Le 9 octobre 2025, le Président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, s’est exprimé au Global Gateway Forum à Bruxelles, affirmant que depuis son élection en 2019, il s’était employé à rapprocher les pays voisins, en particulier le Rwanda et l’Ouganda, malgré les tensions historiques. Selon lui, ses démarches visaient à promouvoir le développement et le bien-être des communautés régionales.
Contexte et antécédents
Depuis 1999, plus d’une dizaine d’accords de paix ont été conclus dans l’Est de la RDC. Ces instruments, bien que formellement signés, n’ont jamais été pleinement exécutés, principalement en raison d’un manque de volonté politique de la part du gouvernement congolais, qui a régulièrement privilégié une approche militaire.
Parallèlement, le climat interne s’est caractérisé par la diffusion de discours déshumanisants, la persécution et l’exil des tutsi congolais, tandis que la responsabilité de ces crises était systématiquement imputée au Rwanda.
Rétorique présidentielle versus réalités opérationnelles
Le Président Tshisekedi a soutenu qu’il n’avait jamais affiché d’attitude belliqueuse envers le Rwanda et l’Ouganda. Or, des éléments documentés montrent que le chef de l’État a, à plusieurs reprises, utilisé une rhétorique hostile à l’égard du Rwanda, notamment durant sa campagne de réélection, allant jusqu’à comparer le Président rwandais à « Hitler » et à menacer de recourir à la force militaire.
Il s’est également vanté publiquement de disposer de drones et de capacités de bombardement visant Kigali, tout en affirmant sa volonté de collaborer avec des acteurs hostiles au Rwanda afin de renverser son gouvernement. Cette posture a été maintenue lors de forums régionaux et internationaux, y compris à l’Assemblée générale de l’ONU, où des appels à des sanctions et mesures coercitives ont été formulés.
Au niveau interne, la stratégie de désignation de boucs émissaires s’est poursuivie systématiquement. Les officiels congolais ont attisé la haine et l’hostilité envers le Rwanda et la communauté Tutsi congolaise, jusqu’à l’absurde, comme en témoigne le comportement de l’ancien ministre de la Justice, condamné pour détournement de fonds et accusant par la suite le Rwanda de manœuvres hostiles.
Parallèlement, des campagnes anti-Rwanda et anti-Tutsi ont été menées auprès des enfants dans les écoles, et des actions de sabotage ont ciblé les partenariats sportifs internationaux. L’arrestation, la détention arbitraire et la torture de citoyens rwandais à Kinshasa, dont au moins deux décès confirmés, ainsi que la fermeture de l’espace aérien congolais aux vols civils en provenance du Rwanda, constituent des violations flagrantes des normes diplomatiques et humanitaires.
Violations transfrontalières et escalade militaire
Depuis 2019, plus de vingt attaques transfrontalières et violations de l’espace aérien rwandais ont été documentées, incluant le bombardement de Rubavu fin janvier 2025, faisant seize victimes civiles. Ces actes démontrent un pattern récurrent de militarisation et de provocation, en contradiction avec l’affirmation présidentielle selon laquelle la RDC serait le seul acteur capable de stopper l’escalade.
La responsabilité de la désescalade repose exclusivement sur le gouvernement congolais, qui doit neutraliser les FDLR, désarmer et démobiliser les milices locales et étrangères opérant dans l’Est du pays.
Mécanismes de paix et engagement régional
Les tentatives rwandaises pour résoudre pacifiquement les différends, notamment au travers de la neutralisation des FDLR et de l’application des accords bilatéraux, ont été systématiquement ignorées. La RDC a fait fi des recommandations et engagements pris dans le cadre des instances régionales telles que la CEEAC, la SADC et l’Union africaine, bloquant notamment la mise en œuvre de l’Accord de Washington et refusant d’approuver le Cadre régional d’intégration économique.
Ces actions illustrent un décalage profond entre les déclarations publiques et les obligations formelles de la RDC envers ses partenaires régionaux.
Discours sur la reconnaissance et l’implication étrangère
Le Président Tshisekedi a également remercié les troupes de la SADC, notamment sud-africaines, tanzaniennes et malawites, pour leur engagement militaire. Il convient de souligner que l’intervention de ces forces a été consécutive à des plans d’attaque du gouvernement congolais, incluant des projets hostiles contre le Rwanda. Les troupes engagées ont subi des pertes et ont été relâchées après la chute de Goma, bénéficiant d’un passage sûr à travers le Rwanda, tout comme 300 mercenaires européens engagés par la RDC.
Les appels solennels à la paix et à la coopération régionale prononcés par le Président Tshisekedi doivent être évalués à la lumière des faits et des comportements effectifs de son gouvernement. La mise en œuvre sincère des accords existants et l’engagement concret dans le processus de Doha sont les conditions sine qua non pour instaurer une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Les déclarations publiques, si elles ne sont pas suivies d’actions concrètes et vérifiables, risquent de rester de simples paroles creuses, incapables de transformer la dynamique conflictuelle actuelle et de garantir la stabilité régionale.

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