Tandis que les discours s’annoncent grandiloquents, les actes, eux, peinent encore à suivre. Sous l’effet conjugué des lobbies énergétiques, des calculs électoraux et des fractures Nord-Sud, le rendez-vous s’annonce comme une nouvelle épreuve de vérité pour la gouvernance climatique mondiale.
A la veille de la conférence, l’Union européenne, soucieuse de préserver son rôle de pionnière environnementale, a trouvé un fragile compromis autour d’une nouvelle version de sa « loi climat », fixant des jalons à l’horizon 2035 et 2040.
Dans le même temps, Bruxelles débat d’une révision de la directive sur la taxation de l’énergie et d’un acte dit « Omnibus », dont l’esprit dérégulateur inquiète les défenseurs de la transition verte. Ces débats internes révèlent une tension croissante entre ambition climatique et impératifs économiques : l’Europe, longtemps présentée comme le phare de la vertu écologique, semble désormais tentée par les ombres du pragmatisme. Peut-elle encore prétendre au leadership mondial, alors même qu’elle réajuste ses objectifs à la baisse ?
Mais au-delà des querelles de chiffres et de calendriers, un basculement plus profond se joue à Belém : l’affirmation, lente mais irréversible, d’un Sud global conscient de son poids démographique, économique et moral.
Cette notion de « Suds » au pluriel, tant les réalités qu’elle recouvre demeurent hétérogènes traduit une recomposition de la scène internationale. Brésil, Inde, Afrique du Sud, voire Indonésie ou Mexique, cherchent désormais à redéfinir les termes du débat climatique : ils refusent d’être réduits au rôle de victimes du réchauffement et revendiquent celui d’acteurs souverains d’une transition juste et équitable.
Certes, ces puissances émergentes ne forment pas un bloc homogène. Les BRICS eux-mêmes en offrent l’illustration la plus ambiguë : coalition bavarde, parfois divisée, souvent paralysée par des intérêts contradictoires. Pourtant, malgré leurs divergences, ces « Suds » partagent une conviction commune : la lutte contre le réchauffement climatique ne peut être efficace que si elle s’affranchit du moralisme sélectif du Nord et s’appuie sur une approche rationnelle, fondée sur la science, l’équité et la coresponsabilité.
Belém pourrait donc marquer un tournant : celui où la parole environnementale cesse d’être monopolisée par les puissances historiques pour devenir le champ d’une négociation véritablement mondiale.
A condition, toutefois, que ce « Sud global » transforme sa conscience politique en capacité d’action. Car si l’Europe semble douter d’elle-même, et si les États-Unis oscillent entre engagement et repli, c’est peut-être désormais dans le foisonnement de ces Suds que se joue l’avenir du climat et, plus largement, la refondation morale d’un multilatéralisme en quête de souffle.














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