Dr Mukeshimana avait senti le vent tourner en sa défaveur, car ces changements au sein du Minagri ont failli avoir lieu en 2020.

Lorsque Dr Musafiri a participé, la semaine dernière, au dialogue national Umushyikirano, il s’est exprimé devant le président Kagame et a dit « dans l’agriculture, donnez-nous 10% du budget national, le reste, demandez-nous des comptes ».

Deux jours plus tard, l’ancien secrétaire d’État est devenu ministre.

Le secteur agricole est l’un des secteurs qui affectent la santé de la population et maintenant il fait sujet des plaintes de plusieurs personnes à cause de la famine qui existe dans certaines parties du pays, de même que les prix des aliments sont exorbitants sur le marché.

Alors que les prix globaux ont augmenté de 20,7 % en janvier 2023 par rapport à janvier 2022, les prix des aliments et des boissons non alcoolisées ont augmenté de 41 %.

La situation a été empirée par la quantité insuffisante de la récolte qui a été observée suite au manque de pluie causé par les mauvaises conditions météorologiques.

Les problèmes au Minagri existent depuis longtemps.

À diverses époques, les mauvais fonctionnements dans le secteur agricole au Rwanda ont été soulevés, observés.

A titre d’exemple dans le district de Nyabihu, les agriculteurs ont arrêté pour un certain temps de cultiver les oignons sous prétexte qu’ils n’ont pas de la demande sur le marché alors que dans la ville de Kigali, ils coûtent les yeux de la tête.

Faire rencontre les demandeurs des produits agricoles aux agriculteurs qui n’ont pas de marché propre à eux a été depuis longtemps, un challenge à relever.

Les problèmes auxquels Minagri travaille en collaboration avec les autres agences dont le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MINICOM) et le Secteur Privé devraient pourtant apporter solution.

Les députés ont fait une enquête et Dr Mukeshimana a failli perdre son travail
En 2019, les députés se sont impliqués dans les problèmes de l’agriculture, et ont invité la ministre Mukeshimana à donner une explication verbalement, sur les problèmes qui avaient été soulevés.

Après que les députés ne furent pas convaincus du résultat des explications, Dr Mukeshimana a été prié de les soumettre par écrit, afin que ce soit peut-être plus compréhensible.

Les questions posées comprenaient le fait que de nombreuses semences étaient encore importées et que le Rwanda devrait être autonome dans les recherches sur les semences avant la fin de l’année 2020.

Elle a été interrogée aussi sur le manque d’accès des agriculteurs aux engrais en temps opportun, le fait que les terres destinées à l’agriculture et à l’élevage continuent d’être occupées par des habitations, et sur l’absence d’un système stable pour la récolte, le séchage et le stockage des produits agricoles.

De plus, le ministère de l’Agriculture n’était plus, en quelque sorte rentable, ou 60 % des agriculteurs ont connu la perte causée par le rendement qui n’égale pas les efforts fournis.

Le rapport dont IGIHE possède une copie montre que les députés n’ont pas, encore une fois étaient satisfaits des réponses fournies, de manière écrite, par le ministre Mukeshimana sur 27 questions posées.

Cela a conduit à la mise en place en avril 2019 d’une Commission d’inspection composée de neuf personnes, chargée d’enquêter sur les problèmes existants dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, dans un délai n’excédant pas 60 jours, à compter du 15 avril 2019.

A cette époque, Dr Ngabitsinze Jean Chrysostome qui était encore député, a reçu la charge de diriger ce comité.

Le rapport et les conclusions de ce comité ont été transmis au président Kagame le 5 août 2019, dans une lettre écrite par la présidente de la Chambre des députés, Donatille Mukabalisa.

Selon le rapport, le manque de semences ainsi que les autres problèmes soulevés sont les conséquences « du manque de politique de recherche dans le secteur agricole ».

En outre, il a constaté que le marché des pépinières « est géré par les personnes qui n’ont pas des connaissances sur les semences sélectionnées ».

