Un projet de loi portant protection des victimes… au Burundi : Mythe ou réalité ?

Redigé par IGIHE
Le 9 mai 2016 à 10:47

Les associations des victimes gardent des réserves sur la mise en application de la loi portant protection des victimes, des témoins et d’autres personnes en situation de risque.
Le projet de loi portant protection des victimes, des témoins et d’autres personnes en situation de risque adopté par l’Assemblée Nationale le mercredi 20 avril de cette année saura-t-elle apaiser les craintes des Burundais ? Pourra-t-elle inciter et encourager les victimes à ouvrir leurs cœurs et raconter ce qu’ils ont (...)

Les associations des victimes gardent des réserves sur la mise en application de la loi portant protection des victimes, des témoins et d’autres personnes en situation de risque.

Le projet de loi portant protection des victimes, des témoins et d’autres personnes en situation de risque adopté par l’Assemblée Nationale le mercredi 20 avril de cette année saura-t-elle apaiser les craintes des Burundais ? Pourra-t-elle inciter et encourager les victimes à ouvrir leurs cœurs et raconter ce qu’ils ont vu ou ce qu’ils ont vécu ?

Le représentant légal de l’Association pour la mémoire et la protection de l’humanité contre les crimes internationaux, AMEPECI-GIRUBUNTU, Aloys Batungwanayo est confiant même s’il estime que cette loi est venue un peu tard : « la loi telle qu’elle, votée par l’Assemblée nationale, pour nous, c’est vraiment une bonne loi. Une loi qui inspire confiance aux victimes ».

Pourtant Aloys Batungwanayo regrette quelques lacunes. Ceux auxquels elle est destinée et censée protéger ont besoin de se l’approprier. « Une loi pareille devrait être vulgarisée auprès de toutes les victimes dans toutes les communes et collines du Burundi. »

D’après lui, si cette loi n’est pas connue par les victimes, elle n’aura aucun impact et la CVR devrait, une fois la loi amendée, faire des lois d’application mais aussi la traduire en langue nationale pour qu’elle puisse être comprise par tous.

Pour ce qui est du fonctionnement de l’organe chargé de protéger les victimes, Aloys Batungwanayo dit que le gouvernement devrait voter un budget conséquent pour son fonctionnement ou fournir beaucoup d’effort pour qu’il puisse être financé par ses partenaires techniques et financiers.

Jean Nepo Bironkwa, le représentant de l’association Lumière du monde de Buta, l’association des rescapés de Buta, abonde dans le même sens. Pour lui, c’est une bonne loi qui peut inspirer confiance aux victimes.

Mais pour lui la plus grande difficulté sera de la mettre en application : « quand la population dans l’ensemble n’est pas protégée par une loi générale, ce serait un rêve de penser qu’une victime pourrait être protégée par cette loi ».

Bironkwa garde des doutes quant à cette protection au regard de ce qui se passe dans le pays : « Quand aujourd’hui on voit un militaire tué en pleine journée, ce serait une façon de rêver, dire qu’avec cette loi on aura assez de sécurité ». Et de préciser qu’avant de penser aux victimes, il faudrait d’abord protéger tout citoyen et garantir sa sécurité.

Pour Jean Nepo cette loi n’est qu’une étape et pour que les victimes soient rassurées, il demande qu’il y ait la neutralité et l’indépendance de la Cour suprême qui sera chargée de créer une entité de protection des témoins qui, selon lui, n’est pas neutre.

La porte-parole de la Cour Suprême, Agnès Bangiricenge, dit qu’il est encore tôt pour que cette institution s’exprime sur cette loi.

Iwacu


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité