La polémique suscitée par la récente évacuation violente d’un immeuble occupé depuis quatre ans par des centaines de réfugiés érythréens et somaliens à Rome a été si vive que le gouvernement veut reprendre les choses en main, de façon plus clairvoyante. Le ministre de l’Intérieur a annoncé que les édifices squattés ne seront plus évacués tant que des solutions alternatives n’auront pas été adoptées. Les autorités travaillent sur un plan de relogement de réfugiés et d’Italiens en situation d’indigence, plan qui prévoit l’utilisation d’appartements ou maisons confisqués à la mafia.
La possibilité de confisquer des biens à la mafia remonte à 1982, époque à laquelle le Parlement adopta une loi** introduisant dans le Code pénal le délit « d’association mafieuse » et différentes mesures, dont la saisie des biens appartenant, directement ou indirectement, à des individus accusés d’association mafieuse.
En 1996, cette loi fut renforcée par de nouveaux textes législatifs, sous l’impulsion de l’association Libera, qui se bat contre toutes les mafias depuis sa fondation en 1995 par un prêtre turinois, Luigi Ciotti. Depuis 20 ans, les terrains, entreprises ou édifices confisqués à la mafia peuvent être confiés à des coopératives agricoles, des communautés locales ou des municipalités, qui les transforment en bien utile au développement économique et social de la collectivité.
Un projet pour tous...
Ce projet doit inclure toutes les personnes les plus vulnérables, avec des papiers en règle, et pas seulement des réfugiés. Les problèmes de logement existent dans toutes les grandes villes. Mais dans la commune de Rome, ils concernent plus de 10 000 foyers italiens et au moins 5 000 réfugiés dont plusieurs familles qui ont des enfants scolarisés ainsi qu’un travail, mais pas assez d’argent pour louer un appartement.
Pourtant, il y a une double urgence. Pour des questions de sécurité publique et de respect de la légalité, le gouvernement veut accélérer les évacuations d’édifices squattés, soit 115 à Rome et sa banlieue. Pour des raisons humanitaires, mais aussi de sécurité et de lutte contre le racket, les expulsés doivent être relogés dans des conditions décentes.
Sur les 17 000 édifices séquestrés dans le pays, l’Agence nationale des biens saisis et confisqués, indique que la région du Latium en compte plus de 1200, dont 446 à Rome. Ce qui laisse une certaine marge pour des relogements urgents.
Mais complexe
Il est encore trop tôt pour connaître tous les détails du budget, des fonds à débloquer, d’autant que le projet s’étend du nord au sud du pays. Quant à la gestion des immeubles et maisons où seraient logées les personnes vulnérables, les préfectures et communes en seraient les premières responsables.
Mais l’association Libera, très favorable à ce projet, est disposée à prêter main-forte. Tout comme la Croix Rouge et d’autres ONG. Car il ne s’agit pas seulement d’offrir un toit, mais aussi de favoriser une meilleure intégration en Italie des familles éligibles au statut de réfugié.
La loi de 1982 (dite Rognoni-La Torre) porte le nom de ses deux instigateurs : un ministre de la Démocratie Chrétienne, Virginio Rognoni, et un dirigeant de l’ex-Parti communiste italien, Pio La Torre. Pio La Torre fut assassiné, avec son chauffeur, à Palerme par Cosa Nostra le 30 avril 1982, peu avant l’entrée en vigueur de la loi le 13 septembre 1982.
Avec Rfi
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