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L’artiste Corneille accuse et travestit sa propre histoire

Redigé par Alain Billen
Le 11 octobre 2016 à 07:27

L’artiste Corneille vient de sortir un livre dans lequel il revient sur le drame indescriptible qui l’a marqué jusque dans sa chair ; l’extermination de toute sa famille lors du génocide perpétré contre les Tutsi (la population minoritaire du pays) en 1994.
Ce témoignage du drame de sa vie, ne constitue nullement une première dans la mesure où l’artiste en a régulièrement parlé ouvertement, lors de nombreuses interviews sur les chaînes internationales.
Par contre, là où l’artiste sort de sa rhétorique (...)


L’artiste Corneille vient de sortir un livre dans lequel il revient sur le drame indescriptible qui l’a marqué jusque dans sa chair ; l’extermination de toute sa famille lors du génocide perpétré contre les Tutsi (la population minoritaire du pays) en 1994.

Ce témoignage du drame de sa vie, ne constitue nullement une première dans la mesure où l’artiste en a régulièrement parlé ouvertement, lors de nombreuses interviews sur les chaînes internationales.

Par contre, là où l’artiste sort de sa rhétorique habituelle, c’est lorsqu’il nomme précisément les assassins de ce massacre dont il a été témoin. On peut se poser la question de savoir pourquoi Corneille, qui est toujours resté extrêmement vague au sujet de ces agresseurs, malgré de multiples détails qui donnaient du corps à ses propos, pointe du doigt aujourd’hui deux militaires Tutsi appartenant au FPR (Front Patriotique Rwandais) ; le groupe armé qui devait libérer le pays et mettre fin à l’élimination d’un peuple.

LePays des Mille Collines tout entier, et la diaspora rwandaise se trouvent abasourdis par cette révélation dont les propos choquent quiconque maîtrise un peu les faits marquants de ce génocide qui visait l’extermination des Tutsi.

En effet...

Le massacre a eu lieu le 15 avril, soit seulement 8 jours après le déclenchement du génocide perpétré contre les Tutsi par une frange totalitaire de la majorité Hutue au pouvoir. La terreur régnait dans la capitale. La ville était quadrillée par les forces gouvernementales (Forces armées Rwandaises) ; impossible de sortir de chez soi, traverser la rue signifiait un arrêt de mort.

Les troupes du FPR, libérant le pays (Front Patriotique Rwandais), dirigées par Paul KAGAME, étaient encore cantonnées en dehors de la capitale à l’exception d’un régiment qui s’est trouvé, dès le 7 avril, assiégé au Parlement. Alors que les civils se terraient et se cachaient tant bien que mal, le fait de voir deux militaires isolés du FPR, errer de maison en maison, n’a pas de sens . Le FPR n’est entré à Kigali que fin du mois de juin 1994, soit plus de deux mois après les faits reportés.

Il existe un autre élément qui met à mal la thèse développée par Corneille.Son père était un homme politique appartenant à un parti d’opposition au gouvernement en place. De ce simple fait, il pouvait effectivement craindre pour sa vie et devenir la cible du Régime, comme ce fut le cas pour les autres dirigeants modérés qui ont rapidement été assassinés, car n’appartenant pas à la vision dure des « Hutu Power ».

Cet élément corrobore pleinement l’hypothèse selon laquelle cette exécution fut effctuée par deux militaires appartenant aux FAR (Forces Armées Rwandaises) dans le cadre d’un ratissage systématique des dirigeants modérés.

L’hypothèse selon laquelle des militaires du FPR (engagés à la libération de la ville) se seraient attaqués à la famille de l’artiste semblent encore beaucoup plus contestable, et ceci pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, le père de Corneille n’était pas considéré comme une personnalité importante, et n’était pas catalogué comme faisant partie du pouvoir « Hutu Power ». Ensuite, parce qu’à deux pas de chez lui, son voisin « mitoyen », qui n’était autre que Mathieu NGIRUMPATSE, Président du MRND (le parti du Président Juvénal Habyarimana) véritable planificateur depuis 1990 de l’extermination de la population tutsie et de l’élimination de membres de l’opposition, n’a pas été inquiété le moins du monde.

