Mais les deux hommes connaissaient bien le Rwanda avant leur implication dans les procès de génocide.
Me Tapi, originaire de la Côte d’Ivoire, suit l’actualité du Rwanda depuis plusieurs années déjà.
Depuis mai 2022 et sur invitation de Me Karongozi, Me Tapi intervient dans la défense des intérêts de dizaine de parties civiles (victimes et leurs ayant- droits) devant les Cours d’assises de Paris.
Sa première affaire (Laurent Bucyibaruta) jugé et condamné en 2022 fut un véritable choc pour Me Tapi :
« C’est la première fois que j’ai découvert l’ampleur de la barbarie, la souffrance des victimes … Le préfet (Bucyibaruta), tout puissant…avait rassemblé les réfugiés dans une école à Murambi, sachant très bien qu’il les avait rassemblés pour mieux les exterminer… Et puis la coordination des massacres : Murambi attaqué, Cyanika attaqué, Kaduha attaqué, l’école de Marie Merci à Kibeho, …
Et Me Tapi de conclure : « … pour toutes ces victimes, les vivants et celles qui ne vivent plus, il va falloir qu’il y ait des gens qui plaident leur cause pour que, sur cette terre des hommes ce genre de barbarie ne puisse se répéter ».
Me Epoma, originaire du Congo- Brazzaville, a de son côté évoqué son parcours qui l’a emmené à travailler sur le dossier- Rwanda.
Il a confié que son intérêt pour ce pays a grandi au fur des années, notamment à partir de ses recherches sur les conflits en Afrique centrale.
Il a découvert l’ampleur du génocide lors du débat autour du documentaire « Tuez- les tous » (réalisé par Raphael Glucksmann) en 2005.
: « … J’ai vu des images qui étaient projetées, les personnes qui intervenaient …ça a attiré mon attention… », a-t-il souligné.
Plus tard Me Epoma a rejoint l’équipe de Me Karongozi et Me TAPI : « Nous nous sommes lancés dans ce travail, ça nous a permis de visiter le Rwanda… »
Me Epoma explique avoir découvert un beau pays, avoir rencontré des gens accueillants et chaleureux. Mais hélas il a été confronté à la douleur indicible des victimes du génocide.
Les trois avocats (Me Tapi, Me Epoma et Me Karongozi) sont partis de Kigali pour rejoindre Butare (actuel Huye) ; de là ils ont visité certains sites et lieux de massacres : à Tumba, Rango, Kabakobwa, à l’Université du Rwanda, l’Hôpital Universitaire(CHUB), la Préfecture, le Stade Huye, …
Me Epoma reconnaît : « c’étaient des moments douloureux parce qu’il fallait partager les souffrances des gens qui ont vécu ce crime abominable, il fallait les écouter, les entendre…
C’est pour cela qu’on est dans ce travail : on souhaiterait que plus jamais ça se reproduise. On se bat comme on peut avec les armes que nous avons, le droit.
En parvenant à obtenir des condamnations comme ça, c’est notre satisfaction, et je pense aussi que c’est la satisfaction des victimes qui sont nos clients ».
Me Epoma souligne par ailleurs que la condamnation de M. Rwamucyo à 27 ans de réclusion criminelle, est un signal fort à d’autres criminels : pareil crime ne restera plus impuni. C’est son intime conviction.
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