Des esprits critiques pour des temps critiques. Le thème de cette année de la Journée mondiale de la liberté de la presse revêt une importance particulière pour Dawit Isaak qui reçoit ce mercredi le prix Guillermo Cano décerné par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Djakarta, en Indonésie. Ce journaliste suédo-érythréen est emprisonné depuis 2001 dans des conditions difficiles par le pouvoir d’Asmara. Et une experte indépendante de l’ONU demande sa libération.
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Érythrée, Sheila B. Keetharuth, rappelle que ce journaliste reçoit cette distinction alors qu’il est en détention depuis 15 ans.
L’experte demande aux autorités d’Asmara de libérer sans conditions tous ceux qui sont détenus illégalement. « Les autorités érythréennes devraient cesser immédiatement les arrestations et détentions effectuées sans une base légale », dit-elle. Elle salue le choix du journaliste suédo-érythréen comme lauréat du prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano.
Fondateur du premier journal indépendant d’Erythrée
Dawit Isaak, dramaturge, journaliste et écrivain, s’est exilé en Suède en 1987, pays qui lui a ensuite octroyé la citoyenneté. Au lendemain de l’indépendance de l’Erythrée, il est retourné dans son pays natal en 1993 et est devenu en 1997 l’un des fondateurs et reporters de Setit, le premier journal indépendant du pays.
M. Isaak était connu pour ses reportages critiques et engagés. En 2001, son journal publiait une lettre ouverte demandant la tenue des élections et l’application de la Constitution promise. Dawit Isaac et une dizaine d’autres journalistes furent alors arrêtés en septembre et jetés en prison où ils sont maintenus depuis.
Selon l’Experte indépendante, les dernières nouvelles qu’on a du journaliste remontent à 2005. Son lieu de détention n’est pas connu. « Le cas de M. Isaak est emblématique de tous ceux qui ont été victimes de disparitions forcées par le gouvernement de l’Érythrée et qui demeurent introuvables », déclare Mme Keetharuth qui souligne que les arrestations de Dawit Isaak et de ses collègues journalistes restent le signe le plus visible de la répression de la liberté d’expression en Erythrée.
Selon elle, les autorités érythréennes « continuent de réprimer toutes les formes d’expression perçues comme critiques à l’égard du gouvernement et de sa politique ». Une façon pour Mme Keetharuth de réaffirmer que « la liberté d’expression était un droit humain fondamental et une presse libre est l’un des principes d’une société démocratique, fournissant un contrôle précieux sur les éventuelles dérives d’un gouvernement ».
Reconstruire la confiance avec les Erythréens
De façon générale, l’Experte indépendante onusienne note que « le gouvernement de l’Érythrée a l’obligation de fournir des informations urgentes sur le sort des détenus et de l’endroit où se trouveraient toutes les personnes privées de liberté ». « Ce serait une première même tardive indication que le gouvernement s’est engagé à reconstruire la confiance avec les Érythréens », ajoute-t-elle. « En permettant aux observateurs indépendants d’accéder immédiatement et sans entrave à tous les lieux de détention, officiels et non officiels, le gouvernement enverrait un signal fort qu’il reconnaisse les violations des droits humains du passé, tout en prenant maintenant des mesures pour améliorer la situation sur le terrain maintenant ».
L’Experte indépendante a rappelé les conclusions de la Commission d’enquête de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Érythrée qui avait publié en juin 2016 un rapport indiquant que des crimes contre l’humanité ont été commis de manière généralisée et systématique dans les centres de détention, les camps d’entraînement militaire et d’autres endroits à travers le pays depuis 1991.
Le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano est décerné ce mercredi 3 mai à Djakarta (Indonésie) par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Dawit Isaak est représenté par sa fille, Bethelem Isaak. Le prix doté d’un montant de 25.000 dollars a été créé en 1997 par l’UNESCO en l’honneur de Guillermo Cano Isaza, journaliste colombien assassiné à l’entrée des bureaux du journal, El Espectador, à Bogotá, le 17 décembre 1986.
Avec Rnanews
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