En tant que premier garant de l’unité nationale, Tshisekedi fait face à un dilemme cornélien. La persistance de l’instabilité à l’Est n’est pas seulement le fruit de groupes armés étrangers ou d’interventions extérieures. Les racines du mal plongent bien plus profondément, dans les failles internes de la gouvernance congolaise.
Depuis l’ère Mobutu, le spectre de la corruption et de la mauvaise gestion a rongé le pays, créant un terreau fertile pour les seigneurs de guerre et les réseaux criminels. Le président doit accepter cette vérité inconfortable : le déclin de l’État congolais et la démoralisation de ses institutions sont au cœur des tourments actuels.
La première étape vers une sortie de crise durable réside dans une introspection sincère. Tshisekedi se doit de reconnaître que, pendant plus de quarante ans, la RDC a choisi de fermer les yeux sur ses propres failles, préférant désigner des boucs émissaires pour masquer ses erreurs internes.
Cette quête incessante de coupables extérieurs, qu’ils soient régionaux ou internationaux, doit cesser. La seule voie possible vers la paix exige un examen de conscience profond, un changement de paradigme, une prise de responsabilité collective, et un engagement sans ambiguïté à s’attaquer aux véritables causes des conflits.
Ce changement ne se fera pas sans douleur. Il demandera à Tshisekedi et à son entourage de rompre avec les pratiques du passé, de réévaluer leurs alliances, et d’abandonner une certaine forme de paranoïa politique.
Le Rwanda, autrefois pointé du doigt, ne peut plus être le paravent derrière lequel la RDC dissimule ses propres dysfonctionnements. De même, les accusations portées contre l’ancien président Joseph Kabila ou Moïse Katumbi ne résoudront en rien la crise. Le président doit aller plus loin, il doit mettre fin à la complaisance envers les FDLR, un groupe terroriste qui perpétue l’insécurité dans la région depuis des décennies. Tshisekedi doit s’engager à les neutraliser définitivement, sans quoi il ne pourra jamais restaurer la souveraineté de son pays.
La diplomatie n’est pas en reste dans ce combat. Sur la scène internationale, les partenaires de la RDC attendent des actions concrètes. Les forums régionaux et mondiaux doivent devenir des tribunes pour démontrer la détermination du pays à se transformer, à embrasser la paix plutôt qu’à se complaire dans le rôle de victime des manipulations extérieures.
Enfin, c’est au dialogue avec le M23, symbolisant les fractures ethniques de la région, que Tshisekedi doit donner une importance particulière. Il ne s’agit pas seulement de combattre militairement ces groupes, mais de comprendre les causes profondes de leur existence et de les intégrer dans une solution nationale inclusive, où chaque citoyen congolais, quelle que soit son origine, aura sa place.
Le choix de Tshisekedi est historique. Il a l’opportunité de se hisser au rang des grands hommes d’État, en restaurant la paix et l’unité dans un pays meurtri par des décennies de conflits. Mais s’il échoue à emprunter ce chemin, il risque de conduire son peuple vers l’impasse, le précipitant avec lui dans l’abîme de l’instabilité.
Ainsi, la RDC n’attend plus que des promesses, elle exige des actes. Des décisions courageuses qui résonneront au-delà des frontières du pays, rétablissant sa dignité sur l’échiquier mondial et offrant aux Congolais l’espoir d’un avenir apaisé.
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