Comment François Hollande a abandonné le pacte de stabilité pour le pacte de sécurité

Redigé par Le monde
Le 23 novembre 2015 à 12:07

Trois jours après les attentats du 13 novembre, François Hollande a annoncé lundi devant le Parlement réuni en Congrès une hausse exceptionnelle des effectifs de sécurité de l’Etat : 5 000 postes doivent être créés dans la police et la gendarmerie en deux ans, 2 500 dans la justice (notamment dans l’administration pénitentiaire) et 1 000 dans les douanes, pour faire face au renforcement des contrôles aux frontières. Pas moins de 10 000 postes devraient avoir été créés sur l’ensemble du quinquennat – à (...)

Trois jours après les attentats du 13 novembre, François Hollande a annoncé lundi devant le Parlement réuni en Congrès une hausse exceptionnelle des effectifs de sécurité de l’Etat : 5 000 postes doivent être créés dans la police et la gendarmerie en deux ans, 2 500 dans la justice (notamment dans l’administration pénitentiaire) et 1 000 dans les douanes, pour faire face au renforcement des contrôles aux frontières. Pas moins de 10 000 postes devraient avoir été créés sur l’ensemble du quinquennat – à condition que l’Etat réussisse à recruter autant d’agents de l’ordre dans un délai aussi court, ce qui risque d’être matériellement très compliqué, comme l’explique Europe 1.

Pour financer ces annonces, le président français va devoir réduire le rythme de réduction du déficit public et a d’ores et déjà dit adieu à la barre des 3 % en 2017 Promesse en doute de François Hollande promise à Bruxelles. Car, pour lui, le " pacte de sécurité " l’emporte aujourd’hui sur le " pacte de stabilité " qui impose aux Etats de l’Union européenne de maintenir leur déficit et leur dette.
Coupes drastiques dans le budget de l’armée

Un changement de discours radical par rapport au début du quinquennat, quand François Hollande visait encore un déficit de 3 % pour 2013 Promesse brisée de François Hollande. Pendant ses deux premières années à l’Elysée, il avait certes placé la sécurité au rang des missions prioritaires épargnées par les coupes budgétaires, mais s’était contenté de créer 1 000 postes annuels dans la police, la justice et la gendarmerie Promesse tenue de François Hollande, comme promis pendant la campagne.

L’armée (hors gendarmerie) ne faisant pas partie de ces priorités, elle avait dû subir d’importantes restrictions budgétaires. En 2013 et 2014, le ministère de la défense avait respectivement perdu 7 000 et 7 900 postes – soit la plus forte coupe dans les ministères jugés " non-prioritaires ".

Quelques mois plus tard, la loi de programme militaire votée par le Parlement signait la disparition de 34 000 postes sur cinq ans dans l’armée.

La potion passait si mal que le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, pourtant proche de François Hollande, avait engagé une passe d’armes avec Bercy et alerté Manuel Valls dans une lettre sur les conséquences de telles coupes.
Le tournant des attentats de janvier

Tout a changé après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, en janvier 2015. Quelques jours après ces drames, François Hollande a entamé un virage à 180 degrés dans sa politique budgétaire lors de ses voeux aux armées. " La situation exceptionnelle que nous connaissons doit conduire à revenir sur le rythme de réduction des effectifs qui avait été programmé pour les trois prochaines années ", reconnaît-il. Ce rythme doit être revu et adapté. " La version actualisée de la loi de programmation militaire votée à l’été 2015 a finalement conservé 7 500 des 34 000 postes qui devaient être supprimés. Quant au budget de la défense, il a été " sanctuarisé " en 2015 à 31,4 milliards d’euros, et même rallongé de 3,8 milliards d’euros sur la période 2016-2020.

En parallèle, Manuel Valls a dévoilé en janvier un plan contre le terrorisme qui prévoit 2 680 créations de postes supplémentaires dans les forces de l’ordre, la justice et les douanes par rapport à ce qui était jusqu’alors prévu.

Si les engagements budgétaires de la France s’annonçaient déjà très difficiles à tenir avant les attentats du 13 novembre, ils sont désormais enterrés, avec la bénédiction de Bruxelles, qui dit " comprendre " la priorité donnée par le gouvernement français à la sécurité.

En abandonnant toutes sa promesse d’un retour à l’équilibre budgétaire en 2017 Promesse en doute de François Hollande, François Hollande va paradoxalement revenir à un autre engagement de son programme de campagne de 2012 : promettant d’être " très vigilant dans l’action contre le terrorisme ", le candidat socialiste écrivait " Je maintiendrai une ambition nationale élevée pour notre outil de défense [et] je veillerai à ce que les armées disposent des moyens de leur mission et d’une organisation performante " Promesse en doute de François Hollande


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