Il n’aura fallu qu’un mois de faux-semblants pour révéler ce que nombre d’observateurs lucides redoutaient : l’incapacité, voire le refus, du gouvernement congolais d’assumer un dialogue sincère et exigeant avec un acteur rebelle pourtant enraciné dans les réalités du Kivu profond.
Kinshasa, par son obstruction méthodique, a dressé les jalons d’un échec qu’il feint aujourd’hui de déplorer. En refusant de libérer les tutsi congolais incarcérés sans jugement dans les prisons de Makala et Ndolo, non pour des faits, mais pour leur simple appartenance ethnique, le pouvoir congolais a préféré s’accrocher aux logiques de stigmatisation plutôt que d’embrasser les exigences d’un processus de réconciliation.
Cette détention arbitraire, indigne de tout État se réclamant du droit, révèle une stratégie implicite : délégitimer le M23 en niant sa base sociale, ethnique et historique.
À ce refus s’est ajoutée une manœuvre dilatoire : celle de dépêcher à Doha une délégation congolaise à l’autorité limitée, contrainte à chaque étape de se référer à la présidence pour la moindre inflexion, vidant les pourparlers de toute efficacité immédiate. Ce simulacre de dialogue ne pouvait que s’enliser dans l’inefficience, et Kinshasa, en piétinant sciemment les conditions minimales d’un compromis, a condamné les discussions à l’inanité.
La rétractation de l’AFC/M23, aussi silencieuse que significative, est l’expression d’une lassitude : celle face aux promesses non tenues.
Car derrière ce retrait, c’est tout un réseau d’alliances, de peurs historiques et de fractures géopolitiques qui s’agite.
Sur le terrain, les armes n’ont jamais vraiment cessé de parler. La trêve convenue, privée de mécanismes de vérification, n’a été qu’un vœu pieux, vite trahi par la persistance des affrontements dans les provinces orientales. Ainsi s’accumule une fois de plus le poids des engagements déçus, nourrissant le cycle morbide de la défiance et de la revanche.
Dans cette impasse, l’Est du Congo se consume. Chaque jour de non-dialogue est une aubaine pour les milices, une damnation pour les civils, et un désaveu cinglant pour la diplomatie africaine et internationale.
Le théâtre de Doha ferme ses rideaux, mais les coulisses de la guerre, elles, restent éclairées par les lueurs tragiques des incendies et des déplacements de population.

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