Ce développement, qui semblait inconcevable il y a encore quelques mois, s’impose aujourd’hui comme une réalité inéluctable, plaçant le Président Félix Tshisekedi devant une alternative périlleuse : tenir la ligne inflexible qu’il s’était juré d’observer ou céder à la logique implacable des rapports de force.
Le chef de l’État congolais, dans ses proclamations martiales, n’avait eu de cesse de fustiger toute velléité de négociation avec ceux qu’il qualifie de « terroristes », jurant par tous les dieux et les enfers qu’aucun compromis ne serait envisageable.
L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, dans un élan zélé, avait d’ailleurs entériné cette posture en adoptant une résolution interdisant toute forme de dialogue avec les insurgés. Plus encore, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, d’un empressement inégalé, venait d’annoncer la mise à prix des têtes des trois hauts responsables de l’AFC/M23, ajoutant ainsi un surcroît de tension à une situation déjà délétère.
Mais voici que la réalité du terrain, implacable et indifférente aux dogmes, s’impose avec une brutalité cinglante. L’illusion d’une montée en puissance des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), si longtemps brandie comme un mantra, s’est effondrée sous le poids de la corruption endémique et de la désorganisation chronique. Les forces étrangères, qu’elles soient mercenaires, burundaises, FDLR ou issues de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), se sont révélées tout aussi inefficaces, incapables d’enrayer la progression inexorable de l’AFC/M23.
Dès lors, le président Tshisekedi, rattrapé par les implacables dynamiques du champ de bataille, n’a d’autre choix que de revoir sa posture. Le ton autrefois inflexible s’adoucit, les certitudes se fissurent, et le dialogue, autrefois vilipendé, s’impose comme l’unique voie praticable. Toutefois, ce processus s’annonce semé d’embûches, car céder au dialogue après l’avoir farouchement rejeté est un exercice périlleux, un véritable parcours d’obstacles où chaque concession risque de raviver les fractures internes et d’exposer davantage encore les fragilités du pouvoir en place.
Dans cette conjoncture, l’invitation du ministre angolais prend une signification éminemment symbolique : elle acte le basculement du conflit du strict champ militaire vers la sphère diplomatique et oblige Kinshasa à une introspection douloureuse.
La reconnaissance explicite, de Bertrand Bisimwa en tant qu’interlocuteur légitime par un médiateur mandaté par l’Union africaine constitue un désaveu pour ceux qui, à Kinshasa, voulaient encore croire que la victoire militaire était à portée de main.
Ainsi, l’heure n’est plus aux anathèmes ni aux postures belliqueuses, mais à une redéfinition pragmatique des stratégies, au risque, pour le pouvoir congolais, de voir sa rhétorique s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.
L’histoire, souvent cruelle avec les intransigeants, rappelle que la politique est avant tout l’art du possible. Dès lors, Tshisekedi pourra-t-il ravaler son orgueil et emprunter la voie du compromis sans y laisser son autorité ? La réponse à cette question déterminera l’avenir immédiat de la RDC et l’issue de cette crise dont l’onde de choc résonne bien au-delà des frontières du pays.

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