des impacts de balle partout, sur les murs et les plafonds… Mais sur les murs, pas jusqu’à une hauteur d’environ un mètre. J’ai appris par la suite que des tas de cadavres avaient protégé les murs », disait-il encore, en 2000, au quotidien suisse Le Temps.

Avec africatime.com


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