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Un théâtre français à Kigali sous un ciel ouvert : Un vibrant hommage aux victimes du génocide

Redigé par Monia-Bella Inakanyambo
Le 6 décembre 2015 à 12:43

La troupe théâtrale Uz et Coutumes (française), en collaboration avec Ishyo Arts Center de Kigali, a offert un spectacle fascinant aux passants du Car Free Zone, ce samedi 5 décembre, avec la pièce « Ici et maintenant, Never Again ». Un hommage aux victimes du génocide de 1994, ainsi qu’à tous ces innocents dont le sang coule, à cause des conflits auxquels ils ne comprennent pas grand-chose.
En pleine rue, dans un petit cercle de cailloux improvisé pour servir de scène, des français et des rwandais (...)

La troupe théâtrale Uz et Coutumes (française), en collaboration avec Ishyo Arts Center de Kigali, a offert un spectacle fascinant aux passants du Car Free Zone, ce samedi 5 décembre, avec la pièce « Ici et maintenant, Never Again ». Un hommage aux victimes du génocide de 1994, ainsi qu’à tous ces innocents dont le sang coule, à cause des conflits auxquels ils ne comprennent pas grand-chose.

En pleine rue, dans un petit cercle de cailloux improvisé pour servir de scène, des français et des rwandais tapent dans l’œil des passants. Leurs vêtements sales, sinon déchirés ou mal mis, rendent perplexes. Le Car Free Zone, ce passage réservé aux piétons, était bien animé ce samedi. Des gens parlant français, un monde à part, un Paris à Kigali, une terre d’artistes.

Les passants s’étonnent. Ce jeu francophone accompagné de guitare, peu commun, avec des bouts de bois aux mains des comédiens, impose le silence, attire le regard et aiguise la curiosité.

« La paix ne se décrète pas, mais elle se gagne… dans la fragmentation de la parole… A une question qui vise à sauver de l’oubli la question de l’être… », un monologue qui renvoie à la phobie de l’homme face à la mort. A l’oubli dans lequel l’humain risque de sombrer après cette vie. Et à la mémoire de ces images qui hantent nos quotidiens, des images de corps sans vie. Un hommage à tout ce monde des quatre coins du monde, victimes de toutes formes d’extrémismes.

« Sois maudit si tu acceptes que la terre boive du sang de ton frère, par ta main… Mais je sais que dire est vain… » crie une autre comédien. Une tentative d’amener chacun à méditer sur son degré d’humanité. Un dessin effrayant des embûches qui nous sont tendues dans la vie. De la mort que nous côtoyons, des blessures qui nous affaiblissent, et de l’humain qui se bat malgré tout pour rester debout.

Des acteurs adroits avec une énergie à revendre. Un public qui s’arrête pour puiser un peu de cette source intarissable de mots, les yeux grands ouverts. Une pièce de théâtre jouée dans un doute total, avec une question sans réelle réponse : « C’est quoi pour vous la mémoire ? En un mot. » Un récit de la vie de réfugié. Avec la peur de rentrer un jour et de ne plus revoir les siens. Un triste hommage aux victimes du génocide de 1994 perpétré contre les tutsis, et un baume aux cœurs des rescapés.

« L’idée était de faire croiser les mémoires de toutes ces victimes de guerres sans noms du monde entier, » explique Dalila Boitaud, metteuse en scène de la pièce. Ravie de la réussite du spectacle, elle ajoute : « Ce fût une première expérience de jouer comme ça, dans la rue. Ça donne envie de recommencer. »

Eliane Umuhire, comédienne dans Ishyo Arts Center, avoue que ce fût une expérience fabuleuse : «  C’était un parcours génial. On a beaucoup appris ensemble, on s’est encouragé, tout en ignorant et en craignant ce que ça allait donner.  »

Ainsi cette troupe venue du sud de la France envisagerait de revenir pour une tournée avec la pièce, sur tout le territoire du Rwanda, pourquoi pas ailleurs.


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