C’est un peu comme si le commando envoyé par les USA pour tuer « Ben Laden », aurait assassiné le gardien de l’immeuble, laissant leur pire ennemi passer une soirée tranquille devant un « plateau télé ». Là aussi, il faut une sacrée dose d’imagination pour défendre une telle thèse.

Pour étayer ce qui précède, Mathieu NGIRUMPATSE a été condamné à perpétuité en compagnie d’ Edouard KAREMERA qui, selon le TIPR « ont abusé de leur position au sein du MRND... et avaient un agenda commun pour tuer les Tutsi ». Vous pensez vraiment que le FPR qui est reconnu pour son efficacité et son professionnalisme se serait attaqué au « gardien », alors qu’ils avaient au bout du fusil, juste derrière le mur mitoyen, un des pires ennemis exterminateur des Tutsi ?

La dernière réflexion qui me parait troublante concerne le père de Corneille qui, d’après ce qu’écrit l’artiste, était incapable de faire la différence entre deux militaires des FAR (armée du pouvoir) et deux militaires du FPR. Pour un politicien en activité, cela me parait peu probable, d’autant plus que ces militaires lui demandent s’il cache des « cafards », terme utilisé par les génocidaires pour désigner les Tutsi.

On imagine mal des militaires du FPR, prononcer ce mot qui fait, aujourd’hui encore, froid dans le dos de chaque Tutsi. La « Radio Mille Colline », principal outil de propagande de l’époque, diffusait à l’époque des listes de « cafards » à abattre.

En conclusion, si Corneille parle de deux militaires, ceux-ci ne pouvaient appartenir qu’aux « Forces Armées Rwandaises ». En effet, les militaire du FPR n’avaient pas d’uniforme et ne se seraient certainement pas aventuré dans la ville de Kigali avec le moindre signe de reconnaissance. Pour terminer sur ce point, il faut savoir que si les militaires du FPR avaient eu accès à la ville, bon nombres de massacres auraient été évité. Il n’y avait aucune comparaison possible entre la puissante armée disciplinée du FPR et les troupes improvisées des FAR.

Ah oui, je me souviens !

Quant à l’artiste, on est en droit de se demander pourquoi il retrouve soudainement la mémoire. Durant des années, il est resté extrêmement vague aux sujets des « hommes armés ». Il suffit de se référer aux multiples interviews et en particulier à celle reprise dans l’émission télé en 2006 chez Marc-Olivier FOGIEL, où il conclut : « il y a eu juste des hommes armés chez moi, un moment donné »...point barre ! Par contre aujourd’hui, Corneille se rappelle des moindres détails, c’est tout juste s’il ne reproduit pas un dialogue « mot à mot », sans oublier la moindre virgule, 22 ans après les faits !

En février 2006, CORNEILLE explique dans une interview accordé à Nathalie PETROWSKI (La Presse Arts et Spectacles - février 2006) : « Qui a tué ma famille ? Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir. Mais je doute que ce soit le FPR, parce qu’à ce moment-là, son armée n’avait aucun contrôle sur les quartiers. »

Nathalie PETROWSKI écrit dans ce même papier : « De cette nuit terrible, Corneille ne se souvient pas de grand-chose sinon que des hommes armés sont entrés à 3h du matin dans sa maison d’un quartier chic de Kigali. Ils ont abattu tout le monde en vitesse avant de prendre la fuite ».

Lors d’une interview pour SKYROCK, paru le 1er mai 2006, l’artiste se montre très réservé quant aux événements. Il va même plus loin, il veut mettre sa notoriété au service de la réconciliation de tous les rwandais : « J’espère qu’un jour, par ma notoriété et mon discours neutre, je vais rallier les gens, dit-il ». Ensuite, l’auteur de l’interview précise clairement : « Corneille dit toujours ignorer qui a tué ses parents, même s’il était présent au moment de l’attaque. Il préfère parler de réconciliation dans son pays ».

Pour quelqu’un « qui veut rallier les gens, grâce à sa notoriété et son discours neutre », il active plutôt le feu en mettant de l’huile sur les dernières « braises de haine », sur lesquelles s’essoufflent quelques opposants, et anciens génocidaires qui circulent librement en occident.

En changeant sa version des faits, Corneille fait le jeu de ces criminels et adversaires du pouvoir en place à Kigali, dont la seule ambition consiste à provoquer sa chute, alors que ce pouvoir est plébiscité par 98% de Rwandais, et qu’il est placé en 7ième position au classement mondial des nations les mieux gouvernées (World Economic Forum).

