Urgent

La responsabilité solitaire du Président Tshisekedi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 10 octobre 2025 à 10:54

Ce qui se joue aujourd’hui dans la région des Grands Lacs n’est ni une divergence de vues passagère ni une querelle de voisinage susceptible d’être réglée à coups de déclarations creuses et d’effets de manche.

Ce qui s’y trame est une escalade lourde de conséquences, nourrie par une rhétorique martiale et des alliances douteuses du pouvoir de Tshisekedi qui déstabilisent l’équilibre déjà fragile d’une région longtemps meurtrie par les convulsions de l’histoire. Et qu’on le veuille ou non, cette spirale du péril pourrait, à tout instant, se transformer en une conflagration d’ampleur régionale.

Dans cette équation, une vérité s’impose avec une clarté implacable : le seul homme à même de mettre un terme à cette dangereuse dérive est le Président Félix Tshisekedi et lui seul.

Son attitude, ses décisions et ses alliances constituent aujourd’hui les leviers déterminants d’une paix suspendue à un fil. Il lui appartient donc, s’il en a la lucidité et le courage, de renoncer à l’escalade et de réintroduire un minimum de raison dans une situation qu’il a, par ses choix, contribué à envenimer.

Il peut le faire, d’abord, en cessant de faire de la menace armée un instrument ordinaire de diplomatie. Les déclarations intempestives visant le Rwanda, qu’il s’agisse de menacer d’envahir son territoire, de « bombarder Kigali » ou d’invectiver personnellement le Président Kagame ne relèvent pas de la politique d’État responsable ; elles relèvent d’une témérité dangereuse et d’une légèreté indigne d’un chef d’État.

Une paix authentique commence par la sobriété verbale, surtout lorsque la parole présidentielle peut embraser une région.

Il peut également le faire en rompant résolument avec les forces génocidaires des FDLR, ces héritières d’une idéologie macabre qui continue de répandre son poison dans l’Est congolais. Les accueillir dans les rangs de l’armée nationale, les instrumentaliser dans une logique de guerre par procuration, c’est bafouer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de paix de Washington et perpétuer une menace qui dépasse les frontières congolaises. Un dirigeant responsable devrait les désarmer, les neutraliser et rompre toute complicité de fait ou de droit.

De même, la démobilisation de la milice criminelle dite Wazalendo, créée, armée et financée par le pouvoir en place, est une condition sine qua non d’un apaisement durable. Cette formation paramilitaire, devenue un vecteur de haine et de persécution ciblée contre les Congolais tutsi, constitue une tache indélébile sur le tissu républicain. Le laisser prospérer, c’est institutionnaliser la haine ethnique et fragiliser davantage l’unité nationale.

La responsabilité présidentielle implique aussi de respecter les normes internationales et les engagements régionaux : recourir à des troupes étrangères ou à des mercenaires, qu’ils soient burundais, roumains ou colombiens, constitue une violation flagrante de la résolution adoptée par l’Organisation de l’unité africaine en 1977 et de la Convention des Nations unies de 1989 sur le mercenariat.

L’usage de ces supplétifs étrangers en dit long sur la faiblesse structurelle de l’appareil sécuritaire congolais et sur une fuite en avant aux conséquences imprévisibles.

S’y ajoutent les bombardements quotidiens des avions de chasse et drones d’attaque congolais sur les zones civiles à l’Est du pays y compris des villages banyamulenge, en violation manifeste de l’Accord de Washington et de la Déclaration de principes de Doha.

Ces frappes aveugles ne relèvent pas d’une légitime défense mais d’une stratégie de terreur contre des populations déjà vulnérables. Elles révèlent une faillite morale et politique, en même temps qu’elles enveniment un conflit qui pourrait, autrement, connaître des issues négociées.

Enfin, le Président Tshisekedi peut et doit renoncer à instrumentaliser les grandes tribunes internationales pour en faire des scènes de théâtre politique. Utiliser un sommet économique de haute importance comme le Global Gateway Forum pour déverser invectives, contre-vérités et accusations fallacieuses contre un autre chef d’État est une démarche indigne d’une diplomatie responsable.

Cette stratégie du bouc émissaire, cette mise en scène d’une victimisation artificielle, ne trompent plus grand monde ; elles n’ont d’autre effet que d’éroder la crédibilité de l’État congolais sur la scène internationale.

L’histoire retiendra moins les discours que les actes. Et aujourd’hui, un seul acte courageux, lucide et visionnaire pourrait éviter le basculement : que le Président Tshisekedi renonce à la voie de la confrontation et rouvre celle, exigeante mais salutaire, de la responsabilité politique et diplomatique.

La paix ne résultera pas de rodomontades belliqueuses mais d’un choix clair : celui de l’État de droit contre la milice, celui de la raison contre l’aventure, celui de la paix contre le chaos.

Le seul homme à même de mettre un terme à une dangereuse dérive en RDC est le Président Félix Tshisekedi et lui seul

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