Cependant, cette course effrénée vers le pouvoir prenait des allures xénophobes en tout temps lorsqu’il s’agissait des politiciens du Kivu. Démagogues attitrés, leurs projets de sociétés avancés pour rafler les voies à leurs rivaux, concurrents, adversaires ou ennemis politiques est qu’ils vont expulser au Rwanda les Rwandais (entendez les Banyamulenge et les rwandophones du NordKivu). Projet haineux qui n’a jamais fait – fort heureusement – preuve d’une quelconque effectivité pour la satisfaction de leurs concepteurs.
Anzuluni Bembe, l’ancien président du HCR/PT (on le surnommait *-l’Ange-Loup-Nu-* par le journal Satirique le Grognon à l’époque du Mobutisme) et ses acolytes Lwabanji et consorts s’y étaient hasardés en 1996 avec une pugnacité têtue dépassant de loin celle d’un âne en donnant un ultimatum de 7 jours aux Banyamulenge d’avoir quitté leurs villages, sans succès. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un homme à la soutane, de surcroit un Cardinal, qui n’a pas (pensons comme ça) d’ambitions politiques, indubitablement les questionnements fusent de partout. Le Cardinal Fridolin Ambongo car c’est de lui qu’il s’agit, en visite dans la région meurtrie de Beni-Butembo dans la province du Nord-Kivu avant la fin de l’année 2019, avait alerté sur la situation de conditions de vies infrahumaines dans lesquelles vivent les populations de cette contrée.

Le Cardinal Fridolin Ambongo lance de lourdes hérésies dans son homélie
Cependant, dans une conférence de presse tenue à son retour à Kinshasa le 03/janvier/2020, le plus grand prélat catholique de la région des grands lacs avait mordicus avancé dans son homélie publique des propos d’une ambigüité feutrée, mais déconcertante prêchant le régionalisme, le divisionnisme, bref la discrimination.
Bien que rarissime qu’un politicien ou un homme public congolais reconnaissait haut et fort l’incontestabilité de la nationalité des Banyamulenge et des rwandophones de Masisi-Rutshuru, dans ladite conférence de presse *« l’homme de Dieu (sic) »* a eu dans son *laïus, de grossiers mensonges* susceptibles d’attiser l’inimitié et de booster les reflexes – devenus quasiment pavloviens – des démons des génocides des tutsis dans la region des Grands Lacs africains.
Stigmatisation des tutsi congolais rwandophones
La première grossièreté est la stigmatisation des Tutsis du Sud, Nord-Kivu et ceux de l’Ituri à laquelle il s’est adonné. En présentant que ces nationaux congolais à l’occurrence les Banyamulenge, les rwandophones et les Hema ont des frères ou des semblables de mêmes souches dans les pays limitrophes comme l’Uganda, le Rwanda et le Burundi c’est exposer ces paisibles citoyens (militaires que civiles, politiciens ou non) de ces communautés éparpillés dans les différentes provinces du pays en incitant à la vindicte populaire d’une autre partie des Congolais par son imaginaire ou supposée instrumentalisation dont ils seraient inoculés, consciencieusement ou non.
Car, se basant- soulignons-le- sur des rumeurs, il allègue avec ostentations que ces trois pays constitueraient le cheval de Troie de la balkanisation à travers ses présumés déversements de leurs populations à l’Est de la RDC.
Un autre mensonge fabriqué par le cardinal qui devrait faire honte de la part d’un homme d’une grande probité intellectuelle est celui d’insinuer la promiscuité qui existerait entre le territoire de Fizi et le Rwanda. Une aberration capricieuse étant donné que, un élève du secondaire qui a bien maitrisé son cours de géographie saura très bien que le territoire de Fizi se situe à plus de 100 km du Rwanda. Donc sans frontière commune. Ceci est une affirmation non seulement grossière mais aussi dangereuse pour tous les Kivutiens et autres Swahiliphones vivant par exemple à Kinshasa.
Si un homme de son acabit ne sait pas faire la démarcation des frontières de son pays comment voulez-vous qu’un « kuluna » de Kinshasa puisse faire la différence entre un Mushi de Walungu ou de Kalehe et un Munyamulenge de Minembwe ? N’est-ce pas qu’à Kinshasa on les traite tous de Baswahili ?
La chasse à l’homme qui s’en suivrait constituerait par malchance un danger commun aux Swahilophones. Par ailleurs, le déversement des populations transfrontalières supposé par le prélat vers l’Est de la RDC n’est encore qu’une machination. En effet, vu l’insécurité qui règne dans ces zones infestées des vautours et d’agneaux de tout genre, qui s’y aventurerait à part des mercenaires contrebandiers des minerais prêt à tout faire ?

