FN : Marine contre Jean-Marie Le Pen, la guerre est déclarée

Redigé par Le Parisien
Le 9 avril 2015 à 11:59

Les responsables du FN se désolidarisent des déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le régime de Vichy et le maréchal Pétain. Marine Le Pen a décidé de s’opposer à la candidature de son père aux élections régionales en Paca. Lui se dit « cuirassé » contre les « trahisons ».
Marine Le Pen rompt avec son père. La présidente du Front national (FN) annonce mercredi dans un communiqué, qu’elle s’opposera à la candidature de Jean-Marie Le Pen, fondateur et président d’honneur du FN, aux élections régionales en (...)


Les responsables du FN se désolidarisent des déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le régime de Vichy et le maréchal Pétain. Marine Le Pen a décidé de s’opposer à la candidature de son père aux élections régionales en Paca. Lui se dit « cuirassé » contre les « trahisons ».

Marine Le Pen rompt avec son père. La présidente du Front national (FN) annonce mercredi dans un communiqué, qu’elle s’opposera à la candidature de Jean-Marie Le Pen, fondateur et président d’honneur du FN, aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur du mois de décembre.

Et si Jean-Marie Le Pen persiste à se présenter en PACA il y aura un candidat du FN contre lui, explique-t-elle dans un entretien à paraître jeudi dans Le Figaro. la décision d’écarter Jean-Marie Le Pen des élections régionales sera entérinée lors d’un bureau politique convoqué le 17 avril.

Président d’honneur du FN Jean-Marie Le Pen, lui, met en garde sa fille Marine contre « une crise qui pourrait être grave de conséquences » pour le Front national. Un peu plus tard sur Radio Courtoisie il s’est dit « pas indifférent » à la spectaculaire brouille qui l’oppose à sa fille mais s’est en même temps présenté comme « cuirassé » contre les « trahisons ».

La guerre est donc ouverte entre le père et la fille. Faisant part de sa « profonde tristesse », Marine Le Pen le met au piquet et explique que « son statut de Président d’honneur ne l’autorise pas à prendre le Front National en otage, de provocations aussi grossières dont l’objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement ». Jean-Marie Le Pen semble « être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique », souligne t-elle.

Jean-Marie Le Pen : « Sauver l’Europe boréale et le monde blanc »

Cette guerre fait suite aux nouvelles déclarations de Jean-Marie Le Pen à l’hebdomadaire d’extrême droite « Rivarol », qui paraît jeudi, mais dont le contenu a été rendu public mardi. Il y multiplie les déclarations choc, évoquant notamment un gouvernement « par des immigrés et des enfants d’immigrés à tous les niveaux », le fait que « Valls (le Premier ministre, soit) français depuis trente ans, moi je suis français depuis mille ans » ou le fait qu’il faille « impérativement nous entendre avec la Russie pour sauver l’Europe boréale et le monde blanc ».

Et surtout, Le Pen père défend le maréchal Pétain, dirigeant du régime de Vichy (1940-1944), qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il ne l’a « jamais considéré comme un traitre ». La semaine dernière, il avait déjà estimé, sur BFMTV, qu’il y avait de « fervents pétainistes » au Front national et réaffirmé que l’emploi de chambres à gaz par les nazis n’était qu’un « détail de la guerre ». Philippe Pétain a été condamné à mort en 1945, peine finalement commuée en prison à vie.

Interrogé sur RTL, Jean-Marie Le Pen a réagi à la décision de sa fille en l’appelant « Madame » : « Je pense que la liberté de penser, la liberté d’expression sont des biens précieux et que le Front National doit les défendre. S’il ne les défend plus, Madame Le Pen doit se poser la question de savoir si ce qu’elle fait est utile à la cause qu’elle prétend servir. » En fin d’après-midi, dans un communiqué, le président d’honneur a mis en garde sa fille contre « une crise qui pourrait être grave de conséquences » pour le FN.

Appuyée par la jeune garde du FN, Marine Le Pen va, pour la première fois, au-delà de la simple condamnation : elle annonçe son intention de l’empêcher de concourir à une élection au nom du Front national. De plus, elle a aussi annoncé son intention de « réunir rapidement un bureau exécutif afin d’envisager avec lui les moyens de protéger au mieux les intérêts politiques du FN ». Ce bureau pourrait se réunir jeudi. Le statut de président d’honneur de Jean-Marie Le Pen y sera étudié.

Louis Aliot, vice-président du Front national, a ainsi estimé que « les désaccords politiques » avec Jean-Marie Le Pen étaient « désormais irréconciliables ». Celui qui est par ailleurs le compagnon de Marine Le Pen écrit, sur son compte Twitter, que « l’entretien de JMLP dans ce torchon antisémite est parfaitement scandaleux et nos désaccords politiques désormais irréconciliables. C’est aussi mépriser les militants qui se battent tous les jours pour défendre nos valeurs contre un système de + en + liberticide ».

Florian Philippot, vice-président du FN, a, pour sa part, estimé sur son compte Twitter, que la « rupture politique avec Jean-Marie Le Pen est désormais totale et définitive. Il a réitéré ses propos mercredi soir sur i>Télé. Sous l’impulsion de Marine Le Pen des décisions seront prises rapidement ».

Quant à Gilbert Collard, député Rassemblement Bleu Marine du Gard, souvent maltraité par Jean-Marie Le Pen, il a affirmé, sur i>Télé, qu’il ne « peut pas supporter qu’on fasse l’apologie de Pétain » et de son « régime criminel ». « Je dois siéger à la commission d’investiture. Je dirai ce que j’ai à dire et ne serai pas le seul. Les ponts sont rompus », a-t-il prévenu. Sur BFMTV, il a aussi déclaré qu’il serait « ravi qu’il ne soit plus président d’honneur du Front national. Mais avec les statuts, on est coincés ».

Dans cette tempête, seul Bruno Gollnisch, député européen issu de la vieille garde du FN et concurrent de Marine le Pen, en 2011, à la succesion de Jean-Marie Le Pen, prend la défense du « menhir ». « Il n’y a aucune raison de sacrifier quelque composante de notre mouvement que ce soit en raison d’une diabolisation artificiellement entretenue, ni de maintenir un climat de tension que chercheraient à nous imposer nos adversaires, responsables du terrifiant déclin de notre pays », écrit l’ancien numéro deux du FN.

« Le respect de la discipline de notre mouvement, la légitime et fructueuse direction de sa présidente, l’accueil de personnalités de qualité venant d’autres horizons doctrinaux me paraissent pouvoir être compatibles avec la liberté d’expression de Jean-Marie Le Pen, à qui nous devons l’existence même du Front national et sa progression au milieu de tant d’épreuves passées », ajoute-t-il.


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