Son job est un casse-tête. Depuis un peu plus d’un an, le diplomate gabonais Parfait Onanga-Anyanga est à la tête de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Dans ce vaste pays, les violences communautaires demeurent fréquentes. L’État s’est effondré et tout est à reconstruire.
Son prédécesseur, le Sénégalais Babacar Gaye, n’avait pas résisté : les scandales sexuels impliquant des Casques bleus l’avaient acculé à la démission. Onanga-Anyanga a décidé de prendre ce problème à bras le corps. Mais il y en a de nombreux autres. Pour l’instant il tient bon et, malgré l’immensité des défis, se veut même raisonnablement optimiste.
Jeune Afrique : La Centrafrique a réussi ses élections, en début d’année. En revanche, on voit peu de progrès sur le plan sécuritaire. Comment expliquer ce paradoxe ?
Parfait Onanga-Anyanga : Je crois qu’au contraire, ces élections ont été possibles parce que les conditions sécuritaires minimales étaient réunies. Où en serait la Centrafrique sans la Minusca et la force française Sangaris ?
Ceci étant, les problèmes de la Centrafrique ont des racines profondes. Il y a une culture de la violence politique dans ce pays. Elle s’est transformée en violence sociale et communautaire. En 2013 l’arrivée des Séléka et de leurs éléments incontrôlables a donné lieu à une violence inouïe et une réponse tout aussi abominable des Anti-Balaka. Ce pays a touché le fond et ce traumatisme n’est pas parti.
Il reste énormément à faire. On a pu apporter une stabilité relative et maintenant les autorités légitimes vont devoir prendre à bras le corps ces problèmes.
Aujourd’hui, il y a des tensions communautaires violentes et une très forte criminalité parce que l’État n’est pas présent. Il va falloir réduire le niveau de violence dans ce pays, avec notamment le programme de désarmement, démobilisation, réintégration (DDR) et le rapatriement d’éléments armés qui ne seraient pas d’origine centrafricaine.
Mais c’est un pays très vaste, coupé en deux par le manque d’infrastructures. On ne peut pas envisager un déploiement sur tout le territoire et une fin des violences par la seule approche sécuritaire.
Il va donc falloir obligatoirement dialoguer avec les chefs de guerre ?
Il n’y a pas le choix. Et le président [Faustin-Archange Touadéra] a fait le bon choix. Le processus de désarmement est situé au sein même de la présidence. Maintenant, il faut que les chefs de guerre acceptent le retour à l’ordre constitutionnel et à la paix. Il est temps qu’ils montrent un vrai leadership national. Je crois que la majorité l’a fait. Il en reste un ou deux dont les revendications ne facilitent pas les choses. Mais c’est la voie à suivre.
Jeuneafrique
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