Tchad : six mois de prison ferme requis contre cinq leaders de la société civile

Redigé par IGIHE
Le 8 avril 2016 à 12:45

Le procureur de la République tchadienne a requis jeudi six mois de prison ferme contre cinq leaders de la société civile et reporté la suite du procès au 14 avril, alors que la police a violemment dispersé leurs sympathisants.
Le parquet "a requis six mois de prison ferme, il s’agit d’une décision purement politique qui vient de l’exécutif", a déclaré à l’AFP l’un de leurs avocats, Frédéric Nanadjingue au terme d’une audience de deux heures interdite à la presse.
Mahamat Nour Ahmed Ibedou, Younous (...)

Le procureur de la République tchadienne a requis jeudi six mois de prison ferme contre cinq leaders de la société civile et reporté la suite du procès au 14 avril, alors que la police a violemment dispersé leurs sympathisants.

Le parquet "a requis six mois de prison ferme, il s’agit d’une décision purement politique qui vient de l’exécutif", a déclaré à l’AFP l’un de leurs avocats, Frédéric Nanadjingue au terme d’une audience de deux heures interdite à la presse.

Mahamat Nour Ahmed Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer, Céline Narmadji et Albissaty Alazam, déjà écroués, appartiennent à plusieurs mouvements de la société civile dont l’Union des syndicats du Tchad (UST), "Ca suffit", "Trop c’est trop" et Iyina ("On est fatigués").

Les quatre opposants sont accusés "de provocation à un attroupement non autorisé, tentative d’atteinte à l’ordre public et opposition à l’exercice d’une autorité légitime", après avoir appelé à manifester contre la candidature dimanche du président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 26 ans, à un cinquième mandat.

Environ 200 sympathisants, qui avaient réussi à se réunir, très tôt, devant le Palais de justice, certains bâillonnés pour dénoncer le manque de liberté d’expression, portaient des pancartes : "Libérez nos héros, défenseurs de la justice sociale", "Déby dégage".

Les policiers, très nombreux devant le Palais de justice et tout autour dans les rues adjacentes, empêchaient 200 autres manifestants, des lycéens, de rejoindre les premiers.

Sifflant et entonnant à plusieurs reprises l’hymne national, les militants ont ensuite crié leur solidarité envers les cinq prévenus qui sortaient pour être reconduits à la prison, scandant "liberté, liberté !".

Dès le départ du fourgon emmenant les détenus, les nombreux policiers, équipés d’armes automatiques, ont violemment dispersé les militants pacifiques en tirant au-dessus d’eux à balles réelles et en lançant des grenades lacrymogènes, provoquant une très grande panique. Un jeune a été légèrement blessé au cou.

"Vous voyez le règne de l’impunité, du népotisme et du clanisme", lançait Franklin, un manifestant, tandis qu’un autre accusait "la France et Hollande de soutenir Déby".

La France, ancienne puissance coloniale, avait sauvé le pouvoir d’Idriss Déby en février 2008 lorsqu’une rébellion avait gagné la capitale.

Et, face à la menace islamiste dans les pays sahéliens, Paris a fait de la capitale tchadienne le quartier-général de sa force Barkhane.

Le pouvoir au Tchad, pays producteur de pétrole à la population très pauvre, a été confronté ces dernières semaines à une contestation inédite à la suite d’un mouvement de lycéens dénonçant le viol d’une jeune Tchadienne par des fils de dignitaires, à laquelle il n’a répondu que par des interdictions de manifester.

La présidentielle, qui se tient dimanche avec 14 candidats en lice, devrait voir la réélection sans surprise du chef de l’Etat Idriss Déby Itno.

Avec africatime.com


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