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Les ex-Lejaby à court de cash : les vrais problèmes de financement des entreprises françaises

Redigé par Atlantico
Le 5 mars 2014 à 10:05

"Les Atelières", cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) composée d’ex-ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby, annonçait ce lundi devoir fermer son atelier faute de financement. La société qui présentait un carnet de commande rempli à hauteur de 15.000 pièces demandera sa liquidation vendredi devant le tribunal de commerce de Lyon. Un fait qui rappelle les problèmes de financement auxquelles sont confrontées les entreprises françaises. "Les Atelières", ex-Lejaby, font face à un défait de (...)

"Les Atelières", cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) composée d’ex-ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby, annonçait ce lundi devoir fermer son atelier faute de financement. La société qui présentait un carnet de commande rempli à hauteur de 15.000 pièces demandera sa liquidation vendredi devant le tribunal de commerce de Lyon. Un fait qui rappelle les problèmes de financement auxquelles sont confrontées les entreprises françaises.

"Les Atelières", ex-Lejaby, font face à un défait de paiement "Les Atleières", ex-Lejaby, font face à un défait de paiement Crédit REUTERS/Robert Pratta

Les Atelières, la société coopérative co-fondée par des anciennes ouvrières de Lejaby, a déposé une demande de liquidation judiciaire. En cause, leur incapacité à faire financer leur projet de recapitalisation. Au-delà des grandes déclarations d’intention du gouvernement et de son ministre du redressement productif, quels sont aujourd’hui les modes de financement auxquels les entreprises ont effectivement accès ?

Bernard Marois (1)  : Les prêts bancaires aux entreprises françaises stagnent depuis 2011, les chiffres sont clairs là-dessus, il n’y a pratiquement pas de croissance de ces prêts bancaires aux entreprises. Pourquoi ?

La première raison, c’est parce que les banques sont sous pression du point de vue des autorités réglementaires, pour améliorer leur ratio capitaux propres-dette, c’est-à-dire pour augmenter en quelques sortes leurs solvabilités.

Comme il est très difficile de faire des augmentations de capital actuellement, les banques ont donc choisi l’autre solution qui est celle de diminuer, dans la mesure du possible, le montant de leurs passifs.

Ce qui veut dire qu’elles octroient moins de crédits aux entreprises. Hors, nous sommes dans un système qui est celui d’à peu près tous les pays d’Europe continentale, où les banques financent environ 70% des besoins des entreprises, les 30% restant venant des marchés financiers.

Aux États-Unis c’est l’inverse, 70% des besoins des entreprises sont couverts par les marchés financiers et 30% par les banques. Il est clair que notre système européen va progressivement s’orienter vers les pratiques des Anglo-Saxons. Le rôle et les possibilités des banques pour financer l’économie seront amenées à diminuer.

Alors comment les remplacer ?

Il existe, essentiellement sur les marchés, des solutions nouvelles qui sont les placements privés en euros. Des placements sont ainsi proposés à des investisseurs et ils permettent de financer soit une entreprise, soit un certain nombre d’entreprises.

Ces placements peuvent prendre deux formes : des prêts bancaires attribués ensuite à des entreprises, ou des émissions obligataires dont bénéficieront les entreprises. C’est cependant un marché relativement nouveau pour lequel l’on note peu de pratique en France.

Le montant des émissions pour les placements privés en euros, à par exemple atteint en France en 2013 les 4 milliards d’euros. Aux États-Unis, c’est un marché qui fait 50 milliards d’euros, nous en sommes très loin.

Il faut donc que cette pratique se développe. Il faut notamment trouver des investisseurs intéressés par ces placements ainsi que des organismes de notation susceptibles d’être reconnus comme compétents pour apprécier les risques.

Ensuite il faut pouvoir réunir les entreprises qui ont besoin de fonds avec les investisseurs prêts à prendre des risques sur ces entreprises, moyennant des taux d’intérêt appropriés, intégrant ainsi la prime de risque pour ce type d’opérations.

Donc il y ’a grosso modo deux marchés, l’un bancaire, l’autre financier, et un troisième marché extrêmement petit qui est le financement par l’État.

(1)Bernard Marois est Docteur en Sciences de Gestion et Président du Club Finance HEC, qui réunit plus de 300 professionnels de la finance. Il est aussi consultant auprès de grandes banques et d’organismes internationaux.

Il travaille aussi dans le domaine du « private equity » à travers un fonds d’amorçage dédié aux « start-ups ».

Il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages dont Les meilleurs pratiques de l’entreprise et de la finance durables, à l’automne 2010.


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