Le 24 avril dernier, après des mois de procédure et bien qu’aucune preuve n’ait été présentée lors du procès, le tribunal de Yaoundé a condamné Ahmed Abba, correspondant de RFI en langue haussa au Cameroun, à dix ans de prison ferme pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme et blanchiment d’actes de terrorisme ». Un message adressé aux journalistes du pays, estiment les ONG. Ses avocats ont fait appel. Retour sur son histoire en cette journée de la liberté de la presse.
Ce qui frappe le plus chez Ahmed Abba, c’est son calme. Malgré le tourbillon dans lequel il est pris depuis son arrestation en juillet 2015, le journaliste apparaît toujours maître de lui-même. « Il est très fort mentalement », dit de lui un membre d’Amnesty International. Au cours de son procès, on l’a vu troublé quelques fois, mais Ahmed Abba n’a jamais baissé les bras. Il est innocent, il l’a dit et répété. Et cela lui permet de garder l’espoir.
Ahmed Abba, l’homme timide et discret, semble un peu dépassé par ce qui lui arrive. Se retrouver ainsi dans la lumière ne lui ressemble pas. Un ancien collègue se souvient du journaliste sur le terrain, « toujours en position d’apprenant ». Un homme qui parle peu et préfère écouter les autres.
Ses collègues saluent sa rigueur
Ahmed Abba a commencé à travailler comme photographe avant de devenir cameraman puis de se lancer dans la radio, en tant que correspondant de RFI en langue haussa. Toujours à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. La région est une cible de Boko Haram, le dossier est très sensible au Cameroun, mais Ahmed Abba n’envisageait pas de travailler ailleurs. Et sur place, ses anciens collègues saluent sa rigueur et se souviennent de leur surprise au moment de l’arrestation du correspondant de RFI : « On ne lui connaissait pas de faute et il rendait compte fidèlement des faits. »
Depuis, Ahmed Abba a subi l’enfermement au secret, la torture dont il garde quelques séquelles et l’absurdité d’un procès au cours duquel aucune preuve n’a été présentée par l’accusation. Toujours avec la même réserve, la même pudeur.
Ahmed Abba conserve son célèbre sourire, apporte une attention particulière à sa présentation et participe aujourd’hui à des journées d’alphabétisation pour les autres détenus à Yaoundé. On fait aussi parfois appel à lui pour traduire des conférences organisées dans la prison.
Pour occuper le reste de son temps, Ahmed Abba lit en buvant du thé vert lorsqu’un visiteur a pu lui en apporter, il passe des heures à écouter la radio et il prie beaucoup aussi. Ahmed Abba est très croyant et la prière l’aide à supporter l’enfermement et l’attente de son procès en appel.
Avec Rfi.fr
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