Le Rwanda offre beaucoup d’opportunités d’investissements à haut profit. Presque tous les secteurs sont en friche. Quand il en vient à l’Energie, l’investisseur peut faire des profits faramineux. Pourvu qu’il ne pèse pas lourd sur les dépenses des ménages de la paysannerie.

C’est le cas de Mobisol, une société spécialisée dans l’énergie solaire opérant dans les districts de Bugesera, Kayonza, Rwamagana et Nyagatare. Elle donne en location-vente des kit faits de plaques solaires, de batteries, de petits postes téléviseurs, de lampes rechargeables mais aussi des devices pour charger son téléphone portable.

Dans des contrées non encore couvertes par la distribution de l’électricité du réseau national, certains besoins en énergie sont satisfaits. Mais à quel prix, à quel sacrifice ?

« Nous remercions Mobisol pour son service de location-vente de son kit électrique. Cela nous aide beaucoup, moi et mes voisins qui viennent charger leurs téléphones portables chez moi. Avant que Mobisol ne couvre notre région, nous devions faire au moins un kilomètre pour recharger nos téléphones moyennant cent francs.

Aujourd’hui, je charge gratuitement les téléphones de mes voisins. Cependant, les frais de location-vente demandés sont au dessus du pouvoir d’achat de nous autres paysans. Ce kit est décidément un luxe difficile à garder »,

a confié une jeune femme du secteur Ruhuha qui a acquis un kit solaire de 80 watts fait d’une plaque solaire d’environ 40X60 cm et de 3 lampes électriques, le tout accompagné d’un petit poste téléviseur qui distrait ses voisins dans les périodes creuses de la petite soirée, d’un câble de rechargement de téléphones mobiles et d’une lampe rechargeable.

Cette femme a signé un MOU avec Mobisol disant qu’elle devra rembourser régulièrement une somme de 13.680 Frw durant 36 mensualités pour que le Kit lui revienne de droit.

D’autres abonnés à Mobisol ont préféré des kit solaires de la catégorie Commerciale. Ces derniers sont composés de plaques solaires de 120 ou 200 Watts qui s’accompagnent d’une livraison de quelques 19 lampes rechargeables et d’un kit de coupe de cheveux.

« Nous louons à nos voisins ces lampes rechargeables moyennant 500 frw (0.8$). Cela nous permet de régler le montant mensuel demandé par Mobisol qui va à plus de 25.000 Frw pour le kit de 200W », confie ce tenancier de cabaret du lieudit Kanombe montrant qu’il se déplume jusqu’à ce qu’au bout de trois ans ce qui soit entièrement payé pour lui revenir de droit.

L’on sent que la facture mensuelle pèse lourd sur le panier de la ménagère rurale. La société civile rwandaise ne sait pas défendre le consommateur qui est dans le besoin et ne peut qu’accepter le diktat de l’investisseur stratégique. Bien plus, de par l’appel et l’attrait que fait le gouvernement rwandais aux investisseurs dans les secteurs vitaux comme celui-ci, ce dernier ne sait pas négocier des prix bas au profit de ses citoyens dont il connaît la faiblesse du pouvoir d’achat.

« Nous avons au total 4900 clients. La plupart d’entre eux préfèrent le kit de 80 Watts. Mais il y a d’autres qui se décident pour les kits commerciaux. Nous avons une demande de 1200 autres. Dans tout ceci, seuls 5 kits ont été retirés des mauvais payeurs. Ils sont réformés pour être redistribués à ceux qui le souhaitent. Pour nous, il n’y a pas de perte car l’argent que l’abonné a payé avant de se voir retirer son Kit ne lui est pas remboursé »,

a confié à la presse le Customer Care Officer de Mobisol confirmant les difficultés des paysans à soutenir un rythme de remboursement mensuel de cette location-vente.Automatic word wrap
Tout compte fait, Mobisol est un investisseur stratégique pour le gouvernement rwandais.

Mais le gouvernement aura-t-il négocié suffisamment avec lui pour que sa technologie ne pèse pas beaucoup sur les maigres revenus et dépenses des ménages au moment où il s’affaire à accroître ses propres potentialités d’acquisition, de distribution et de raccordement en électricité des ménages rwandais ?

Pourquoi la société civile rwandaise regarde-t-elle ailleurs quand il est question de protéger le pouvoir d’achat du citoyen. Celle-ci abdique de ses responsabilités car le Gouvernement rwandais étant soucieux d’attirer les investisseurs étrangers qui, eux, ne cherchent que le plus grand profit possible, ne serait pas nécessairement à même de faire le plaidoyer pour que les entreprises montées par ces étrangers offrent des produits à des prix bas abordables au consommateur rwandais.

Au moment où la société civile burundaise affiche une activité fébrile dans la protection du pouvoir d’achat du consommateur avec des manifestations contre la vie chère, la société rwandaise devrait plutôt être aux aguets quand il s’amène un investisseur local ou étranger dans un secteur stratégique du pays et, complice de la partie gouvernementale, poser discrètement aux côtés de RDB (Rwanda Development Board) comme un négociateur coriace représentant les intérêts des citoyens dans la conclusion d’un MOU entre le dit investisseur et le Gouvernement.

La présence de ce négociateur coriace et complice du gouvernement pèsera lourd dans la balance. Elle aura pour effet de maîtriser une inflation rampante et éviter des dérapages provoqués par la propension de l’investisseur à chercher des profits élevés.