En visite à Cuba, François Hollande devient le roi de la « diplomatie économique »

Redigé par Le Monde
Le 11 mai 2015 à 08:32

Si François Hollande débarque à Cuba, ce lundi 11 mai, ce n’est bien sûr pas pour y mettre à bas le régime castriste. Même pas pour y émettre une quelconque protestation quant au sort réservé aux dissidents. Dans l’une des dernières dictatures communistes de la planète, où 9 000 opposants ont été interpellés en 2014 et où l’activité des journalistes et artistes indépendants les conduit à coup sûr dans une cellule de prison, le chef de l’Etat n’a prévu aucune expression publique sur la question des droits de (...)

Si François Hollande débarque à Cuba, ce lundi 11 mai, ce n’est bien sûr pas pour y mettre à bas le régime castriste. Même pas pour y émettre une quelconque protestation quant au sort réservé aux dissidents. Dans l’une des dernières dictatures communistes de la planète, où 9 000 opposants ont été interpellés en 2014 et où l’activité des journalistes et artistes indépendants les conduit à coup sûr dans une cellule de prison, le chef de l’Etat n’a prévu aucune expression publique sur la question des droits de l’homme. Tout au plus devrait-il évoquer celle-ci dans son tête à tête avec le président cubain Raul Castro. Sans que personne ne soit donc en mesure de vérifier dans quelle mesure, et en quels termes il l’a fait.
Hollande-Castro : « une première »

Il ne s’agit évidemment pas non plus, pour le premier président français à effectuer ce voyage hautement symbolique, de magnifier « l’expérience cubaine » telle que l’a idéalisée la gauche française tout au long d’un demi-siècle d’illusions. Mais bien de s’engouffrer dans l’ouverture économique qu’esquisse le frère et successeur de Fidel Castro. Ironie de l’histoire : si Hollande le socialiste s’y opposera aux Yankees, ce ne sera plus pour contester leur modèle économique, mais bien afin de leur disputer de futurs marchés. Voilà pourquoi l’ancien premier secrétaire du PS, à celui du Parti communiste de Cuba, parlera de BTP plutôt que de libertés, de biotechnologies davantage que de démocratie et de télécommunications plus que d’émancipation.

Hollande-Castro : « une première », vante à l’envi l’équipe du chef de l’Etat. Comme l’a été, quelques jours plus tôt, la visite du président au Conseil de coopération du Golfe (CCG), où il fut le premier chef d’Etat occidental invité, en Arabie saoudite, l’un des pays où l’on exécute le plus au monde, mais auquel l’on s’apprête à exporter pour plusieurs dizaines de milliards de dollars de produits made in France. Ainsi va la diplomatie hollandaise, qui sans le moindre complexe arpente le vaste monde afin d’y engranger les contrats. Sans piper mot des libertés fondamentales, dès lors que le business l’exige. Du Golfe persique à la mer des Caraïbes, même combat ?


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