La disparition du Souverain Pontife, héritier du Siège pétrinien, constitue en effet un séisme théologique, pastoral et diplomatique dont les ondes de choc se propagent aux confins de la catholicité et bien au-delà, dans le concert des nations.

Ainsi donc, au lendemain de l’annonce du décès du pape François 1er, Jorge Mario Bergoglio de son nom de baptême, ce lundi 21 avril, alors même que,la veille encore, le Pontife s’était présenté au balcon de la basilique vaticane dans un ultime geste d’abandon et de sollicitude pour le troupeau du Christ, s’est ouvert ce que la tradition séculaire et le droit canonique désignent sous le vocable de Sede Vacante.

Du constat officiel du décès et des premiers actes canoniques

À l’instant même où la nouvelle du trépas pontifical se confirme, il appartient au cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine d’en prendre officiellement acte. Ce dernier, selon l’antique et immuable rituel, se rend auprès du corps du défunt pontife, l’appelant par son nom de baptême à trois reprises.

En l’absence de réponse, qui en cette circonstance mortuaire ne saurait être donnée, le camerlingue prononce la formule rituelle Vere Papa mortuus est, scellant ainsi la vacance du siège apostolique.

Consécutivement, sont détruits, en présence des cardinaux et des membres de la Préfecture de la Maison pontificale, l’anneau du Pêcheur et le sceau officiel du pape défunt, afin d’écarter toute tentative d’usurpation ou de faux instruments pontificaux. Simultanément, les appartements pontificaux sont scellés et les insignes du pouvoir retirés.

De l’administration intérimaire de l’Église universelle

Durant le Sede Vacante, le gouvernement ordinaire de l’Église est suspendu. Seules les affaires courantes sont poursuivies, à l’exception de celles qui relèveraient exclusivement du Pontife régnant. Le Collège des cardinaux, assemblé en congrégations générales quotidiennes, veille à la bonne administration de la cité du Vatican et des intérêts spirituels et temporels de l’Église. Le cardinal camerlingue agit comme administrateur des biens et garant du bon ordre temporel.

Aucune décision de portée doctrinale, pastorale ou disciplinaire majeure ne saurait être prise, l’Église étant en état de vacance de pouvoir suprême.

De la convocation du Conclave et de sa tenue

Selon la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par saint Jean-Paul II et amendée en 2022 par François lui-même, le Collège des cardinaux doit se réunir dans un délai de 15 à 20 jours après la vacance effective du Siège. Seuls les cardinaux de moins de quatre-vingts ans à la date du décès sont habilités à prendre part au scrutin.

Le conclave se tient dans la sacro-sainte chapelle Sixtine, sous la fresque du Jugement dernier de Michel-Ange, dans un huis clos rigoureux. Les cardinaux électeurs y prêtent un serment solennel de secret, et tout moyen de communication avec l’extérieur leur est formellement interdit.

De l’élection du nouveau Pontife romain

L’élection se déroule par scrutin secret. Chaque cardinal inscrit le nom de son choix sur un bulletin, qui est ensuite déposé dans une urne après qu’il ait prêté serment : « Je prends à témoin le Christ Seigneur qui me jugera que je donne mon suffrage à celui que, devant Dieu, je crois devoir être élu. »

Pour être élu validement, le candidat doit recueillir les deux tiers des suffrages exprimés. Après chaque tour de scrutin, les bulletins sont brûlés. La fumée qui s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine est noire (fumata nera) si le scrutin est infructueux, blanche (fumata bianca) lorsqu’un pape est élu.

Lorsque le consensus est enfin atteint, le doyen du Sacré Collège demande à l’élu s’il accepte son élection. Si ce dernier consent, il choisit le nom sous lequel il exercera son ministère pétrinien.

De la proclamation et de l’intronisation du nouveau pape

Le cardinal protodiacre se présente alors au balcon central de la basilique Saint-Pierre pour proclamer au monde : habemus Papam ! suivi du nom de l’élu et du nom qu’il a choisi. Le nouveau Pontife bénit alors Urbi et Orbi, à la ville et au monde.

Dans les jours suivants, une messe solennelle d’inauguration de pontificat est célébrée sur la place Saint-Pierre, marquant publiquement l’entrée en charge du 267ᵉ successeur de l’Apôtre Pierre.

La disparition du Souverain Pontife, héritier du Siège pétrinien, constitue en effet un séisme théologique