Dans une correspondance qui nous est parvenue discrètement des services du Ministère des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale de Bujumbura, il est bien spécifié que des mesures rigoureuses sont prises pour bloquer les Belges qui veulent se rendre au Burundi. Ceci est mentionné noir sur blanc dans l’objet même de ladite correspondance :

« Faites attention aux Belges qui demandent les visas pour venir au Burundi ».

L’autorité du Ministère des Affaires Etrangères à Bujumbura a bien ordonné que tout Belge qui voudra se rendre au Burundi devra d’abord donner son CV, lequel devra être acheminé à Bujumbura pour analyse et accord de visa. Ces formalités peu normales pourront durer quelques mois voire des années, si du moins l’on s’en tient à ce passage de ladite correspondance :

« Tu pourras préciser que les délais d’analyse des demandes de visa peuvent être longs ! ».

Des refus de visa à tout Belge qui aurait dans son passé fait un service militaire sont envisagés et le refus devra être envoyé dans toutes les autres ambassades du Burundi en Europe pour bloquer un contournement éventuel :

« Et quand vous refusez un visa, communiquez la photo et l’identité à la PAFE et aux autres ambassades du Burundi ! Comme ça, les candidats ne vont pas tenter de manipuler d’autres ambassades ! »

Rappel : premier partenaire bilatérale pour le Burundi avec un appui au développement de plus de 50 millions d’euros par an, la Belgique a été très ferme par rapport au 3ème mandat de Nkurunziza. En effet, la Belgique ne reconnaîtra ni les résultats des élections éventuelles, ni, par conséquent, les institutions qui en résulteront.
Suite à cette fermeté de la Belgique, Nkurunziza et sa clique veulent, en fin de compte, se venger. Mais là, ils s’enfoncent davantage ! Entre la Belgique et le Burundi, qui a besoin de qui en premier lieu ?

Nul n’aime vivre de l’aide, mais la réalité est là, crève les yeux : sans la coopération belge, une coopération somme toute sentimentale puisque le Burundi donne peu si pas rien en contrepartie ; eh bien, sans l’aide du Royaume de Belgique, il faut dire que le Burundi ne fera pas un pas avant de tomber gravement !

En tout état de cause, si les Burundais doivent combattre Nkurunziza, ils n’auront pas besoin des experts militaires belges. Le peuple burundais est si fatigué de son régime qu’il n’a même pas besoin de forces militaires, encore moins étrangères, pour en découdre. Les manifestations qui, entre autres résultats, ont fait reporter les élections, ce ne sont pas les Belges qui les organisent.

Encore une fois, je demande plutôt à Nkurunziza de quitter le pouvoir, au lieu de chercher noise à une puissance européenne qui joue honorablement sa partition dans la saga « 3é mandat illégal et illégitime ».