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Survivantes : Un nouvel ouvrage sur le génocide de 1994

Redigé par Olivier Kabalisa
Le 3 février 2012 à 09:52

Rithy Panh, dans L’Élimination et Esther Mujawayo, dans Survivantes, en collaboration de Souâd Belhaddad, sont les témoins directs et les survivantes de deux des plus hallucinants génocides de la seconde moitié du 20èmesiècle.
Rithy Panh, connue pour ses films sur la tragédie cambodgienne, rapporte ici ses dialogues avec Duch (ou Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav), qui a dirigé le centre de torture et de mise à mort de Tuol Sleng, plus connu comme le S21 entre 1975 et 1979.
Quelques semaines (...)

Rithy Panh, dans L’Élimination et Esther Mujawayo, dans Survivantes, en collaboration de Souâd Belhaddad, sont les témoins directs et les survivantes de deux des plus hallucinants génocides de la seconde moitié du 20èmesiècle.

Rithy
Panh, connue pour ses films sur la tragédie cambodgienne, rapporte ici ses
dialogues avec Duch (ou Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav), qui a dirigé le
centre de torture et de mise à mort de Tuol Sleng, plus connu comme le S21 entre 1975
et 1979.

Quelques semaines plus tôt, Esther Mujawayo et Souâd Belhaddad
publiaient en Suisse, la seconde édition de leur livre consacré au
génocide perpétré contre les Tutsis. Ouvrage à travers lequel Esther Mujawayo, qui a perdu 293 personnes de
sa propre famille et celle de son mari, lui-même assassiné, fait revivre les
témoignages des rescapés « en reconnaissant les violences qu’ils ont
subies, en instaurant un vrai dialogue », comme l’écrit dans son
avant-propos David Collin, directeur de la collection. Dans sa dernière partie,
Esther Mujawayo nous offre son poignant dialogue avec Simone Veil.

Rithy Panh, à peine adolescent au début du Kampuchea démocratique, est sorti du cauchemar en 1979 en ayant perdu ses êtres les plus chers, toute sa famille dont la plus grande partie est morte littéralement de faim. Le génocide khmer fit en moins de quatre ans 1,7 millions de morts, soit un tiers de la population nationale au début du massacre.

Combien
d’assassins, de génocidaires rwandais ont été jugés, condamnés,
emprisonnés ? Esther Mujawayo parle de sa confrontation avec « les
génocidaires de sa sœur Stéphanie et de ses enfants. Je vois face à moi les
tueurs de ma famille […] et je ne peux même pas les pointer du doigt. »

Rithy Panh comme Esther Mujawayo racontent la mort de leurs parents avec une dignité extrême. Lui raconte à un certain moment la mort de sa mère, lorsqu’elle a été conduite à l’hôpital à la dernière extrémité de ses forces. Elle a immédiatement aperçu sa fille de seize ans qui venait de mourir.

« Ma mère s’est
approchée, elle s’est assise auprès de son enfant chérie, brillante et tellement
aimée. Elle n’a pas prononcé un seul mot. D’ailleurs, elle n’a plus rien dit à partir de
cette heure-là. Mais ,elle a eu ce geste lointain, magnifique dans sa simplicité,
un geste des campagnes de son enfance. Elle a posé son regard sur sa fille morte. »
Puis, elle s’est allongée à côté d’elle pour y mourir à son tour.

Longue vie aux témoins de la barbarie à l’heure où tant d’autres crimes d’État, qui ne sont sans doute pas des génocides, sont commis dans tant d’autres pays.

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