Burundi-FNL Originel : Fdlr retournées en RDC et milices désarmées pour des élections crédibles

Redigé par IGIHE
Le 12 août 2015 à 12:44

Bernard Batungwanayo est vice président du Parti FNL Originel (Forces Nationales de Libération) burundais. Il se prête au micro d’IGIHE pour déclarer que la question principale du président Nkurunziza n’est pas liée à son troisième mandat mais plutôt aux crimes contre l’humanité qu’il a commis avant de prendre le pouvoir. Jugé alors par contumace, reconnu coupable par les tribunaux locaux et condamné à mort, il craint qu’à son départ du pouvoir, il risque de répondre de ses crimes.
Le FNL Originel est (...)

Bernard Batungwanayo est vice président du Parti FNL Originel (Forces Nationales de Libération) burundais. Il se prête au micro d’IGIHE pour déclarer que la question principale du président Nkurunziza n’est pas liée à son troisième mandat mais plutôt aux crimes contre l’humanité qu’il a commis avant de prendre le pouvoir. Jugé alors par contumace, reconnu coupable par les tribunaux locaux et condamné à mort, il craint qu’à son départ du pouvoir, il risque de répondre de ses crimes.

Le FNL Originel est allié au régime de Nkurunziza et à son parti le CNDD-FDD qu’il accuse de collaborer avec un groupe terroriste. Cependant, Batungwanayo lui s’est désolidarisé de son parti, a-t-il dit.

Il accorde à IGIHE cette interview une ou deux semaines après qu’il ait écrit une lettre à Ban Kimoon, le Secrétaire Général des Nations Unies, le 27 juillet dernier, lui demandant d’intervenir dans la crise burundaise avant qu’il ne soit trop tard.

L’interview :

IGIHE : Quelle est d’après vous la cause de l’insécurité au Burundi ?

Bernard :
Une certaine opinion dit que tout est causé par le fait le président Pierre Nkurunziza a brigué un troisième mandat illégal violant l’esprit des Accords d’Arusha. Il y a une autre cause. Avant qu’’il ne prenne le chemin de la guérilla pour rejoindre le CNDD-FDD, Nkurunziza avait commis des crimes d’assassinat pour lesquels il a été condamné à mort par le tribunal de Bujumbura.

Or l’article 6 des accords d’Arusha prescrit la répression des crimes (d’assassinats politiques) de 1962 à 2003. L’article en question précise que les dirigeants du Gouvernement de la Transition devaient poursuivre de tels criminels, ce que les gouvernements de Pierre Buyoya et de Domitien Ndayizeye n’ont pas fait.

Je trouve que leur rage pour un troisième mandat obéit à un objectif non déclaré qu’il n’ont pas pu exécuté au cours des deux mandats consommés. Je veux dire commettre des crimes comme le génocide des hutu et des Tutsi de l’opposition démocratique. Je prendrais donc le troisième mandat de Nkurunziza comme un paravent contre un autre président qui viendrait lever le voile sur les crimes commis par ces dirigeants.


IGIHE : Un génocide serait-il en préparation au Burundi ?

Bernard : “Allons ! Quand un Gouvernement commence à distribuer des armes à des groupes non militaires, non policiers, cela veut dire qu’il leur donne des pouvoirs indus. Ils sont équipés en armes mais sans lois de conduite. En ce moment, ils se comportent à leur façon et comment ils l’entendent. Et c’est cela qui se passe actuellement au Burundi. Je me dis que demain ou après demain, ils échapperont au contrôle de ceux qui leur auront distribué ces armes. Ils se monteront contre eux et les massacreront.

IGIHE : Parmi ces groupes armés, on parle des FDLR, le confirmez-vous ?

Bernard : Dans notre correspondance au Secrétaire Général des Nations Unies, nous avons montré que notre pays a une armée, une police et autres institutions chargées de sécurité du pays. Nous lui avons montré que les autorités actuelles vont en RDC voisine y recruter des FDLR et les incorporer dans les organes nationaux de sécurité.

Ils sont bl et bien incorporés dans ces organes nationaux de sécurité. C’est incompréhensible, mais c’est ainsi. Cela veut dire qu’ils ont des plans louches que nous ne connaissons pas. C’est même la raison pour laquelle nous lançons une alerte, un SOS à la Communauté internationale pour qu’elle adjoigne à Nkurunziza de ramener les Fdlr d’où ils sont venus, qu’il désarme ses milices parce que nous avons une armée et une police régulières.

Les Fdlr ne cachent pas leur identité. Tout observateur peut les voir à l’oeuvre. Toute personne qui veut les voir les verrait sans problème. Il saurait quand et dans quelles circonstances ils sont entrés dans le pays. Le Burundi est si petit que nous nous connaissons tous.

IGIHE : Les pourparlers et le dialogue pourraient-ils ramener la paix au Burundi ?

Bernard : Les négiociations, au train où elles vont actuellement, semblent à une partie de cache cache. La question essentielle ce sont les Accords d’Arusha qui n’ont pas été appliqués pour qu’il soit mené des investigations sur les crimes commis dans le pays. Ces crimes ont été commis par la plupart des dignitaires actuels du régime. Tant que nous sommes gouvernés par des criminels assassins, des voleurs, on aura toujours des problèmes. Les négociations sont possibles. Mais il faut que la Communauté Internationale nous aide et qu’elle évite toute tendance partisane. Qu’elle s’en tienne à l’esprit et à la lettre des Accords d’Arusha sans se baser sur la nouvelle situation créée par le régime.

Au cas où les criminels étaient punis par la loi, la paix serait vite rétablie dans le pays sans nécessité d’un autre dialogue.
Je n’ai pas beaucoup d’espoir des résultats pouvant être atteints par le Médiateur ugandais Joël Museveni parce que Nkurunziza a été conseillé en vain par plus puissants que lui dont l’Union Africaine, les USA et l’Union Euroopéenne.

IGIHE : Qu’est ce qui doit être fait actuellement ?

Bernard : L’ONU est l’instance internationale suprême. Dans la correspondance que je lui ai adressée, j’ai demandé qu’elle protège la minorité tutsi burundaise qui sont des laissés-pour-compte. Elle doit au préalable obliger Nkurunziza à ramener les Interahamwe en RDC où il les a pris. Ensuite, elle doit lui ordonner à lâcher le pouvoir qu’il est entrain de prendre de force.
Enfin, l’ONU lui obligerait de désarmer les Imbonerakure (jeunesse du CNDD-FDD) pour que les Barundi s’asseyent à la table des négociations pour organiser des élections transparentes et ouvertes à tous les Barundi en toute tranquillité et sérénité.


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