Inde : « Rouge à lèvres sous ma burqa » lève le voile sur la sexualité des femmes

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Le 2 août 2017 à 03:40

Un tabou semble se lever. Nous sommes dans un vieux quartier de Bhopal, ville indienne de taille moyenne. Une fille venant d’une famille musulmane conservatrice se change tous les jours dans les toilettes, troquant sa burqa contre des jeans et du rouge à lèvres pour aller à l’université, où elle tombe amoureuse d’un musicien rebelle.
Sa voisine à peine plus âgée s’envoie en l’air avec son amoureux, un photographe, mais va certainement épouser un autre homme qu’elle ne connait pas pour faire plaisir à (...)

Un tabou semble se lever. Nous sommes dans un vieux quartier de Bhopal, ville indienne de taille moyenne. Une fille venant d’une famille musulmane conservatrice se change tous les jours dans les toilettes, troquant sa burqa contre des jeans et du rouge à lèvres pour aller à l’université, où elle tombe amoureuse d’un musicien rebelle.

Sa voisine à peine plus âgée s’envoie en l’air avec son amoureux, un photographe, mais va certainement épouser un autre homme qu’elle ne connait pas pour faire plaisir à sa famille. Une troisième, mariée et mère de trois enfants, se fait maltraiter, voire violer par son mari qui refuse de mettre des préservatifs, et elle doit donc régulièrement avorter. Enfin, la quinquagénaire, veuve et pudibonde, lit en cachette des romans érotiques et se prend de fantasmes coquins en pensant à son jeune et baraqué professeur de natation.

Des histoires intimes simples mais inédites au cinéma indien

En Inde, parler de sexualité masculine, passe encore, peu de réalisateurs indiens ont encore pu porter le désir féminin à l’écran. Shaguna, une résidente de New Delhi de 28 ans, témoigne de son enthousiasme après avoir vu Rouge à lèvres sous ma burkha. « Pour la première fois j’ai vu une femme de 55 ans s’exprimer sur sa sexualité, ou une autre parler de viol conjugal. Ce film montre de manière très sensible ces questions du quotidien que chaque femme rencontre. Moi, j’ai pu m’identifier à chaque personnage, au moins en partie ».

Pourtant, ce film a failli ne jamais être diffusé en Inde car le comité de certification l’a d’abord interdit à cause, « des scènes continues de sexe, des mots vulgaires et de la pornographie auditive », entre autres. Mais les réalisateurs ont levé cette censure après un recours auprès du tribunal d’appel de la certification. Entre temps, le film a gagné 11 prix internationaux, dont celui du festival du film de femmes de Créteil, en France. Le film a remporté le Grand prix de la 39e édition. Et après deux semaines dans les salles, Rouge à lèvres sous ma burqa connaît un vrai succès.

Internet un espace pour libérer la parole sur la sexualité

Le difficile parcours du film montre bien à quel point la sexualité féminine est taboue en Inde et considérée comme vulgaire par les autorités, généralement contrôlées par des hommes. Si les femmes des petites villes n’ont pas le droit de parler de leurs désirs, elles s’expriment de plus en plus sur internet, à travers par exemple ce site appelé Agents of Ishq, « Les agents de l’amour ». Sur ce site, des femmes anonymes échangent sans retenue ni vulgarité leurs conseils sur le sexe, la contraception, le plaisir et même la masturbation. La toile devient alors un précieux espace de liberté et d’information pour celles qui demandent seulement à mieux comprendre leur corps et ses désirs.


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