La question qui nous vient immédiatement à l’esprit est de savoir pourquoi Corneille change subitement de discours et fait le jeu des opposants alors qu’il sait pertinemment que ces derniers tentent de déstabiliser « son pays » qui a réalisé ce qu’aucune autre nation au monde n’a pu atteindre à ce jour, ramener la paix, la réconciliation, le développement économique et social et surtout, l’unité exprimée par plus de 98% des rwandais.Il existe plusieurs pistes, dont certaines apparaissent comme une évidence.

Je comprends bien qu’en créant le « buzz », Corneille a pour ambition de vendre son livre, faute de succès avec ses derniers albums. C’est aussi cela le show-business !

Corneille savait pertinemment qu’en accusant deux militaires de l’armée du FPR, cela allait créer le « buzz » et que les « opposants » partageraient en masse cette information et boosteraient ainsi les ventes de son « parchemin ».

Il ne s’est pas trompé car dès le lendemain de la sortie de son livre, j’ai vu tourner sur Twitter ce message qui disait à peu près ceci « Kagame a tué les parents de Corneille ». L’artiste a brisé sa propre image de « réconciliateur » qui le rendait plutôt sympathique à l’époque.

Un artiste en manque de succès est il souvent prêt à tout pour retrouver un public ?
L’artiste a certainement subi l’influence des opposants et génocidaires qui ont quitté le pays, et veulent à tout prix déstabiliser le gouvernement de Kigali.

Comment expliquer le changement radical du discours de Corneille sans imaginer qu’il a dû être manipulé par des représentants de l’opposition qui l’ont utilisé comme « caisse de résonance ». Toujours lors de l’interview de 2006, alors que PETROWSKI fait état d’une version de l’assassinat de sa famille, qui impliquerait le FPR, Corneille rétorque qu’il a entendu bien des histoires à son sujet et qu’elles étaient toutes plus farfelues les unes que les autres : "L’ennui avec ces versions contradictoires, c’est qu’elles sont rapportées par des gens qui, contrairement à moi, n’étaient pas là. Alors elles peuvent toujours parler."

Sous influence, l’artiste a-t-il fait de sa nouvelle version des faits, une vérité ? Il faut rappeler que les pays dans lesquels l’artiste a connu un certain succès, sont ceux la mêmes qui regroupent le plus grand nombre d’opposants et de génocidaires en fuite. Est-ce un hasard ? Approché discrètement, Corneille s’est transformé en un outil de propagande idéologique destiné à déstabiliser le gouvernement Rwandais. Je ne vois pas d’autres explications à son revirement, ni à sa mémoire miraculeusement retrouvée.

La « joie » manifestée par les sympathisants de l’opposition (essentiellement issus du RNC), en est la démonstration. Tout ce qui compte d’opposants, d’exilés compromis, de contestataires, s’est emparé des propos de l’artiste pour « partager en masse », via les réseaux sociaux, les articles des journaux ayant repris les propos de Corneille.

Corneille a voulu se payer une thérapie personnelle aux frais d’un Rwanda reconstruit et réunifié.

On ne guérit jamais de ses blessures en cherchant un bouc émissaire.
En accusant deux militaires du FPR, Corneille cherche à atteindre leur Chef, l’actuel Président Paul KAGAME. L’artiste oublie sans doute que les génocidaires ont massacré en 100 jours, plus d’un millions de Tutsi et Hutu modérés.

Sans Paul KAGAME, cette « solution finale » aurait été entièrement accomplie et les Tutsi auraient disparus à jamais d’un pays dont ils sont aussi la substance. La grandeur de l’actuel Chef de l’État rwandais se lit dans son exigence sans concession d’obtenir de la part de son peuple, le pardon, la réconciliation et l’unité nationale. Aucune autre nation n’est sortie d’un tel chaos avec autant de dignité.

Aujourd’hui le RWANDA est devenu un exemple aux yeux de beaucoup de pays...dommage que Corneille ai voulu le ternir. Si je réagis aujourd’hui c’est que je sais combien les paroles anodines en apparence sont dans l’histoire d’un pays comme le Rwanda un véritable brulot. Non Monsieur Corneille on ne joue pas avec l’oeuvre de paix, de pardon et de réconciliation.


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