Rwanda : l’organe d’autorégulation des médias défend ses attributions face au gouvernement

Redigé par Agence Ecofin
Le 30 mars 2015 à 03:55

La Commission rwandaise des médias (Rwanda Media Commission – RMC), organe d’autorégulation indépendant, craint pour sa survie. En cause, un projet d’arrêté du Premier ministre qui accorde de nouvelles attributions à l’instance gouvernementale de régulation des médias (Rwanda Utilities Regulatory Authority - RURA).
Traditionnellement, la RURA est un organe technique chargé d’attribuer des fréquences aux médias audiovisuels. Mais l’arrêté du Premier ministre lui accorde désormais la compétence de « (...)

La Commission rwandaise des médias (Rwanda Media Commission – RMC), organe d’autorégulation indépendant, craint pour sa survie. En cause, un projet d’arrêté du Premier ministre qui accorde de nouvelles attributions à l’instance gouvernementale de régulation des médias (Rwanda Utilities Regulatory Authority - RURA).

Traditionnellement, la RURA est un organe technique chargé d’attribuer des fréquences aux médias audiovisuels. Mais l’arrêté du Premier ministre lui accorde désormais la compétence de « protéger les intérêts de tous les consommateurs contre des diffusions relatives à la pornographie, la pédophilie, la violence, la discrimination, le divisionnisme ainsi que celles portant atteinte à l’intégrité nationale ».

Le président de la RMC, Fred Muvunyi (photo), dénonce ce paragraphe du texte. Il rappelle que la Commission, organe indépendant, a la mission principale de réguler les contenus journalistiques. « On remet en cause le mode de régulation des médias parce que cela revient à dire que le gouvernement régule de nouveau les médias. Si l’on sape l’autorégulation, on touche au cœur de la liberté de la presse », explique-t-il.

L’inquiétude est également de mise au sein de l’Association rwandaise des journalistes. Son secrétaire exécutif, Gonzaga Muganwa, soupçonne le sens des mots. « Par exemple, le document évoque des programmes portant atteinte à l’intégrité nationale. Cela pose problème, car qui définit cette notion d’intégrité nationale ? Les critiques d’ordre politique pourraient être considérées comme allant contre l’intégrité nationale », explique-t-il.

Mise sur pied en 2013, la RMC est considérée comme un acquis des journalistes qui ont pendant des années revendiqué un organe indépendant de régulation des médias garantissant la liberté de la presse. Mais le jeune organe entretient des relations tendues avec le gouvernement depuis qu’il a dénoncé la suspension, en octobre 2014, des programmes de la BBC au Rwanda en représailles de la diffusion du documentaire « Rwanda, The Untold Story », (Rwanda : le non-dit). Cette production metttait en cause le régime du président Paul Kagamé dans le génocide rwandais de 1994.


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