Ce que la RDC ne révèle pas à propos de l’accord de paix avec le Rwanda

Redigé par IGIHE
Le 28 juin 2025 à 09:23

L’accord de paix signé entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) comporte de nombreuses dispositions. Cependant, un examen attentif révèle que certaines d’entre elles ne sont pas nouvelles pour ceux qui ont suivi les différents échanges entre les deux parties au fil des ans.

Le nouvel accord ne diffère pas beaucoup de plusieurs accords antérieurs que la RDC avait refusé de signer lors de diverses négociations. Toutefois, il introduit de nouveaux éléments, tels que la coopération économique sur des projets comme la centrale hydroélectrique Ruzizi III, l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, et d’autres initiatives convenues ces dernières années mais restées en suspens.

Lorsque Massad Boulos, conseiller du président américain Donald Trump pour les affaires africaines, a lu les clauses de l’accord, il a insisté sur les principes du plan d’action conjoint visant à éliminer la milice FDLR et à lever les mesures de défense le long de la frontière.

Ces principes avaient été convenus pour la première fois le 31 octobre 2024 par les services de renseignement du Rwanda et de la RDC. Une analyse montre que ces principes constituent le cœur de l’accord signé aux États-Unis.

À l’époque du premier accord, la RDC avait refusé de signer, mais cette fois-ci, elle l’a fait. La question qui se pose désormais est de savoir s’il sera effectivement appliqué.

Au centre de cet accord figure la reconnaissance des responsabilités que le Rwanda et la RDC doivent assumer pour instaurer la paix de part et d’autre.

La RDC s’est vue confier la mission de démanteler la milice FDLR, liée au génocide de 1994 contre les Tutsi, de faciliter le rapatriement de ses membres au Rwanda et de garantir la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Elle doit également promouvoir le retour volontaire et digne des réfugiés et des personnes déplacées internes.

Pour sa part, le Rwanda doit lever les mesures défensives le long de la frontière et réintégrer les anciens combattants des FDLR, un processus que le pays poursuit depuis plus de 25 ans.

Avant la signature, le ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a insisté sur l’importance de mettre en œuvre en priorité ces principes.

« La première étape consiste à commencer la mise en œuvre du concept d’opérations pour la neutralisation des FDLR, accompagnée de la levée des mesures défensives du Rwanda », a déclaré le ministre Nduhungirehe.

La RDC s’engage malgré ses réticences

Parmi les autres dispositions signées figure l’engagement de la RDC à soutenir les négociations en cours entre la RDC et le groupe M23/AFC, sous médiation de l’État du Qatar. Le Rwanda et la RDC sont attendus à appuyer ces pourparlers jusqu’à l’obtention de résultats concrets.

Pendant longtemps, l’administration du président Tshisekedi a maintenu qu’elle ne s’engagerait jamais dans des discussions avec le M23. Cependant, les négociations ont finalement pris de l’ampleur au Qatar.

La RDC a également été invitée à soutenir le rapatriement pacifique, volontaire et digne des réfugiés vers leurs pays d’origine. Cette clause a longtemps été rejetée par le gouvernement congolais, qui a souvent affirmé que les Congolais ayant fui vers le Rwanda ne sont pas de véritables ressortissants congolais.

Le Rwanda accueille actuellement plus de 80 000 réfugiés congolais. Au fil des ans, des accords de rapatriement ont été signés entre le Rwanda, la RDC et le HCR, mais le gouvernement de Kinshasa n’a pas su les respecter.

Le premier de ces accords a été signé en 2010, à Goma et Kigali. Il stipulait que le retour des réfugiés devait être volontaire, avec l’engagement des deux pays à créer les conditions favorables à leur retour et à leur réintégration.

L’accord stipule également qu’aucune personne ne doit être renvoyée de force vers un lieu où sa sécurité et sa vie pourraient être en danger.

Le fait que la RDC ait désormais signé une clause qu’elle avait longtemps rejetée revêt une importance particulière, d’autant plus que cela concerne aussi le groupe M23, qui lutte depuis des années pour défendre les droits des Congolais de langue kinyarwanda, dont beaucoup ont été déplacés et accusés d’être rwandais.

Lorsque Donald Trump a reçu les ministres des Affaires étrangères des deux pays, il a exhorté à une mise en œuvre complète de l’Accord de Washington, mettant en garde contre les conséquences graves d’un éventuel manquement.

« Dans les mois et années à venir, mon administration continuera de travailler étroitement avec toutes les parties à cet accord pour s’assurer que les engagements soient pleinement respectés. Et vous allez faire ce qui est prévu dans l’accord. Nous dirons : ‘Vous feriez mieux de respecter cet accord,’ n’est-ce pas ? Car si quelqu’un ne le fait pas, de mauvaises choses arrivent », a-t-il déclaré.

« Mais j’ai le sentiment qu’après 30 ans, vous êtes prêts. Je pense que vous avez tous les deux dit : ‘Ça suffit,’ n’est-ce pas ? Ça suffit. Vous en avez vu assez. Alors, c’est une journée merveilleuse », a-t-il ajouté.

L’accord de paix entre le Rwanda et la RDC comprend de nombreuses dispositions, dont plusieurs ne sont pas nouvelles pour ceux qui suivent les échanges entre les deux pays depuis des années

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