Burundi : les Imbonerakure, « on les sent, mais on ne les voit pas »

Redigé par IGIHE
Le 15 février 2016 à 01:15

Mouchards, miliciens, maquisards… Qui sont ces hommes de l’ombre qui font régner la terreur ?
C’est une petite maison située tout près de la 1re Avenue, à l’entrée de Musaga, l’un des quartiers contestataires de Bujumbura. Sur cette langue de terre et de cailloux qui mène aux flancs du Bujumbura rural, les descentes de la police sont fréquentes et les espions, dit-on, sont légion. Pas question donc pour celui que l’on nommera Alexandre (il s’agit d’un prénom d’emprunt), 32 ans, de raconter son supplice (...)

Mouchards, miliciens, maquisards… Qui sont ces hommes de l’ombre qui font régner la terreur ?

C’est une petite maison située tout près de la 1re Avenue, à l’entrée de Musaga, l’un des quartiers contestataires de Bujumbura. Sur cette langue de terre et de cailloux qui mène aux flancs du Bujumbura rural, les descentes de la police sont fréquentes et les espions, dit-on, sont légion. Pas question donc pour celui que l’on nommera Alexandre (il s’agit d’un prénom d’emprunt), 32 ans, de raconter son supplice dans la rue.

Son histoire est d’une terrible banalité dans le Burundi d’aujourd’hui : une arrestation alors qu’il se cache dans un autre quartier réputé « plus tranquille », un passage à tabac et des sévices sexuels au sein de « la Documentation », le siège du Service national du renseignement (SNR), plusieurs jours de détention dans le plus grand secret et, trois semaines plus tard, une libération en échange d’une forte somme d’argent que sa famille s’est empressée de réunir.

Tout juste remis physiquement, Alexandre arrive enfin à relier les fils de son calvaire. Il est persuadé qu’on l’a pris pour un autre, un homme soupçonné d’avoir tué un partisan du pouvoir et de lui avoir coupé la langue. Il est certain, aussi, d’avoir été dénoncé par ceux que l’on appelle les Imbonerakure (« ceux qui voient loin », en kirundi) et qui constituent la ligue des jeunes du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Il connaît même leurs surnoms : Samson et Musaga. « Ce sont des anciens du quartier. Ils sont connus ici, ils servent d’informateurs. » L’un d’eux, affirme-t-il, est venu le voir en détention pour confirmer ses accusations. L’autre aurait fait passer ce message à l’un de ses cousins après sa libération : « Vous avez pu payer, mais la prochaine fois, vous ne retrouverez pas sa tête. »

Avec jeuneafrique.com


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