Il y a un an, 148 personnes étaient tuées par les shebab en plein campus universitaire au Kenya. Depuis, des cours ont repris mais les blessures sont profondes. D’un coup de poing, Abdul ouvre une porte grinçante. Elle donne sur le logement de deux étudiants assassinés par les islamistes shebab il y a un an. Les coups de crosse assénés pour briser la serrure marquent encore le bois vermoulu. « Je ne peux pas toucher la poignée, elle est maudite. » L’employé de l’université de Garissa entre dans la pièce. Deux lits superposés sont entreposés dans un coin.
La gorge nouée, Abdul détaille les impacts de balles sur les montants métalliques. Un, deux, trois… Impossible de tous les compter tellement les rafales ont été nourries. « Il va falloir qu’on jette ces lits, ou au moins qu’on les répare », dit-il avant de désigner le sol. Une tache de sang délavée macule toujours le lino. Sa voix vacille. « Là, l’université prévoit de tout refaire. On doit supprimer les traces de la tuerie. » Dès qu’il pénètre ici, il se revoit jouant au football avec les étudiants. Les images des corps mutilés reviennent le hanter.
Le 2 avril 2015, plusieurs hommes armés pénètrent dans ce campus, dans le nord-est du Kenya. Il est 5 h 30 du matin quand ils abattent les gardes à l’entrée de la faculté. Les terroristes se rendent dans la chapelle toute proche pour répandre la mort, puis finissent leur macabre équipée dans les logements. Séparant les musulmans des chrétiens, assassinant méthodiquement ces derniers. Ils tuent 142 étudiants, 3 gardes et 3 policiers. Le groupe Al-Shabaab, lié à Al-Qaeda, revendiquera l’attaque. Leur but : imposer la charia et leur conception du salafisme en Afrique de l’Est.
Un an après le massacre, la vie reprend peu à peu au sein du campus. Le matin, quelques étudiants rejoignent de nouveau l’université via un petit chemin de terre. Autrefois lieu agité entouré de commerces, c’est dorénavant un quartier abandonné. Des bidons disposés ça et là sur la route ralentissent les voitures. Deux gardes lourdement armés filtrent les entrées. Chaque visiteur est sommairement fouillé avant de franchir le portail. Mohammed habite à deux pas d’ici. Etudiant en première année, il se souvient « de l’avant ». Il venait souvent boire un thé avec ses amis dans l’une des gargotes. « Aujourd’hui, on a l’impression de rentrer dans un camp militaire », soupire-t-il. Mais l’important est là : il peut suivre des cours.
Avec africatime.com
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