Banyamulenge continuellement menacés et chassés de leur territoire
À contrario, au Sud-Kivu par exemple, des milliers de membres de la communauté de Banyamulenge, sont contraints à l’exil chassés par les milices des populations voisines notamment les Bafulero, Babembe et Banyindu et fuient à l’étranger au Burundi, au Rwanda et en Ouganda ou au Kenya. Il en est de même à Rutshuru comme à Béni vu l’insécurité qui y règne. Les camps de refugiés dans ces pays précités sont des preuves probantes. Ceci constitue bel et bien une énième énormité de la part de ce « prince de l’Eglise Catholique congolaise ».
De plus, le déversement à l’Est de la RDC des Rwandais chassés de la Tanzanie est une pire invention voire même une affabulation. En 2013 les Rwandophones de Masisi qui avaient été forcés de s’exiler vers le Rwanda fuyant les exactions de leurs voisins les traitant d’être de mèche avec le M23, n’ayant pas supporté les conditions de vie dans les camps de refugiés à Kigeme au Rwanda, sont rentrés à Chengerero dans leur Rutshuru natal. Leur retour au bercail avait déclenché à l’époque beaucoup de vacarmes dans certains médias les faisant passer pour des rapatriés rwandais venus de la Tanzanie, car cette période coïncidait avec ces rapatriements forcés.
Effarant ! Au lieu de prêcher l’évangile de l’amour du prochain comme il se doit, notre prélat a versé dans le sensationnalisme médiatique. Certes, faisant la plaidoirie pour sauver – oh combien c’est louable mon Dieu – les habitants de Beni-Butembo des exactions mortifères des rebelles de l’ADF-NALU, le Cardinal a anathématisé les Tutsis de la RDC comme furent en 1998 avec le tristement célèbre « verminologue » Yerodia Ndombasi, conseil de Kabila père.
Par malice ou inconsciemment ?
Les prélats des pays de Grands Lacs africains reçoivent-ils une onction de potions magiques anti-tutsies avant leur ordination ? Au Rwanda, déjà en 1959 avant l’indépendance et en 1994 lors du génocide des Tutsis, leurs seigneurs Perraudin et Misago qui débitèrent de similaires venins haineux aux conséquences connues de tous, sont des exemples typiques. *-Homo homini lupus-*, dit-on.
Un autre canular du mauvais goût du cardinal emboîtant les pas au va-t-en guerre l’ancien premier ministre Adolphe Muzito, est cette évocation d’une coalition des pays limitrophes de l’Est pour balkaniser la RDC couplée benoîtement du dédouanement de fameuses Forces Armées de la République Démocratique Congo [FARDC]. En effet, Si ces pays avaient coalisées dans les temps passés, actuellement ceci ne peut pas être aisément envisageable étant donné que ces pays ne sont pas entre eux-mêmes en odeur de sainteté.

De plus, incroyable mais vrai, sous quels cieux où l’on voit les hommes sous les drapeaux en zones opérationnelles transférer du matériel militaire aux rebelles de son pays, si ce n’est qu’en RDC ? Les politiciens congolais en général au lieu de faire le diagnostic de la situation interne qui prévaut dans leur pays notamment la corruption trans-générationnelle qui a gangrené la société congolaise depuis son indépendance jusqu’à ce jour, ils s’échinent à traficoter des boucs émissaires responsables du malheur congolais, pour camoufler leur voracité outrancière aux yeux des citoyens lambdas morts de faim. C’est le moment d’apprécier l’actualité de la boutade de Jean Paul Sartre ; « L’enfer c’est les autres ».
Balkanisation non Cardinal, mais à la longue avec vos homélies haineuses, oui !
Pour clore notre ahurissement, nous osons croire que si balkanisation il y aura, elle se fera in fine avec l’aval des grandes puissances en connivence avec les diplomates du palais en verre de New-York et bien sûr l’autorité suprême du pays comme furent les cas de l’Erythrée et le Sud-Soudan où les accords d’Addis-Abeba et de Khartoum ont été déterminants.
Nonobstant, si les Congolais en général continuent à permettre moutonnement les gloutonneries et le vampirisme ecclésiastique de leurs politiciens et légats sans s’assumer et se mettre au travail, la fatalité de la balkanisation tant redoutée tombera un jour comme un couperet sans qu’ils aient eu à optimiser leurs potentialités tant humaines qu’environnementales.
Quant au Cardinal Fridolin Ambongo, entre l’exorcisation des âmes de ses fidèles et l’endoctrinement funeste de leurs consciences, la démarcation devrait être nettement évidente. D’autre part, dans un Etat de droit ou digne de ce nom un impérieux choix s’imposerait entre le renvoi vers Vatican et l’expédition à Gravenhage. Mawa trop mon cardinal ! On ne construit pas une nation avec des galéjades.
L’auteur de ce texte Alain Rumenge Nt est Maitre Es Sciences en Sante Publique de l’Universite de Laval/Canada, enseignant d’université et Militants de Lutte pour le droit de l’Homme en Afrique centrale et de l’Est (LDH/ACE)
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