Annoncé grand favori avant même d’être officiellement candidat, le chef de l’État affichait une belle assurance ces derniers mois.
Convaincu de pouvoir compter sur le soutien indéfectible des campagnes, où vivent plus de 80 % des Burundais, et sur celui de son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), Nkurunziza s’est jusqu’à présent contenté d’opposer une fin de non-recevoir aux accusations de plus en plus pressantes d’illégalité pesant sur sa candidature lancées par la société civile, une partie du haut clergé catholique et une majorité de la classe politique - jusque dans son propre camp.

Fort de ce qu’il estime être son bon droit, il ignore même les remontrances de Barack Obama et de la communauté internationale, qui le mettent régulièrement en garde contre toute tentation de tripatouillage constitutionnel.
"Il n’écoute personne et certainement pas la voix de la raison, alors que le pays court le risque de se radicaliser dans les prochaines semaines", craint Richard Nimbesha, qui a été le premier au sein du CNDD-FDD à remettre en question une nouvelle candidature de son président.
Un crime de lèse-majesté qu’il a payé de son éviction du parti, en janvier. Il n’est pourtant pas seul. Même si officiellement le CNDD-FDD continue de parler d’une seule voix, celle de son maître, la contestation semble gagner les rangs jusqu’alors bien ordonnés de l’ancienne rébellion hutue, au pouvoir depuis 2005.
Au coeur de cette fronde pour l’instant silencieuse : la constitutionnalité d’un éventuel troisième mandat. "Le problème, aujourd’hui, est de savoir quel document prime : les accords d’Arusha signés en 2000 [après sept ans de guerre civile] ou la Constitution promulguée cinq ans plus tard ?" résume Didace Kiganahe, spécialiste en droit constitutionnel.
Poser la question, c’est déjà y répondre, puisque, comme le rappelle François Bizimana, porte-parole du parti d’opposition CNDD (issu d’une scission avec le CNDD-FDD), "le préambule de la Constitution réaffirme la nécessaire conformité de celle-ci avec Arusha". Or selon les accords de 2000, "le chef de l’État est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois" ; tandis que la Constitution précise, dans son article 96 : "au suffrage universel direct"...
Un détail sur lequel surfe aujourd’hui le camp Nkurunziza pour justifier une nouvelle candidature. Élu en 2005 par le premier Parlement post-transition, le président estime n’avoir été élu qu’une seule fois au suffrage universel, en 2010, et qu’il peut donc se représenter cette année encore.
La question aurait pu être tranchée définitivement en sa faveur en mars 2014, lorsque le gouvernement a présenté son projet de révision constitutionnelle devant un Parlement cantonné à jouer les chambres d’enregistrement depuis le retrait de l’opposition aux dernières élections. Mais l’amendement a été rejeté à une voix près, incitant Nkurunziza à tenter de passer en force.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!