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Les écrivains et le flambeau de la lutte contre le négationnisme du génocide

Redigé par Propos recueillis par Karirima A.Ngarambe
Le 15 avril 2016 à 04:36

« Faire face au négationnisme » est un Ouvrage collectif sur le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 écrit sous la direction de Josias Semujanga & Jean-Luc Galaber.
Le monde intellectuel est généralement désintéressé de la connotation politique qui se tisse autour de ce génocide où revanchards et récidivistes peuvent revenir en force surtout que l’Afrique des Grands-Lacs et ses prolongements de certains milieux belges et français développent une malheureuse idéologie relativisante selon laquelle « (...)

« Faire face au négationnisme » est un Ouvrage collectif sur le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 écrit sous la direction de Josias Semujanga & Jean-Luc Galaber.

Le monde intellectuel est généralement désintéressé de la connotation politique qui se tisse autour de ce génocide où revanchards et récidivistes peuvent revenir en force surtout que l’Afrique des Grands-Lacs et ses prolongements de certains milieux belges et français développent une malheureuse idéologie relativisante selon laquelle « les Batutsi ont été massacrés autant que les Bahutu ».

Ou encore, “si les Tutsi sont morts génocidés c’est à cause de leur arrogance… »

Le devoir de tout intellectuel est de lutter contre ces idéologies qui empuantissent la société rwandaise et l’empêchent de développer les outils du travail producteur de richesses sociales qui épanouissent le citoyen rwandais. L’intello lui offre des outils d’affranchissent de ces chaînes spirituelles négativisantes qui lui sont instillées à longueur d’année.

La lutte contre le négationnisme et révisionnisme du génocide des Tutsi rwandais de 1994 doit être une lutte de longue haleine. Malheureusement toutes les dimensions de ce génocide ne sont pas combattues en même temps.

La dimension politique et idéologie oui. Mais a-t-on remarqué que le côté pécuniaire du survivant du génocide tutsi est extrêmement lamentable, que les séquelles lui léguées par ce génocide (blessures traumatiques, maladies incurables liées aux viols collectifs de femmes….) sont insurmontables, qu’elles emportent ces pauvres survivants à longueur d’année ?

Paradoxe : Les familles voisines sont rutilantes de santé. Elles peuvent vaquer d’arrache-pied et avec grande ardeur au travail et en conséquence, participer on ne peut mieux à la création des richesses sociales et à l’amélioration sensible de leurs conditions de vie.

A ces survivants dont la santé est bancale à cause des stigmates de ce dernier génocide du siècle dernier, le monde intellectuel compatissant ne peut que rappeler avec sa plume le drame qu’ils vivent. Par là il interpellerait les pouvoirs publics à comprendre qu’il devient impérieux de réhabiliter leurs droits foulés au pied par l’Etat rwandais dont la continuité n’est pas à démontrer.

Interview avec Dr Josia Semujanga, co auteur de « Faire face au négationnisme ».

IGIHE : Comment est née l’Idée du livre ?

Josias Semujanga  : L’idée du livre sur le négationnisme est née dès que j’ai commencé à écrire sur le génocide, en 1998 (Les récits fondateurs du drame rwandais). En effet, l’analyse des discours de la haine ayant conduit au génocide a montré que la négation est contenue dans le projet génocidaire.

Entre-temps, j’ai travaillé sur d’autres projets, comme les rapports entre l’art et le génocide - la poésie, la musique, la littérature, la peinture - pour m’interroger sur la fonction didactique de l’art pour penser la mémoire collective pos-génocide (La littérature sujet de fiction, 2008).

Dr Josia Semujanga, co auteur de « Faire face au négationnisme »

Des discours négationnistes devenant de plus en plus nombreux au début des années 2000, de nombreux chercheurs ont commencé à écrire sur le sujet (C. Coquio, Jean Damascène Bizimana, et bien d’autres), j’ai organisé un colloque international sur le sujet, en mai 2008, à l’Université Laval (Canada) pour regrouper les différents chercheurs de domaines variés - historiens, littéraires, juristes, psychologues, linguistes, etc.) ; mais les circonstances variées ne m’avaient pas permis de publier les actes du colloque.

À l’automne dernier, Jean-Luc Galabert, codirecteur de notre ouvrage m’a contacté pour un projet semblable au mien ; nous avons alors mis le projet en route : il a contacté des auteurs disposés à écrire des articles sur le sujet, et de mon côté, j’ai relancé les auteurs qui m’avaient confié leur texte.

Nous nous sommes répartis la tâche, moi en introduisant le sujet par un article qui situe la problématique du négationnisme dans l’histoire des idées depuis les années 1980, et en analysant les aspects particuliers de l’Itsembabwoko ; et Jean-Luc Galabart, en écrivant une synthèse des débats du livre dans la conclusion.

Pourquoi un ouvrage collectif ?

Josias Semujanga : Un ouvrage collectif, comme le nôtre, vise à réunir plusieurs spécialistes sur un sujet, une problématique qui touche à de nombreuses disciplines afin de mieux approfondir le sujet ; ce qu’est un seul auteur ne saurait faire de façon pertinente.

Jean-Luc Galabert, co auteur

Jean-Luc Galabert et moi avons fait appel aux éminents spécialistes du négationnisme du dernier génocide du XXe siècle. Car le croisement des analyses singulières éclaire les différentes facettes du négationnisme du génocide des Tutsi : sa genèse, ses procédés, ses motivations, ses médias de diffusion, ses conséquences, ses acteurs et ses relais.

Quelle est la nouveauté de ce livre ?

Josias Semujanga : Ce livre est unique en son genre : outre son objectif pédagogique affirmé, comme un antidote au poison du négationnisme, l’ouvrage diffère du livre de C. Coquio, L’histoire trouée, négation et témoignage (2004), seul ouvrage collectif de synthèse existant sur le sujet jusqu’à maintenant ; tout d’abord, par les domaines couverts - histoire, littérature, argumentation, droit, histoires des idées, science politique, etc. - et par le fait que ces articles se consacrent sur le négationnisme du génocide des Tutsi.

Pour cela, c’est un outil indispensable à tous ceux qui veulent préserver l’espace public des vilenies de la haine pour une mémoire collective réconciliée.

Dr Jean Mukimbiri

Où peut-on trouver votre livre ?

Josias Semujanga : Le livre sort officiellement le 23 mars ; le premier lancement se fera au Colloque Ibuka à Bruxelles, le 23 mars et sera présenté par Jean-Luc Galabert et Jean Mukimbiri. D’autres lancements sont prévus, l’un à Kigali et un autre à Montréal, le 24 mai, au Centre de documentation de Page-Rwanda.

Pour le livre : http://izuba.info/negationnisme/tab... et pour information : [email protected]
Au Rwanda : Librairie Ikirezi et au Canada : Centre de documentation de Page-Rwanda

Pour la traduction en anglais, nous y pensons, mais nous n’avons pas encore de subventions pour le travail. Une étape à la fois.


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