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REMA répond aux investisseurs peu écolos

Redigé par Elvis Nibomari
Le 29 août 2011 à 02:42

L’Office Rwandais de protection de l’environnement (REMA) se défend contre quelques investisseurs qui l’accusent de bloquer leurs activités de développement. L’équilibre entre développement économique, social et environnemental fait encore défaut quand il s’agit des projets à coup de millions.
Ce n’est pas la lune de miel entre la directrice de REMA, Rose Mukankomeje et certains investisseurs du pays. Les deux parties divergent sur le concept de développement, un terme qui au fur des années est devenu (...)

L’Office Rwandais de protection de l’environnement (REMA) se défend contre quelques investisseurs qui l’accusent de bloquer leurs activités de développement. L’équilibre entre développement économique, social et environnemental fait encore défaut quand il s’agit des projets à coup de millions.

Ce n’est pas la lune de miel entre la directrice de REMA, Rose Mukankomeje et certains investisseurs du pays. Les deux parties divergent sur le concept de développement, un terme qui au fur des années est devenu flou, difficile à cerner et à définir, à l’instar de la démocratie.

Mukankomeje se présente comme défenseur d’un environnement à trois dimensions. Economique bien entendu, mais aussi social et écologique que la plupart des investisseurs tendent souvent à ignorer.

« Nous ne sommes pas ici pour bloquer le développement », s’est-elle récemment défendue, lors d’un entretien exclusif avec « igihe.com ».

Certains des patrons dont les projets s’élèvent à plusieurs millions voire des milliards de Frw, ne cachent pas leur colère contre cette femme qui gène le bon déroulement de leurs projets. Pour les amoureux de l’écologie, cette même femme incarne la protection de l’environnement.

Elle s’indigne, fustige, défend, supervise et veille à l’épanouissement de montagnes vertes du Rwanda dans l’espoir de protéger son pays contre une catastrophe écologique. Une obsession qu’elle ne partage pas avec tout le monde.

« Mais pourquoi nous en veut- elle ? Il faut qu’elle nous laisse tranquille pour faire nos projets », laisse tomber Victor Nduwumwami, qui ne cache pas son mécontentement de voir son cas étalé dans les media. L’homme en question construit une station d’essence dans une zone résidentielle et se trouve en conflit avec ses voisins et REMA.

« Mais, il ya des stations-service partout, poursuit-il, pourquoi ils montent au créneau à cause de la mienne ? Elle n’est pas la seule à polluer la ville ».

Actuellement, ce débat sur l’environnement manque un consensus concret. Les parties en conflit ont le sentiment d’avoir cédé, mais chacun tire la couverture sur soi. Toutefois, face à des réalités économiques toutes puissantes « Madame Rose » à la tête de REMA, a depuis longtemps renoncé au romantisme écologique.

« Je comprends bien que pour initier tout projet de développement, il faut détruire une partie de l’environnement ou se préparer aux risques de dégradation », concède Mukankomeje avant d’ajouter que « les investisseurs doivent absolument installer des mécanismes de protection ».

REMA et les investisseurs (des fois, sous la houlette de RDB –Rwanda Development Board) utilisent la même langue sans parvenir à se comprendre. Certains des projets, sont soit menacés d’interruption, ou devront continuer avec des interventions extra légales.

Pour illustration, il s’agit d’un gigantesque projet de construction d’une route au milieu d’un massif forestier dans le parc de Nyungwe, au sud-ouest du Rwanda et la construction d’une station-service à Kigali dans un quartier résidentiel, pour ne citer que des cas qui ont attiré l’attention médiatique.

Sous couvert de l’anonymat, un homme nous explique, prosaïque et sans détours, le fond de sa pensée : « C’est regrettable, mais l’argent l’emporte toujours sur ces concepts écologiques qui ne paient pas du cash ».

Certes c’est cette dimension économique qui obsède les promoteurs de l’investissement tout en indignant les écologistes rwandais.

« Nous ne pouvons pas nous contenter uniquement d’un développement économique au détriment d’un développement social et environnemental, c’est courir à notre perte », alerte Faustin Munyazikwiye, directeur intérimaire du département « régulation et contrôle de la pollution » au sein de REMA.

Quelques pays ayant fait face à de puissants investisseurs ont finalement dû se résoudre à l’instauration d’une série de taxes et des droits de pollution afin que ceux qui profitent de la dégradation de l’environnement dédommagent les dégâts écologiques. Au Rwanda, cette mesure est vue, chez les promoteurs de l’investissement, comme un geste qui décourage les hommes d’affaires, très indispensables au développement tel que défini par la vision 2020.

Toutefois, malgré une confusion au niveau des institutions qui se télescopent, la loi, elle, est disponible.

Ramsar, Viennes, Montréal et Kyoto, le Rwanda a tout ratifié : conventions et protocoles confondus. Mais le respect de ces textes –traduit en Kinyarwanda- ne se semble pas être compris de tout le monde.

Certes le pays est vert pour le touriste, et le simple citoyen rwandais n’est pas une personne qui d’habitude est réveillée par une catastrophe naturelle comme c’est le cas d’un New-yorkais (Etats-Unis d’Amérique) qui, en ce moment, lutte avec l’ouragan Irène. Toutefois, sans un ordre écologique bien établi, la fierté écologique du Rwanda peut basculer en un drame.

Photo : La ville de Kigali est renommée pour sa propreté et sa verdure


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