La discipline stratégique comme épreuve de responsabilité

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 décembre 2025 à 05:06

L’annonce du coordonnateur adjoint de l’AFC/M23, Bertrand Bisimwa, relative au mouvement en cours des forces hors d’Uvira, s’inscrit dans une séquence politique et sécuritaire d’une extrême gravité, où chaque geste militaire se double d’une portée symbolique.

Le retrait, entamé la veille et annoncé comme devant s’achever le 18 décembre, est présenté non comme une débandade, mais comme l’exécution méthodique d’un engagement assumé. En appelant la population civile au calme, le mouvement entend signifier que l’ordre public ne saurait être l’otage des manœuvres armées, et que la discipline proclamée vise, du moins dans l’intention affichée, à prévenir l’embrasement et les représailles aveugles.

Ce moment de reflux stratégique met à l’épreuve la maturité des acteurs impliqués. Le retrait d’une force d’un espace urbain disputé crée toujours un interstice dangereux, un vide où prospèrent les instincts de vengeance, les prédations opportunistes et les tentations de remilitarisation.

En ce sens, l’appel adressé à la médiation et aux partenaires internationaux n’est pas une supplique rhétorique, mais une injonction politique : celle de transformer une décision militaire en garantie effective de protection des civils.

La responsabilité ne se dissout pas dans l’acte du retrait ; elle se déplace, se reconfigure et s’alourdit à mesure que s’éloigne la force qui contrôlait, de facto, l’espace.

La protection des civils : une obligation morale et politique non négociable

En plaçant ceux qui ont exigé le retrait face à une responsabilité lourde de conséquences, Bertrand Bisimwa souligne une vérité souvent éludée : demander un retrait sans prévoir les mécanismes crédibles de sécurisation revient à exposer les populations à une violence différée.

La paix ne se décrète pas par la seule absence d’armes visibles ; elle se construit par des dispositifs concrets, continus et vérifiables, capables d’empêcher les représailles, les règlements de comptes et la reconstitution de milices.

A défaut, le retrait devient un prélude au chaos, et la bonne foi proclamée se mue en abdication.

Ainsi, l’attente exprimée quant aux mesures de sécurisation d’Uvira n’est pas un détail procédural, mais le cœur même de l’enjeu. Protéger la population civile suppose une vigilance soutenue, une présence dissuasive et une coordination sans faille entre médiateurs, partenaires et autorités concernées.

À défaut de cette architecture protectrice, la parole politique se vide de sa substance et la médiation perd sa crédibilité. Dans les zones meurtries par des cycles répétés de violence, chaque promesse non suivie d’effet nourrit le scepticisme et radicalise les peurs.

Ce moment charnière impose donc une exigence claire : que la transition sécuritaire ne soit ni un abandon ni une ruse, mais un passage encadré vers la désescalade. La responsabilité invoquée ne saurait être incantatoire ; elle doit se traduire en actes tangibles.

Car, en dernier ressort, l’histoire ne jugera pas les intentions proclamées, mais la capacité réelle des acteurs à préserver des vies, à empêcher la violence et à faire prévaloir, fût-ce provisoirement, la primauté de la protection des civils sur les calculs de force.

L’annonce de Bertrand Bisimwa sur le retrait des forces hors d’Uvira intervient dans un contexte sécuritaire critique, chargé de symboles

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