Bob Rugurika, célèbre journaliste burundais de la Radio publique africaine (RPA), une chaine privée, est libre. Il a été relâché sous caution tôt ce jeudi 19 février suite à une décision rendue la veille par la cour d’appel. A son retour vers la capitale du pays, Bujumbura, une foule impressionnante l’attendait dans les rues.
C’est du jamais-vu : un véritable triomphe pour Bob Rugurika et sa radio, la RPA. Dès que la radio a annoncé sa libération ce jeudi matin, aux environs de 8h heure locale, des dizaines de milliers de Burundais sont descendus dans la rue et sont venus s’installer sur l’ensemble de son parcours, sur plusieurs kilomètres. Et ce, malgré une mise en garde très solennelle du ministre de l’Intérieur Edouard Nduwimana, qui avait interdit dès la veille toute manifestation.
L’ordre avait même été donné à la police de tout mettre en œuvre pour en empêcher un éventuel rassemblement. Mais rien à faire, les forces de l’ordre ont été totalement débordées. Des hommes, des femmes, des enfants, des chômeurs, des fonctionnaires ; tout le monde est venu spontanément pour ovationner le retour de prison du directeur de la RPA, devenu aujourd’hui le symbole de la liberté d’expression au Burundi.
Un cortège sur la route
Ce que voulait éviter le pouvoir burundais est donc arrivé. Mercredi soir, la police a tout tenté pour emmener Bob Rugurika à Bujumbura de nuit. Mais le directeur de la RPA a refusé, craignant un attentat contre sa vie. Il a donc quitté sa prison de Muramvya, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale, ce jeudi matin, dans un cortège d’une cinquantaine de voitures, sans compter des taxis-motos et des taxis-vélos, couverts de branches d’arbres vertes, symbole des uniformes des prisonniers burundais.
De mémoire de Burundais, c’est la première fois que l’on voit une telle manifestation. Des personnes rencontrées dans cette foule assurent qu’elles n’ont plus peur : « Le courage de Bob Rugurika a déteint sur nous, nous n’avons plus peur de leur police, de leurs armes », martèle une vieille femme. « Tout a changé, la peur va désormais changer de camp », renchérit un jeune homme, taxi-vélo de son état, tandis que l’un de ses aînés, âgé de 50 ans, confie : « Cela ressemble aux scènes qu’on m’a racontées, qui ont marqué le jour de l’indépendance en 1961. »
Des remerciements au peuple burundais
Devant le siège de la RPA, c’est aussi une ambiance de folie qui règne ce jeudi. Bob Rugurika s’est tout de suite rendu sur place dès sa sortie de prison. Et la foule l’a acclamé en dépit de la forte présence des forces de l’ordre. Une centaine de policiers équipés de matériel anti-émeute et de deux camions étaient déployés pour tenter de déloger les manifestants, mais la foule n’a rien voulu entendre. La situation reste tendue et pourrait dégénérer d’un moment à l’autre.
Dès son arrivée dans la station de radio, Bob Rugurika a participé à l’émission Kabizi, diffusée en direct. C’est la plus célèbre du pays. Les premiers mots de Bob Rugurika ont été adressés à la population du Burundi, à laquelle il « doit cette victoire ». Puis il a annoncé que quoiqu’il arrive, les assassins des trois religieuses italiennes tuées en septembre 2014 seront tôt ou tard châtiés.
« J’ai des sentiments de joie. J’ai un sentiment de victoire mais ce n’est pas ma propre victoire ; c’est la victoire, aujourd’hui, du peuple burundais, de ce peuple conscient et responsable de l’avenir de son pays. Aujourd’hui, c’est aussi la victoire de la justice ; c’est la victoire de la famille des journalistes. Je salue le courage des journalistes qui se sont battus pour ma libération. Je salue et je remercie du fond du cœur l’implication des activistes de la société civile, sans oublier l’implication des amis du Burundi, des diplomates accrédités ici. Cette victoire ne va plus s’arrêter », s’est-il réjoui.
« Vous savez, les gens qui ont décidé mon arrestation ; les gens qui ont décidé ma détention se recrutent parmi les gens impliqués dans cet assassinat. Cela, je n’ai pas peur de le dire parce qu’on l’a démontré dans les informations qu’on a diffusées et on le démontrera même dans l’avenir. Ces gens ont pensé, qu’en procédant à mon arrestation, qu’ils enterreraient cette histoire mais cela leur ait revenu en pleine figure. Tôt ou tard, ils payeront cela », a déclaré le directeur de la RPA, Bob Rugurika.
Satisfaction également des membres de la société civile qui ont combattu pour la libération du journaliste de la RPA, à l’image de Pacifique Nininahazwe, membre du Forum pour le renforcement de la société civile au Burundi.
Avec RFI
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