Ouganda : « Micho », un Serbe au pays des « Cranes »

Redigé par IGIHE
Le 21 septembre 2016 à 12:06

La sélection ougandaise - les Cranes - a obtenu son billet pour le Gabon. Artisan de ce succès, Milutin « Micho » Sredojevic, un entraîneur atypique, qui coache des équipes du continent depuis une vingtaine d’années.
Il l’a fait : à force de rigueur et de travail, mais aussi après avoir su tisser un de ces liens mystérieux qui unissent parfois un entraîneur à ses joueurs, Milutin Sredojevic, surnommé « Micho », a permis à ses poulains de se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (...)

La sélection ougandaise - les Cranes - a obtenu son billet pour le Gabon. Artisan de ce succès, Milutin « Micho » Sredojevic, un entraîneur atypique, qui coache des équipes du continent depuis une vingtaine d’années.

Il l’a fait : à force de rigueur et de travail, mais aussi après avoir su tisser un de ces liens mystérieux qui unissent parfois un entraîneur à ses joueurs, Milutin Sredojevic, surnommé « Micho », a permis à ses poulains de se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2017. 1 à 0 contre les Comores : un score étriqué, certes, mais qui efface 38 ans d’absence des « Cranes » de la compétition phare du continent. « Micho » aurait pourtant bien pu s’absenter du banc, en raison d’une brouille financière avec la Fédération ougandaise de football (FUFA). Mais c’était sans compter sans le tempérament de cet entraîneur passionné qui croit - non sans raison - au potentiel de son équipe, et veut à sa manière « essayer de régler les problèmes en travaillant dur ».

Un caractère trempé, dont il donne volontiers l’image sur le terrain, où il laisse rarement transparaître ses émotions. Mais cette impression contraste étonnamment avec l’affabilité de cet homme, qui vous accueille avec un sourire presque timide. « Je ne suis pas une personne arrogante », précise-t-il d’emblée, lorsqu’on l’interroge sur ses déboires avec la FUFA. Il remercie d’ailleurs au passage son président Moses Magogo, qu’il juge tout autant responsable de la qualification des Cranes, pour avoir facilité les conditions d’entraînement de ses joueurs, malgré un budget très serré. Celui-ci le lui rend bien, d’ailleurs, qui voit en lui un « très bon entraîneur, attentifs à chacun de ses joueurs, et qui ne compte pas ses heures ».

« Un homme blanc avec une âme noire »

Afrique du Sud, Tanzanie, Ethiopie, Soudan, Rwanda : cela fait près de 20 ans que Micho écume les stades africains en tant que coach. Un parcours professionnel devenu un parcours de vie, pour celui qui se définit comme « un homme blanc avec une âme noire ». « J’aime et je respecte les habitants de ce continent, poursuit-il, parce qu’ils m’ont accepté comme l’un des leurs ». A son arrivée à la tête de la sélection ougandaise en 2013 (un pays qu’il connaît bien pour avoir entraîne avec succès le SC Villa de 2001 à 2004), il devine rapidement le potentiel collectif de ces jeunes joueurs « très patriotes », dont nombre d’entre eux évoluent à l’étranger. Il encourage d’ailleurs cette démarche, qui « leur permet de se familiariser avec la pression des grands clubs internationaux ».

Né en 1969 dans la Yougoslavie de Tito, Micho a lui-même été repéré très tôt. Polyvalent, il aurait pu être hockeyeur, mais il sera footballeur. Il rejoint le club de formation du FC Svoboda Ljubljana en Slovénie, où il côtoie sur les bancs de l’école un certain Aleksander Ceferin, le tout nouveau patron du foot européen. Il évolue plus tard en tant que milieu de terrain défensif dans différents clubs nationaux, mais une mauvaise blessure au genou met fin prématurément à sa carrière de sportif professionnel.

Acceptation des différences

De sa Serbie natale, il ne parle cependant pas ou presque, si ce n’est pour faire un parallèle avec la nécessaire compréhension entre les communautés et religions. « Mon meilleur ami est Croate, j’ai d’autres amis musulmans bosniaques, et cela ne pose aucun problème », explique Micho. « En tant que sportif, je n’ai jamais été impliqué dans aucun conflit politique », précise-t-il, même s’il garde un certain « traumatisme » des bombardements massifs de 1999. Cette acceptation des différences, il en fait même un atout pour son équipe. « Nous faisons trois prières, explique-t-il. La première pour les chrétiens (catholiques et protestants, ndlr), la seconde pour les musulmans, la troisième, pour moi, qui suis orthodoxe. Nous avons trois prières, mais nous ne faisons qu’un. »

Micho est fier d’avoir gagné 12 trophées majeurs avec ses équipes sur le continent, mais il ne trouve « aucune comparaison entre ces compétitions et la CAN ». Il insiste : « cette qualification n’a pas été quelque chose d’automatique (…) c’est le fruit d’un important processus d’apprentissage ». Mais attention, prévient-il, « l’esprit d’équipe est difficile à gagner, mais très facile à perdre », se référant notamment aux équipes de France de 1998 et de 2010.

RFI


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité