Communiqué d’IBUKA-France contre la libération anticipée du génocidaire Ferdinand Nahimana

Redigé par Marcel Kabanda, Président d'Ibuka France
Le 18 décembre 2016 à 11:00

Nous avons appris par une dépêche de l’AFP que le juge Theodor Meron a accordé une libération anticipée à deux prisonniers rwandais condamnés pour leur implication dans le génocide commis contre les Tutsi du Rwanda en 1994.
Parmi eux, il y a l’historien Ferdinand Nahimana, condamné pour son implication au plus haut point dans la création, dans le recrutement des journalistes, dans le fonctionnement et dans la définition de la ligne éditoriale de la Radio Libre des Mille collines (RTLM), celle qui, dès (...)

Nous avons appris par une dépêche de l’AFP que le juge Theodor Meron a accordé une libération anticipée à deux prisonniers rwandais condamnés pour leur implication dans le génocide commis contre les Tutsi du Rwanda en 1994.

Parmi eux, il y a l’historien Ferdinand Nahimana, condamné pour son implication au plus haut point dans la création, dans le recrutement des journalistes, dans le fonctionnement et dans la définition de la ligne éditoriale de la Radio Libre des Mille collines (RTLM), celle qui, dès août 1993, a fait campagne contre l’application des accords de paix, semant la peur et la haine, appelant à la guerre ethnique.

Celle qui, dès avril 1994, s’est instituée comme l’état-major des mots, diffusant les directives visant clairement à ériger des barrières, à contrôler la circulation des Tutsi et à les massacrer sans distinction.

La libération anticipée des prisonniers est une pratique courante. Le juge Meron n’a pas violé le Code pénal. Mais on peut se demander si elle est accordée sans condition. Nahimana Ferdinand n’a pas été condamné pour un crime isolé et marginal, mais pour avoir contribué à conditionner des milliers de personnes à commettre un génocide.

A notre connaissance, cet homme n’a jamais reconnu sa faute et n’a jamais exprimé un quelconque remords. Selon la dépêche, Nahimana aurait montré des signes de réhabilitation. Le juge Meron aurait soulagé les rescapés en les rendant publics. Ils sont aujourd’hui accablés par une mesure prise dans l’ignorance totale de leur souffrance et sans aucune considération pour la mémoire des victimes.

Pour ces motifs, nous demandons au nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres de relever le Juge Theodor Meron de ses fonctions dans le dossier Rwanda. Sa présidence du TPIR s’est illustrée par des décisions par trop clémentes à l’égard des responsables au sommet du gouvernement rwandais qui a orchestré le génocide.

Par respect pour l’indépendance de la justice, nous avons évité de le dénoncer. Mais s’il entreprend de les libérer l’un après l’autre, nous craignons que cela annule les effets d’une action initiée par la communauté internationale afin de pacifier et réconcilier par la vérité et la justice le peuple rwandais.

Au nom de leur responsabilité à prévenir et réprimer les actes de génocide, nous invitons les Etats membres de l’ONU à ne pas se rendre complices d’une mesure qui s’apparente au déni du génocide et à l’impunité de ceux qui l’ont perpétré. Aussi, nous leur demandons de ne pas recevoir sur leur sol des hommes condamnés pour ce crime et libérés avant d’avoir purgé la totalité de leur peine.

Peut-on dénoncer les discours nauséabonds qui circulent aujourd’hui sur les réseaux sociaux et traiter avec légèreté la propagande de haine qui a précédé et accompagné


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