En fin de la semaine écoulée, le Gouvernement congolais a décidé de mener des opérations de désarmement forcé des Fdlr (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) basées dans montagnes et collines des provinces du Kivu frontalières avec le Rwanda. L’opinion publique doute de la réussite de cette entreprise. Elle part de la faiblesse et désorganisation des Forces armées congolaises. Retour ligne automatique
Pour elle, ce n’est qu’un effet d’annonce qui est escompté. Une autre opinion trouve qu’en voulant jouer cavalier seul, la RDC cherche à protéger ces fdlr qui pourront avoir tout le loisir de se volatiliser dans les forêts congolaises et, le moment venu, au gré de la tournure des événements électoraux de 2016 en RDC, aider à créer la diversion et le désordre pour que les élections se passent dans un climat trouble tel souhaité par le clan Kabila.

FDLR en ordre de bataille. Sécurisation et ordre dans les mines et concessions sud africaines pour le moment ?
« …les Fdlr et les FARDC ont signé en 2013 un accord de non agression suivi d’un accord de collaboration dans des attaques coordonnées contre les M23 », écrit la Nouvelle Relève du 2 au 9 février 2015. Plus loin ce journal montre que les FARDC sont vraiment incapables de mener une quelconque attaque contre les Fdlr d’autant plus que beaucoup de combattants fdlr se sont infiltrés à un niveau très élevé dans l’armée congolaise.
Mais pourquoi Kabila décide-t-il de jouer cavalier seul ?
Certains observateurs de la région trouve que la présence de ces combattants rwandais dans l’Est de la RDC est très importante pour le président Joseph Kabila qui ne veut pas déposer son tablier et quitter le fauteuil présidentiel.
« Cet Est de la RDC, les deux provinces du Kivu s’éveillent actuellement à la protestation contre le troisième mandat présidentiel pour Kabila. Des manifestations parfaitement réussies de l’UNC (Union pour la Nation congolaise) de Vital Kamerhe se déroulent à Bukavu, chef lieu de la Province du Sud Kivu. Demain, le Nord Kivu peut également s’embraser. Kabila même s’il parvient à contourner l’article 110 de la Constitution congolaise prescrivant rien que deux mandats présidentiels, il ne pourra pas du tout gagner les élections dans les deux Kivus, provinces les plus surpeuplées de toutes les 7. Ne lui faut-il pas une force qui joue un peu de la déstabilisation pour que les préoccupations sécuritaires masquent les traficotages des urnes ? », a confié un analyste politique sous couvert d’anonymat.

Logo des Fdlr qui est une force de dissuasion de toute velléité dans l’Est de la RDC de démettre Kabila de son fauteuil présidentiel
Quand la société civile de l’Est de la RDC s’exprime à propos de ce groupe armé rwandais dirigé par des commandants présumés criminels de génocide des Tutsi du Rwanda de 1994, elle avance des vérités montrant comment ceux-ci sont craints par la population, qu’il s’adonne à un arbitraire impensable dont le fait de lever des taxes, le contrôle des puits et concessions de mines, la coupe du bois et le commerce des charbons de bois...
Tout cela se fait dans un pays doté de forces armées et d’une police nationales. Pourquoi ce mouvement s’adonne-t-il librement à ces activités et jamais inquiété ? Soit il a montré qu’il est bien plus fort et organisé que les Fardc, n’était-il à la ligne de front contre les M23 quand les Fardc suivaient loin derrière ? N’est-il pas le véritable vainqueur de ces M23 avec une couverture aérienne de la FIN (Force Internationale Neutre) ? Soit il bénéficie d’une sorte de sympathie de Kabila et des forces sud africaines et tanzaniennes qui tentent de les reloger ailleurs pour s’éviter les foudres des envoyés spéciaux de l’Onu pour la région des Grands Lacs (Said Djinnit), des USA (Fengold) et autres.
« Il y a un plan de relocalisation des Fdlr en Tanzanie », a dit un membre de la société civile congolaise.Retour ligne automatique
D’autres observateurs interrogés parlent plutôt de difficultés qu’éprouve l’actuel leadership de Kinshasa trouvant qu’il est de bon ton que Kabila rompe les accords de non agression mutuelle passés avec les Fdlr.
La piste tanzanienne plausible ?
A la fin du délai d’ultimatum lancé aux Fdlr pour un désarmement consenti, la Tanzanie et l’Afrique du Sud ont montré des réticences à les poursuivre et les forcer à déposer les armes. Cela suivait-il les navettes des Fdlr et des opposants politiques rwandais à Dar-Es-Salaam au début de l’an passé ?
Au fond même si cette piste tanzanienne ne semble pas plausible, toujours est-il que le rapprochement de la Tanzanie avec l’Afrique du Sud et de la France aurait été tenté pour échafauder différents scénarios de sortie de crise et de sauver l’honneur des Fdlr au vu que toute imposition de dialogue inter rwandais s’était avéré impossible.Retour ligne automatique
« Les Fdlr bénéficient de la sympathie sud africaine parce qu’ils sont bien plongés dans l’activité d’extraction des minerais qui sont vite vendus à des concessionnaires sud africains. Puis il y a cette emprise des figures de l’opposition politique ethnocentriste hutu de la diaspora rwandaise. Cette opposition encourage le mouvement à ne pas se désintégrer espérant qu’avec lui elle pourra peser dans la balance pour réclamer un dialogue rwandais inclusif », a confié un expert analyste originaire du Masisi au Nord Kivu.

Armes contre coltan et hop, on se réarme et on recrute.
Cette piste semble plausible surtout que les jeunes rwandais qui se désolidarisent des Fdlr et rentrent au Pays disent que l’activité essentielle des Fdlr est l’extraction de minerais de cet Est de la RDC qui sont vendus aux milliers de comptoirs d’or, de coltan, de diamant et autres. Le tout étant régulièrement acheminé par chemin de fer vers l’Afrique du Sud via la Zambie et le Zimbabwe.
Une telle force, celle des Fdlr, qui semble faire régner l’ordre et le diktat dans ces mines ne peut pas être sous estimée par les prospecteurs miniers. Ces derniers en ont sérieusement besoin pour sécuriser les millions de dollars des miniers mais aussi pour le convoyage sécurisé de ces minerais. Retour ligne automatique

Plus de coltan, plus de pouvoir, plus de force militaire et influences fortes pour déferler sur le Rwanda.
Entretemps, ces Fdlr qui s’enrichissent de jour en jour pour ce job - un rapport d’experts onusiens parle de quelques 80 millions de dollars de recettes annuelles- peuvent grandir sérieusement pour jouer sur les influences et poser comme un partenaire sérieux. Ces influences tendent même à les laver de tout le sang tutsi que les leaders et commandants ont sur leurs mains. Rappelez-vous de la réticence de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie manifestée à l’idée de traquer ces Fdlr au moment où la période de l’ultimatum avait expiré.
Par Jovin Ndayishimiye
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