Quant aux engrais, la Commission a constaté qu’ils tardent à parvenir aux agriculteurs "en raison du processus de la fourniture des marchés, du retard dans le paiement des entrepreneurs qui les importent ainsi que les arriérés ".

La commission a conclu que même si le ministre Dr. Mukeshimana a expliqué aux députés que la solution a été apportée à certains problèmes y a des solutions envisageables, et d’autres mesures sont prises, de graves problèmes laissent le domaine agricole sans solution.

L’un des députés a déclaré à IGIHE que parmi les décisions suggérées par certains, figurait la destitution du ministre Dr Mukeshimana, mais la demande a été rejetée.

Cependant, dans les conclusions soumises au Président Kagame, l’Assemblée a demandé au Premier Ministre Dr Edouard Ngirente, "d’établir un système révolutionnaire dans le fonctionnement et l’interaction du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage avec les autres institutions, afin d’apporter des changements dans le bien-être de la population".

La durée qui était fixée pour la mise en œuvre était de 6 mois ainsi que pour la prise de sanctions pour les personnes qui étaient en charge des autres projets mal réalisés.

Cependant, peu de temps après six mois, des changements soudains se sont produits et le ministre a gardé ces fonctions.

Le Dr Ngabitsinze, qui dirigeait la Commission d’Audit, a immédiatement rejoint le Gouvernement, en mars 2020 il a été nommé Secrétaire d’Etat au Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, pour restaurer le bon fonctionnement au MINAGRI.

En juillet 2022, Dr Ngabitsinze a été nommé ministre du Commerce et de l’Industrie, qui avait aussi pointé du doigt les problèmes existants dans l’agriculture et l’élevage, notamment dans le domaine de la commercialisation du rendement.

Umushyikirano a mis fin au cirque

Alors qu’il était dans le dialogue National Umushyikirano qui a lieu mardi de cette semaine, devant le Premier ministre [le président Kagame s’était absenté pour un moment], Sebudandi Stephen du district de Kayonza, qui dirige l’association des agriculteurs du district, a montré que des projets ont été réalisé dont la construction de l’usine de lait en poudre dans le district de Nyagatare.

Il a poursuivi : « Monsieur le Président de la République, après cette usine, nous semblons avoir un test très difficile, et nous avons besoin de votre aide pour voir comment nous pouvons le surmonter, celui des vaches qui produisent peu de lait. Nous ne pouvons pas fournir en même temps du lait à cette usine et à la communauté rwandaise. Quand nous faisons la moyenne, elles ne produisent pas plus de trois litres de lait. »

Il a également souligné que "l’élevage ne semble pas prometteur", car "les médicaments que nous utilisons dans l’élevage ne sont pas des médicaments prometteurs".

Il a demandé au président Kagame de les aider à obtenir les vaches ayant une bonne production laitière, « parce que nous, les agriculteurs, nous sommes prêts, nous avons même les moyens pour nous en procurer mais nous ne savons pas où ni comment. »

Dans son explication, Dr Mukeshimana est parti de la médecine vétérinaire, affirmant que "ce qu’il dit, les pesticides, en particulier, perdent l’efficacité, ce qui est souvent dû au fait qu’ils ne sont pas utilisés comme ils devraient l’être".

Pendant qu’elle répondait, le président Kagame est entré dans la salle de réunion du Kigali Convention Center.

Le Dr Mukeshimana a admis que les aliments du bétail coûtent cher, mais des efforts sont fournis pour résoudre le problème. A cela s’ajoutent les problèmes de la plante Chia seeds dans lesquels sont impliqués certains dirigeants de différentes institutions importantes.

C’est ce qu’il appelait la loterie, car une personne investit beaucoup d’argent qui est garanti pour faire le tour de sa propriété, et beaucoup finissent par faire faillite.

En définitive, Dr Mukeshimana a été démis de ses fonctions de ministre qu’elle occupait depuis juillet 2014.

Dr Gerardine Mukeshimana, ancienne ministre de l'agriculture et de l'elevage