Ces témoignages ont été recueillis lors des sessions de formation organisées par le Ministère de l’Unité Nationale et de l’Engagement Civique (MINUBUMWE), à l’approche de leur remise en liberté. Ces formations, actuellement en cours à la prison de Nyamagabe, réunissent 53 femmes détenues à Ngoma, Nyarugenge, Musanze et Nyamagabe.
Madéleine Mukashema, 68 ans, ancienne détenue à Ngoma, est revenue sur l’origine de la haine qui lui a été inculquée :
« À l’école primaire, les enfants tutsi étaient souvent contraints de rester dehors pendant que nous commencions les cours. Ils subissaient des interrogatoires sur leur identité, puis n’étaient autorisés à entrer qu’après un long moment. Cela leur faisait accumuler beaucoup de retard, ce qui les faisait échouer fréquemment aux examens. De plus, ils étaient constamment brimés, ce qui les empêchait d’étudier correctement », a-t-elle raconté.
« C’est à ce moment-là que le poison a commencé à être ingéré : on nous disait que les Tutsi étaient des traîtres, qu’il ne fallait pas leur faire confiance. C’est ce poison que j’ai d’abord absorbé. Ensuite, parler des ’Inyenzi’ qui étaient sur le point de nous attaquer constituait une autre manière d’empoisonner nos esprits : celui de déshumaniser des êtres humains en les comparant à des insectes », a-t-elle ajouté.
Madéleine Mukashema a également précisé que le gouvernement d’unité nationale leur a régulièrement proposé des programmes visant à changer leur état d’esprit. Elle a insisté sur le fait que, si elles n’avaient pas été traduites en justice et rééduquées, leurs mauvaises mentalités auraient persisté, et auraient continué à propager leur idéologie génocidaire.
« Nous avons eu la chance de prendre conscience de nos crimes et demander pardon », a-t-elle déclaré.
Ce chemin de repentance et de transformation est également celui de Kubwimana Joséphine, qui a reconnu avoir elle aussi grandi dans la haine à l’encontre des Tutsi. Elle invite les femmes à jouer un rôle déterminant dans l’éradication de cette haine auprès des enfants et des générations futures.
« Nous devons transmettre aux enfants des valeurs positives, car nos propres parents ne nous ont légué que la haine. J’ai grandi en entendant que les Tutsi étaient mauvais, alors qu’en réalité, ma sœur avait épousé un Tutsi et moi-même j’ai eu des enfants avec eux », a-t-elle témoigné.
Le Ministre de l’Unité Nationale et de l’Engagement Civique, Dr Bizimana Jean Damascène, a exhorté chacun à prendre pleinement conscience de la gravité du génocide commis contre les Tutsi, rappelant qu’il constitue un crime contre l’humanité.
« Le génocide consiste en l’extermination d’un groupe ethnique, ce qui dépasse largement l’élimination d’un individu, car il vise à anéantir totalement ce groupe. » a-t-il expliqué.
« Considérez les peines prononcées par les tribunaux pour ce crime comme une forme de clémence, car vous êtes pleinement conscientes de sa gravité ; aucune sanction ne saurait lui être équivalente », a ajouté le Dr Bizimana.
S’adressant directement aux femmes concernées, le Dr Bizimana a rappelé que le gouvernement attend d’elles qu’elles se reprennent en main et assument pleinement leur rôle de mères.
« Ces formations visent à vous aider à redevenir des parents responsables, car vous vous en étiez éloignées. Un parent élève ses enfants, il ne les tue pas. Allez donc soutenir le Rwanda dans la rééducation des autres, comme vous avez vous-mêmes été accompagnées dans votre rééducation », a-t-il conclu.
Ces sessions, lancées le 21 mai, se sont terminées ce 30 mai 2025.




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