Accepteriez-vous de ne plus voir votre salaire augmenté en fonction de votre ancienneté mais plutôt en fonction de la productivité et des compétences ? C’est en tout cas l’intention de l’Open VLD qui veut déposer un texte de loi allant dans ce sens, à la rentrée. Une proposition qui vise à diminuer le poids de l’ancienneté dans la constitution du salaire.

Pour Esteban Martinez, professeur à l’ULB, sociologue du travail, ce qui est rémunéré, ce n’est pas vraiment l’âge. "C’est interdit de rémunérer en fonction de l’âge car cela a été considéré par le législateur comme discriminatoire. Ce n’est pas non plus l’ancienneté en tant que telle, mais l’ancienneté en tant qu’indicateur de l’expérience acquise. Et de nombreuses études montrent que la productivité augmente avec l’augmentation de l’expérience".

Car le temps permet surtout aux travailleurs d’améliorer leur expérience, leurs compétences et leurs réseaux. Le sociologue ajoute également que "cela leur permet de trouver, dans l’organisation, la place où ils sont les plus efficaces. Il est normal de rémunérer l’expérience et la Belgique n’est pas une exception en la matière".

Certaines sociétés proposent déjà des primes à leurs employés, en fonction de leur productivité notamment, c’est le cas par exemple pour de nombreux vendeurs ou commerciaux. "On peut voir évoluer des salaires en fonction de l’ancienneté et en plus bénéficier de primes en fonction de la performance. Dans le secteur privé, ce qui est établi ce sont des salaires minimums définis au niveau sectoriel. Et l’employeur peut proposer des primes".

Un incitatif pour l’embauche des personnes plus âgées ?

Un des aspects de l’idée de l’Open VLD serait, pour les personnes qui sont plus âgées sur le marché de l’emploi, qui sont au chômage, de faciliter leur embauche, embauche souvent freinée par les coûts salariaux. Un aspect de la proposition sur lequel Esteban Martinez se montre circonspect : "On ne peut brader l’emploi des plus âgés. D’autant que les travailleurs vieillissants sont tenus de poursuivre leur carrière professionnelle. Est-ce que la solution consiste à brader ces emplois ? Je pense que non.

Il faudrait plutôt un incitant pour que les travailleurs recherchent encore un emploi lorsqu’ils sont âgés. Et la prise en compte de l’ancienneté est un incitant pour le travailleur. De la même façon que l’on prend en compte un diplôme. Il serait contradictoire de soutenir l’idée qu’il faut soutenir les travailleurs tout au long de la vie et après ne pas reconnaître la formation et l’expérience acquise".

Dans beaucoup de cas, l’ancienneté n’est pas cependant reconnue lorsque l’on change d’emploi. Car l’ancienneté est une notion très souple et les employeurs l’utilisent un peu à la carte. Ce qui pour le professeur de l’ULB n’est pas un hasard car les entreprises elles-même n’investissent pas beaucoup dans la formation des travailleurs plus âgés.