Recensement des étrangers : distribution de cartes biométriques ou fichage ?

Redigé par IGIHE
Le 9 mars 2016 à 09:20

Bujumbura lance un recensement des étrangers, depuis ce 1er mars 2016. Une opération qui suscite beaucoup d’interrogations. Fichage des étrangers ou activité ordinaire de la police ? Cette dernière rassure.
« Ce recensement est une forme de rétorsion à l’égard de la communauté internationale qui, aujourd’hui, se mobilise de plus en plus pour contraindre le gouvernement burundais à négocier de façon ouverte avec l’ensemble des acteurs politiques. » C’est la réaction de Florent Geel de la Fédération (...)

Bujumbura lance un recensement des étrangers, depuis ce 1er mars 2016. Une opération qui suscite beaucoup d’interrogations. Fichage des étrangers ou activité ordinaire de la police ? Cette dernière rassure.

« Ce recensement est une forme de rétorsion à l’égard de la communauté internationale qui, aujourd’hui, se mobilise de plus en plus pour contraindre le gouvernement burundais à négocier de façon ouverte avec l’ensemble des acteurs politiques. » C’est la réaction de Florent Geel de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme, s’exprimant sur RFI, après l’annonce de ce recensement, le 15 février 2016, par le ministère de la Sécurité Publique. Cet activiste va plus loin en disant que c’est une nouvelle étape de la volonté du gouvernement burundais de contrôler les personnes afin que personne ne soit témoin des exactions qui sont, d’une part, de la responsabilité du gouvernement. « C’est inquiétant, le déroulement des opérations qui trouvent chaque mois une escalade supplémentaire sans qu’il ne soit forcément spectaculaire, mais qui rapproche le Burundi d’un état de violation massive des droits humains. »

Cette décision de Bujumbura inquiète beaucoup les étrangers et surtout la communauté rwandaise. « Cela nous fait très peur. C’est une façon de nous ficher », indique un Rwandais vivant au Burundi depuis 20 ans. « Il est facile de faire des affaires au Burundi. Mais je crois que, cette fois, je vais aller voir ailleurs », renchérit un autre.

« Une simple routine »

« Nous voulons seulement alimenter notre base de données », tranquillise Jimmy Hatungimana, commissaire de la police de l’air et des étrangers (PAFE). Il assure que ce sont les étrangers eux-mêmes qui l’ont demandé. « Ils nous ont dit que ce n’est pas pratique de se promener toujours avec un passeport. Une carte biométrique est plus pratique même pour les autres services, comme les opérations bancaires. » Et d’ajouter que c’est une façon de connaître leurs activités et de pouvoir les informer en cas de besoin. « On le fait pour leur bien. »

Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, rassure les étrangers et surtout la communauté rwandaise. « Le Burundi est un pays de lois. Qu’ils soient rassurés, personne n’est après eux. » Pour lui, l’essentiel est de respecter la loi.

Pourquoi les étrangers et non les Burundais ?

D’aucuns se demandent pourquoi on octroie des cartes biométriques aux étrangers et non aux Burundais. « Le projet d’octroyer des cartes d’identité biométriques aux Burundais est là. Il figure parmi les projets prioritaires », assure Thérence Ntahiraja, assistant du ministre de l’Intérieur. Le seul bémol, ajoute-t-il, est le manque de moyens financiers. « C’est un programme qui coûte des milliards. Aussitôt que les moyens sont disponibles, nous allons le faire. Le matériel est déjà là. »
Signalons que le recensement a débuté le 1er mars et va se clôturer le 29 avril 2016.

Avec africatime.com


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