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Quand Dieu et Roi cohabitent dans le Rwandais : L’illuminé abbé Ubald lance un Gacaca chrétien

Redigé par IGIHE
Le 9 juin 2015 à 03:23

L’Abbé diocésain Ubald Rugirangoga très connu pour organiser des sessions de prières collectives de guérison a prouvé ses armes de psychologie social en initiant un programme dit Gacaca Chrétien. Ce Gacaca chrétien guérit les blessures morales non encore refermées liées au Génocide des Tutsi de 1994.
L’Abbé opère une sorte de transfert de ses blessures personnelles pour évaluer les dégâts causés par ce génocide dans la conscience de ses paroissiens. En effet, il est connu que sa mère a été génocidée au cours (...)

L’Abbé diocésain Ubald Rugirangoga très connu pour organiser des sessions de prières collectives de guérison a prouvé ses armes de psychologie social en initiant un programme dit Gacaca Chrétien. Ce Gacaca chrétien guérit les blessures morales non encore refermées liées au Génocide des Tutsi de 1994.

L’Abbé opère une sorte de transfert de ses blessures personnelles pour évaluer les dégâts causés par ce génocide dans la conscience de ses paroissiens. En effet, il est connu que sa mère a été génocidée au cours de 1994 et que son père a été assassiné pour des raisons ethniques peu avant la période du génocide ; ce qui l’a affecté tout au long de son sacerdoce, lui qui, malgré ces blessures vivaces, a toujours continué à enseigner les préceptes de l’amour du prochain.

Il confie à la presse qu’il a commencé ce Gacaca chrétien dans sa paroisse de Mushaka en district Rusizi (Sud-Ouest du Rwanda) où il était curé bien avant que le programme national Gacaca réconciliateur soit lancé officiellement.

Il a indiqué à la presse qu’il organisait en équipe ses paroissiens venus participer à sa messe du dimanche, que ces paroissiens, après le sermon, sortaient de l’église pour s’étendre dans les jardins de la paroisse où ils débattaient sur la question ethnique et ses horribles conséquences.

"De ces débats, il en est ressorti que le fait d’être hutu ou tutsi n’est pas en soi un problème ; que le crime est plutôt l’ethnocentrisme", a-t-il indiqué.

Dans ce processus de thérapeutique spirituelle, l’abbé Ubald rapporte qu’il a fait faire des récollections, des retraites aux différents groupes : les victimes et les bourreaux qui s’étaient repentis.

"J’ai organisé des sessions de retraite. D’abord avec les rescapés à qui j’ai demandé de se défouler, critiquer et dérouler tous les crimes qui ont été commis sur eux par les Bahutu..."Ils ont tué les nôtres, coupé nos bananeraies, ... n’ont pas de pardon...", disaient les Tutsi en retraite. Mais à la fin ils ajoutaient : "Nous, nous ne voulons pas qu’ils encourent la peine de mort car nous croyons en Dieu".

Ils allaient dans le sens de l’épître de Paul aux Romains 12,21 qui recommendait à ces derniers de "ne jamais permettre au mal de prendre le dessus sur le bien"".

Aux bourreaux qui venaient d’être libérés de par la grâce présidentielle, "Je les ai également rassemblés dans une session de retraite pour leur dire ce que pensaient d’eux leurs victimes".

"Nous ne savons pas où nous cacher, lui ont-ils dit. Nos frères Hutus nous répudient disant que nous allons désigner d’autres coupables parmi eux, que c’est pour cela que nous avons demandé pardon et accepté les crimes commis en échange de notre libération. Quand nous nous tournons vers les Tutsi, nous sommes traités de bêtes sauvages".

L’abbé confie que ces anciens bourreaux lui ont demandé qu’au cours de la messe du dimanche, il organise une séance de demande solennelle de pardon à leurs victimes pour qu’ils puissent avoir la paix en eux-mêmes.

Pour organiser la rencontre des deux camps, l’abbé indique qu’ il a fait recours aux hutus intègres qui n’ont pas répondu aux massacres.

Plus loin il continue disant comment il a organisé une autre session de retraite au cours de laquelle les trois catégories ont été invitées : les victimes, les Hutus intègres et les anciens bourreaux.

"J’ai invité les victimes à se lever et aller serrer la main à leurs bourreaux et à ceux qui les ont sauvé des griffes de leurs bourreaux présents dans la salle. Chose étonnante, j’ai constasté que ces rescapés étaient entourés chacun à chacun par plus de 6 hutus qu’il déclarait l’avoir sauvé. C’était la liesse générale dans la salle de retraite", a-t-il dit

"Je me suis levé pour m’adresser aux anciens bourreaux pour leur dire : "Ceux-ci qui ont aidé leurs frères Tutsi ne sont-ils pas Hutus autant que vous ?". Pour toute réponse, ils ont pleuré", a-t-il continué disant qu’au sortir de cette récollection tout le monde a décidé de participer aux séances Gacaca en demandant pardon en refusant de mentir pour cacher le sien. "Tous craignaient de voir suspendue la jouissance des sacrements de l’église", a-t-il ajouté.

Pour cette métamorphose psychosociale opérée dans ses paroissiens, l’Abbé Ubald a été cité par Mme Jeannette Kagame au nom du Gouvernement rwandais quand, le 4 Août 2013, celle-ci avait répondu à l’invitation de sa Paroisse Mushaka qui fêtait son jubilé d’or.

"En ce jour, nous apprécions votre action pour avoir été partenaire des programmes du gouvernement qui tracent la voie de développement durable du pays. Une mention spéciale va à vos activités d’unité et réconciliation qui vont dans la droite ligne de la politique nationale en cette matière comme impératif pour la reconstruction de la famille rwandaise", a déclaré solennellement Mme Jeannette Kagame.


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