Prisonniers politiques : existent et n’existent pas.

Redigé par IGIHE
Le 25 mars 2016 à 02:19

La classe politique burundaise diverge sur l’existence ou non des prisonniers politiques.
L’exécutif, notamment par la bouche de Philippe Nzobonariba, nie catégoriquement l’existence de prisonniers politiques. Pour lui, ceux que l’opposition radicale présente comme des manifestants ou des hommes armés pour protester contre le troisième mandat du président Nkurunziza ne sont que des « terroristes ». Ils ont été appréhendés dans des mouvements insurrectionnels visant à porter atteinte à la sûreté de (...)

La classe politique burundaise diverge sur l’existence ou non des prisonniers politiques.

L’exécutif, notamment par la bouche de Philippe Nzobonariba, nie catégoriquement l’existence de prisonniers politiques. Pour lui, ceux que l’opposition radicale présente comme des manifestants ou des hommes armés pour protester contre le troisième mandat du président Nkurunziza ne sont que des « terroristes ». Ils ont été appréhendés dans des mouvements insurrectionnels visant à porter atteinte à la sûreté de l’Etat.

Cet argument est appuyé par le ministère de la Justice. Ce mardi 15 mars, la ministre Aimée-Laurentine Kanyana a elle aussi nié catégoriquement l’existence de prisonniers politiques. Bien avant elle, le porte-parole de son ministère, Elie Ntungwanayo, avait martelé à qui voulait l’entendre qu’il n’y a pas dans le Code pénal burundais une infraction qualifiée de politique.

« Ils ont la mémoire courte »

Le président du parti Frodebu, Léonce Ngendakumana, dit que le pouvoir Nkurunziza nie l’évidence : « Aujourd’hui plus que même du temps du régime du président Buyoya, les maisons de détention regorgent de prisonniers politiques. »

Pour lui, tous ceux qui sont incarcérés pour participation aux manifestations contre le troisième mandat et tous ceux qui ont été capturés, les armes à la main sur le champ de bataille, sont des prisonniers politiques. « Si les anciens dignitaires comme Sylvestre Ntibantunganya, Gervais Rufyikiri, Pie Ntavyohanyuma, Godefroid Niyombare sont des réfugiés politiques, comment n’existerait-il pas des prisonniers politiques ? »

Toujours, selon lui, la nomenklatura Cndd-Fdd a la mémoire courte. Lors des négociations d’Arusha, le pouvoir de Buyoya niait l’existence de prisonniers politiques. Il parlait de tribalo-terroristes génocidaires écroués. Mais le Frodebu et les autres partis du G7 réclamaient leur libération pour le fait même que ce sont des prisonniers politiques. Dans les négociations avec les mouvements armés, le Cndd-fdd et le FNL ont utilisé la même terminologie de prisonnier politique pour désigner leurs militants qui croupissaient dans les geôles.

Il va plus loin. Tous les pouvoirs africains ont du mal à accepter l’existence de prisonniers politiques. Et de citer l’exemple du Niger où la Cour constitutionnelle a validé la candidature à la présidence de l’ancien président de la République. Mais le pouvoir continue de le maintenir en détention et refuse d’admettre que c’est un prisonnier politique.

Analyse

Pour Me Gabriel Sinarinzi, ancien bâtonnier a.i de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Bujumbura, les infractions politiques n’existent pas techniquement parlant. Mais le mobile peut être politique, religieux, la lutte pour la survie, etc. Dans tous les cas, insiste-t-il, les faits restent infractionnels.

Il fait remarquer que les infractions comme participation à des bandes armées ou atteinte à la sécurité de l’Etat ou d’autres infractions à mobiles politiques sont souvent amnistiés ou excusés. « La libération des prisonniers ayant commis des infractions sur base de mobiles politiques est souvent un préalable à toute négociation », conclut-il.

Avec africatime.com


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